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Violences obstétricales : le témoignage édifiant d’une femme qui a subi une IMG

Publié le par Hélène Bour

Au micro d’Europe 1 , une jeune femme a raconté son interruption médicale de grossesse désastreuse, traumatisante. Un témoignage qui rappelle la réalité des violences obstétricales.

Alors que sa grossesse se déroule bien, Sherifa, une jeune Parisienne enceinte de sept mois, apprend que son bébé est atteint d’une anomalie génétique grave, et que par conséquent, elle doit subir une interruption médicale de grossesse (IMG). Un choc pour la future maman, qui attend son premier enfant et qui ne connaît rien de cet acronyme et de ce qui l’attend.

Après sept mois de grossesse, en octobre 2017, je suis allée faire une échographie à Paris alors que tout se passait extrêmement bien. Là, une sage-femme m'a annoncé de but en blanc que mon enfant allait très mal. J'ai vu une cardiopédiatre dans la journée, qui m'a annoncé que mon enfant allait mourir”, a raconté Sherifa au micro d’Olivier Delacroix, sur Europe 1.

Il s'agissait de mon premier enfant- , on appelle ça être une primipare, j'étais complètement novice en la matière -, et je suis arrivée évidemment en état de choc à la maternité pour pratiquer ce qu’on appelle un fœticide, le nom précis de l'opération”, poursuit Sherifa. “On m'a fait signer un papier qui était titré "IMG" et je ne savais pas ce que cet acronyme voulait dire. On m'a expliqué qu'on allait mettre fin à sa vie dans mon ventre. Je suis arrivée à la maternité la veille au soir, on m'a mis des bâtonnets dans le col de l'utérus pour préparer le corps à accoucher. Parce que moi, évidemment, à sept mois je ne suis pas prête à accoucher. Cette première étape a été extrêmement douloureuse car c'est un externe qui m'a fait ça, un étudiant en quatrième année de médecine, donc évidemment ça s'est très mal passé.

Absence d’explications, prise en charge à la va-vite, le début du témoignage de cette primipare fait déjà froid dans le dos. Et la suite n’est pas mieux, puisque Sherifa a demandé une anesthésie péridurale ou des anxiolytiques avant la piqûre, qui lui ont été refusés. “Le lendemain matin, j’ai été amenée dans une salle stérile, on m’a allongée sur une table et j’ai compris qu'on allait piquer mon ventre, comme ça, pour tuer mon enfant. J’ai commencé à paniquer totalement et je leur ai demandé en pleurant s’il n’était pas prévu des anxiolytiques ou une péridurale pour m'aider. L’anesthésiste m’a répondu textuellement : ‘Non ma bonne dame, vous avez un enfant dans le ventre”, raconte la jeune femme. Plus tard dans l’interview, Sherifa racontera qu’on lui a refusé tout type d’anesthésie afin qu’elle se rende bien compte de ce qui était en train de se passer.

Traitée comme on traite une appendicite, sans prise en charge psychologique

Ce qui m’a le plus blessée et choquée, c’est l’absence de prise en compte de l’immense souffrance de la mère à ce moment-là. J’ai vraiment été traitée comme on traite une appendicite. Alors que mon enfant allait mourir et que j’étais actrice de la mort de mon enfant, ce qui n’est pas négligeable du tout, et que j’allais accoucher 15 heures après, de mon enfant qui était mort”, indique la jeune femme. “Il y a eu une absence totale de prise en compte de la douleur morale, et dans mon cas, de la douleur physique”, regrette-t-elle.

Quarante-huit heures après, Sherifa est ressortie de la maternité, le ventre vide, sans enfant, et sans même le bonnet de son bébé, que l’hôpital n’a pas voulu qu’elle emporte…

Source : Europe 1