Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

Une carte de France des violences obstétricales

Publié le par Estelle Cintas

Le collectif "Tou.te.s Contre les Violences Obstétricales et Gynécologiques" (@tcvog) dévoile ce jour une carte de France des violences obstétricales pendant le confinement dû à l’épidémie de coronavirus, réalisée à partir des témoignages reçus.

Péridurales défaillantes, interdictions de boire, non-respect du projet de naissance, impossibilité de choisir la position lors de l’expulsion, expressions abdominales* … Les témoignages des violences obstétricales vécues par les jeunes mères pendant la crise du coronavirus se succèdent et se ressemblent, sur la carte de France dévoilée ce jour par le collectif "Tou.te.s Contre les Violences Obstétricales et Gynécologiques". Aucun établissement, public ou privé, ni aucune région de France n’est épargnée. « Cela montre que les violences obstétricales sont généralisées », analyse Sonia Bisch porte-parole du collectif, « sans qu’il y ait de lien avec les régions où le coronavirus sévissait le plus ». Ainsi, dans un centre hospitalier du Loiret, une maman, placée en section Covid pour avoir eu de la fièvre un seul soir, raconte : «  On ne prenait plus mes plateaux dans ma chambre, les ordures s'entassaient, je l'ai très mal vécu. Ma préparation à la naissance a été annulée. Pendant le travail j'étais seule, le papa a été là seulement en salle de naissance et j'ai eu une césarienne. Je n'ai pas revu le papa après ma césarienne, je ne l'ai vu que 6 jours après, à ma sortie. » A Metz, une autre explique : « Mon accouchement que j'avais prévu très sereinement au départ car c'était mon premier bébé m'a clairement été volé et gâché par le confinement : j'ai dû rester seule 50 heures avant d'accoucher à l'hôpital sans le soutien de mon conjoint, de mes proches ... ça a été terrible pour moi et j'ai dû gérer complètement seule la douleur. Je n'ai reçu aucun soutien psychologique ou accompagnement de l'équipe sur place. » La plupart évoquent le stress d’attraper le virus, doublé de celui d’accoucher sans leur conjoint.

 Un risque élevé de dépression post-partum

Certaines mères se réjouissent au contraire du confinement obligatoire pour n’avoir eu aucune visite à l’hôpital, car elles ont pu « se reposer et faire connaissance avec leur bébé ». D’autres saluent des « super équipes médicales, à l’écoute, bienveillantes et dévouées ». Mais la majorité des témoignages pointent de graves dysfonctionnements. « Selon les réponses du questionnaire, 75 % des femmes ont coché une à plusieurs cases montrant un risque de dépression du post-partum. C’est énorme. », détaille Sonia Bisch. « L’accouchement et le post-partum sont des périodes de la vie où on ressent une grande vulnérabilité. Cette carte est là pour informer les parents et les professionnels de santé de la réalité des pratiques dans certains établissements. » Le collectif espère pérenniser son questionnaire, pour faire évoluer les pratiques des professionnels vers plus de bientraitance au sein des maternités.

 *(pratique dangereuse où on appuie fortement sur le ventre pendant l’expulsion, interdite depuis 2007)