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#MonPostPartum : une co-créatrice du mouvement publie un essai pour mettre fin aux tabous

Publié le par Hélène Bour

Début 2020, le hashtag #MonPostPartum était créé pour briser le tabou autour de cette période si particulière après l’accouchement, loin des diktats et des clichés. Un an après, une des co-créatrices du mouvement publie un essai pour aller plus loin.

Début 2020, la 92e Cérémonie des Césars aux États-Unis a fait grand bruit, mais pas du fait des récompenses accordées. La chaîne ABC qui diffusait la cérémonie a été la cible de critiques, car elle a censuré une publicité qu’elle devait initialement diffuser durant le programme. Jugée “trop explicite”, cette publicité portait sur le post-partum et vantait discrètement les vertus de produits d’hygiène et de soins intimes de la marque Frida Mom, dédiée aux jeunes mamans. La séquence mettait en scène une jeune maman, qui vient d’accoucher, et qui doit faire avec ses douleurs, son ventre encore arrondi, sa cicatrice d’épisiotomie, et un bébé qui pleure au beau milieu de la nuit. Bien qu’elle n’ait rien montré de choquant, la publicité a été censurée par la chaîne de télévision américaine, au grand dam des féministes, qui y voyaient une avancée majeure.

En France, la militante féministe Illana Weizman décide alors, avec deux autres féministes, de s’emparer du sujet et de lancer un hashtag sur les réseaux sociaux (notamment Instagram et Twitter) : #MonPostPartum. De nombreuses femmes publient alors leurs témoignages, leurs photos sans filtre, loin des clichés de la jeune maman radieuse, ventre plat, épanouie avec son bébé dans les bras.

Car si la naissance d’un bébé est généralement synonyme d’un grand bonheur, elle s’accompagne aussi de réalités physiques et psychologiques moins réjouissantes, méconnues et pourtant réelles : le port de culottes filet pour maintenir en place de grandes protections intimes, les difficultés et douleurs liées à d’éventuels points de suture d’une épisiotomie ou d’une césarienne, la fatigue, le baby-blues dû à la chute hormonale, voire la dépression du post-partum… Autant de choses que nombre de femmes n’ont pris connaissance qu’au moment même du post-partum, ou au mieux lors des séances de préparation à l’accouchement.

Pour “défaire les mythes et les tabous” autour de cette période méconnue et idéalisée, et aider les femmes à “s’émanciper”, la militante féministe Illana Weizman a ainsi décidé d’aller plus loin dans la réflexion sur le sujet. Elle publie ce 20 janvier 2021 un essai intitulé “Ceci est notre post-partum” (Editions Marabout).

Dans cet ouvrage très bien construit, la féministe dresse une définition de cette période plus ou moins étendue, retrace l’histoire sociétale autour du post-partum et de l’accouchement en général, et déplore une domination masculine et une compétition maternelle qui nuisent encore de nos jours au bien-être des jeunes mamans…

L’essai comprend également des pistes de réflexion et de propositions concrètes pour que le post-partum soit mieux vécu et mieux connu des jeunes mères, et que celles-ci soient mieux accompagnées pour le vivre le mieux possible. Car si l’on parle d’adolescence pour désigner ce passage complexe entre enfance et vie d’adulte, on peut parler aussi, dans un certain sens, de “matrescence”, pour désigner ce passage de femme à mère, tant le corps et l’esprit doivent s’adapter à la nouvelle donne qu’est l’arrivée d’un bébé.

Sans changements structurels, les défaillances de l’accompagnement post-partum se prolongeront”, écrit la militante féministe, qui plaide pour “une véritable refonte du système avec des politiques de santé publique plus proches des mères, plus englobantes, plus poussées, ainsi que des réformes économiques ambitieuses”. Elle milite notamment pour la mise en place d’un congé paternité, ou “coparental” obligatoire et équivalent à celui de la mère, afin de “partager le poids de la charge parentale dès les premiers jours de l’enfant et d’établir ainsi des habitudes de parentalité égalitaires qui s’inscriront sur le long terme”. Illana Weizman déplore aussi que le dispositif d’accompagnement du retour à domicile, le Prado, soit largement méconnu des jeunes mamans et parfois insuffisant en termes de durée, au vu de la “temporalité étendue du post-partum”.

Un manifeste émancipateur, pour déconstruire toutes les croyances liées au post-partum et rendre visible et légitime ce vécu commun à des millions de femmes.

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