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Le cannabis présent dans le lait maternel jusqu'à six jours après sa consommation

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude consistant à mesurer la présence de marijuana dans plusieurs échantillons de lait maternel a montré que la plupart d'entre eux se révélaient positifs, peu importe si la mère en consommait de manière régulière ou très rarement.

Comme le tabac et l'alcool, la consommation de cannabis est proscrite pendant la grossesse en raison des nombreux risques pour l'enfant. Des chercheurs de l'university of California ont également voulu savoir quel serait le degré de l'exposition de l'enfant une fois né, par le biais du lait maternel. La question se pose notamment aux Etats-Unis depuis la légalisation de la marijuana dans plusieurs états à des fins médicinales ou récréatives. Bien que des organisations nationales telles que l'American Academy of Pediatrics recommandent aux mères qui allaitent de ne pas en consommer, il existe un manque de données sur les problèmes de santé ou neurologiques chez les nourrissons dans ce cadre précis.

Les chercheurs ont voulu savoir quelle quantité de marijuana peut pénétrer dans le lait maternel et pendant combien de temps celle-ci peut être détectée. Ils ont collecté et examiné cinquante-quatre échantillons de lait maternel provenant de 50 femmes ayant consommé de la marijuana quotidiennement, de manière hebdomadaire ou sporadique. Les chercheurs ont ensuite analysé la présence du THC, principal composant psychoactif de la marijuana, dans 63 % des échantillons, et ce jusqu'à six jours après la dernière consommation déclarée de chaque mère. Selon les chercheurs, il s'agit de données solides qui appuient les recommandations contre une consommation pendant l'allaitement.

Mieux se renseigner sur les possibles effets à court et long termes

« Les pédiatres sont souvent confrontés à une situation difficile lorsqu'une mère qui allaite pose des questions sur la sécurité de la consommation de marijuana. Et si les femmes se sentent obligées de choisir, nous courons le risque qu'elles décident d'arrêter d'allaiter, ce que nous savons être extrêmement bénéfique pour maman et bébé », explique le Pr Christina Chambers, chercheur principal de l'étude. Les cannabinoïdes, composés actifs de la marijuana, tels que le THC, se lient aux molécules de graisse, qui sont abondantes dans le lait maternel. Mais les chercheurs ont trouvé lors de leurs analyses que la quantité de THC que le nourrisson pouvait potentiellement ingérer était relativement faible.

Il n'empêche que « nous n'en savons pas assez sur cette drogue pour savoir si le nourrisson est en danger à n'importe quelle dose ou s’il y a un niveau de dosage sûr », ajoutent-ils. Ces derniers insistent sur l'importance de mener de telles études car ils estiment que « les ingrédients des produits de marijuana disponibles aujourd'hui sont beaucoup plus puissants que les produits d'il y a 20 ou 30 ans. » Les prochains travaux devront donc permettre de déterminer l'impact à long terme de la marijuana dans le lait maternel chez les enfants, mais aussi répondre à d'autres questions : les effets peuvent-ils être différents selon l'âge du nourrisson ? Si la drogue est fumée ou ingérée par la mère ?

« Ce sont des questions critiques où nous avons besoin de réponses alors que nous continuons à promouvoir le lait maternel en tant que produit nutritionnel de choix pour les nourrissons », concluent les chercheurs. Sur le sujet, l'association Leache Ligue France précise que le THC passe bel et bien dans le lait et que l'impact sur l'enfant reste controversé. Elle indique par ailleurs qu’« à court terme, il semble se limiter à une sédation et à une succion faible. » L’impact à long terme est quant à lui difficile à évaluer. « Son usage par une mère allaitante semble être corrélé à un moins bon développement neurologique de l'enfant à l’âge d’un an, mais cela reste à confirmer », précise-t-elle.

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