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La dépression post-partum peut persister trois ans après l'accouchement

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude menée par des chercheurs américains révèle que les effets de la dépression post-partum pourraient être plus durables que ce que la communauté scientifique n'estimait : jusqu'à plusieurs années après l'accouchement. En conséquence, ces derniers appellent à prolonger ce type de suivi pour une meilleure prise en charge.

 

Il est fréquent qu'après la naissance de son enfant, la maman présente des émotions vives marquées par de la tristesse et des pleurs incontrôlés : c'est le baby-blues, qui se résout dans les 10 à 15 jours suivant la naissance. Mais certaines femmes présentent des troubles de l'humeur persistants, et une dépression post-partum s'installe. Une prise en charge rapide s’impose, car celle-ci peut altérer la relation précoce entre la mère et son enfant. Si elle peut survenir tout au long de la première année suivant l’accouchement, une étude menée par l'Institut national Eunice Kennedy Shriver de la Santé infantile et du Développement humain fait savoir que sa durée peut être beaucoup plus longue dans certains cas.

L'étude publiée dans la revue « Pediatrics » a révélé qu'environ une femme sur quatre présentait des niveaux élevés de symptômes dépressifs à un moment donné, dans les trois ans après leur accouchement. Les chercheurs rappellent que l'American Academy of Pediatrics recommande aux pédiatres de dépister les mères pour la dépression post-partum lors de visites de contrôle à un, deux, quatre et six mois après l'accouchement. Mais ces derniers recommandent de prolonger ce type d'examen jusqu'à deux ans après l'accouchement, étant donné leurs résultats. Et insistent sur le fait qu'il existe des facteurs pouvant augmenter le risque pour une femme de présenter des symptômes sévères.

Au moins deux ans de suivi après l’accouchement ?

« Notre étude indique que six mois de suivi après l’accouchement ne sont peut-être pas assez longs pour évaluer les symptômes dépressifs. », explique le Pr Diane Putnick, auteure principale de l’étude. « Ces données à long terme sont essentielles pour améliorer notre compréhension de la santé mentale de la mère, qui, nous le savons, est essentielle au bien-être et au développement de son enfant. » Pour en venir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données de l'étude Upstate KIDS, qui comprenait des bébés nés entre 2008 et 2010 de 57 comtés de l'État de New York, et dont l'objectif était de suivre 5 000 femmes pendant trois ans après la naissance de leurs enfants.

Les chercheurs ont évalué les symptômes dépressifs de ces femmes au moyen d'un questionnaire de dépistage en cinq points, mais précisent qu'ils n'ont réalisé aucun diagnostic clinique auprès d'elles. Ils ont constaté que 25% des participantes ont fait état de ces symptômes dans les trois ans qui ont suivi leur accouchement. Surtout, les femmes présentant des conditions sous-jacentes, telles que des troubles de l'humeur déjà existants et/ou un diabète gestationnel (aussi appelé diabète de grossesse) étaient plus susceptibles d'être dans cette situation. L'étude précise également que d'autres femmes incluses dans ce panel ont aussi connu cet état tout au long de cette période, mais à des niveaux plus faibles.

« Les participants à l'étude étaient principalement des femmes blanches non hispaniques. Les travaux futurs devraient inclure une population plus diversifiée et plus large, afin de fournir des données plus inclusives sur la dépression du post-partum. », conclut le Pr Diane Putnick.

A noter que selon le CNGOF*, le repérage des facteurs de risque de dépression post-partum pourrait se dérouler dès l’entretien prénatal précoce, à 4 mois de grossesse, à condition que « toutes les maternités de France prévoient cet espace d’écoute, de discussion, pour repérer les fragilités. » L’examen post-partum (6 semaines après l’accouchement) constitue une autre opportunité de repérage, l'occasion de vérifier comment se passe le vécu psychique de la mère.

*Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français.

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