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Gestion de la douleur de l’accouchement : la France “peut mieux faire”, d’après une enquête

Publié le par Hélène Bour

Une enquête menée auprès de plus de 2 000 femmes ayant accouché en France fait le point sur la prise en charge de la douleur pendant l’accouchement. Elle détaille les efforts à faire pour s’améliorer à ce sujet.

Suite à des témoignages recueillis par le collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane) en 2016, une équipe médicale des Hospices Civils de Lyon a mené une enquête au sujet de la prise en charge de la douleur de l’accouchement dans les maternités.

En tout, 2 011 patientes ont participé à cette étude, réparties dans 60 maternités sélectionnées sur l’ensemble de la France métropolitaine et sur les territoires d’Outre-Mer. Parmi les 2 011 participantes, 1 601 ont accouché par voie basse (soit 80% des femmes de l’enquête), et 20% ont accouché par césarienne, soit 399 femmes. Pour 11 patientes, l’information était manquante.

L’enquête révèle ainsi qu’après une péridurale (anesthésie reçue par 80% des femmes de l’étude), 20% auraient souhaité une pose plus précoce, 2% auraient souhaité une pose plus tardive. Par ailleurs, 22% des femmes ayant eu cette anesthésie ont estimé que celle-ci était peu efficace en fin de travail, et 4% qu’elle était peu inefficace tout au long du travail.

En tout, 19,5% des patientes sondées déclarent avoir eu recours à une technique de médecine douce pendant l’accouchement : 27% parmi les femmes n’ayant pas reçu d’anesthésie locorégionale (ou ARL, péridurale ou autre) et 18% parmi celles ayant bénéficié de l’ALR. Parmi les techniques de médecine douce les plus utilisées on retrouve le bain (29%), l’acupuncture (23,7%) suivis de l’homéopathie et des massages, lesquels concernent environ 18% des femmes.

Du côté de l'accouchement par césarienne, d’urgence ou non, 18% des femmes concernées cotent leur douleur entre 7 et 10 (= douleurs très fortes) contre 50% pour les femmes ayant accouché par voie basse.

Douleur de l’accouchement : trois points à améliorer

Le premier résultat, c’est que les demandes d’analgésie par péridurale proviennent bien à plus de 95% des cas, des femmes, et que cette technique ne leur est pas imposée par les soignants”, a souligné le coordinateur de l’enquête, le Pr Dominique Chassard, Chef de service anesthésie réanimation groupement Est à l’Hôpital Mère -Enfant des Hospices Civils de Lyon. “Les résultats sur la douleur sont encore insuffisants malgré le développement de nouvelles techniques. Au bout du compte la satisfaction, qui est curieusement indépendante du résultat sur la douleur, est encore perfectible. Ceci montre que la technicité de la prise en charge de la douleur ne fera pas tout et que nous devons accompagner les futures mamans au moment des naissances et combiner la technique de péridurale avec des médecines douces pour améliorer leur satisfaction”, a-t-il ajouté.

L'enquête suggère par ailleurs que l’IMC (indice de masse corporelle) aurait un impact sur la douleur ressentie, puisque chez les femmes cotant leur douleur entre 7 et 10, 6,7 % ont un IMC < 30 (IMC “normal”), 6 % ont un IMC entre 30 et 40 (obésité modérée à sévère), et 14,6 % ont un IMC > 40 (obésité massive).

Malgré une prise en charge perfectible de la douleur, les femmes interrogées sont globalement satisfaites de leur accouchement :

● 88% des femmes ayant accouché par voie basse cotent leur satisfaction entre 7 et 10.

● 89% des femmes ayant accouché par césarienne cotent leur satisfaction entre 7 et 10.

Dans leur conclusion, les auteurs de l’enquête estiment qu’il est “nécessaire d’être plus vigilant” sur les douleurs en fin d’accouchement, la douleur pour IMC élevés, et les échecs partiels des anesthésies.