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Vitré : le placement provisoire de deux enfants crée la polémique

Publié le par Marion Bellal

Depuis le 11 juin, l'histoire de Noémie, maman de Vitré (Ille-et-Vilaine) ayant récemment accouché de sa deuxième fille, fait le buzz sur les réseaux sociaux. Elle dénonce "l'enlèvement" de ses enfants, après la décision de placement provisoire prise par les pouvoirs publics. Les autorités démentent cette version, arguant agir pour protéger les enfants. La polémique est lancée.

Noémie, son conjoint, et leur fille Nausicaa, âgée de 2 ans, ont accueilli Lou à la maison, lors d'un accouchement à domicile non-assisté. Ce type d'accouchement ne représente que 0,1% du total en France. La maman assure que tout s'est bien passé : « C’était fabuleux, rapide, sans douleur, enfin voilà, le rêve que nous attendions depuis neuf mois ».

Mais, lorsque le père se rend au bureau d'état civil de Vitré afin de déclarer la naissance de sa fille, il signale que « la dame a paniqué en voyant que nous n’avions eu aucune assistance médicale chez nous »La mairie, elle, affirme qu'il n'y a eu aucun jugement de valeur quant au choix d'accouchement, mais qu'il est nécessaire de présenter une attestation issue d’un.e sage-femme ou d’un.e médecin, notamment afin de prouver que le nourrisson était né vivant et viable, et qu'il n'était pas issu d'un vol d'enfant, ni d'une gestation pour autrui

La protection maternelle et infantile (PMI) alertée

Les parents expliquent s'être alors rendus tous ensemble, avec leurs deux enfants, à la mairie afin de déclarer la naissance de Lou, puis avoir fait examiner le nouveau-né par un pédiatre, qui n'aurait rien détecté d'inquiétant. Ce dernier leur aurait signalé qu'un médecin des services de la protection maternelle et infantile (PMI) viendrait chez eux afin d'ausculter également leur bébé. Or, ce sont trois voitures de gendarmerie qui se sont présentés chez le couple vitréen. Ils ont pris avec eux les deux enfants afin de les placer en pouponnière.

Sur les réseaux sociaux, la maman dénonce un « enlèvement » lié à « un choix d’accouchement tout à fait légal mais non accepté cependant par les institutions ». Leur témoignage crée très vite la polémique. Leur page Instagram comptabilise près de 80 000 abonnés en quelques jours et leur cagnotte en ligne, visant à payer les frais d'avocats, a atteint la somme de 14 500 euros. Les parents n'ont pas pu voir leurs enfants depuis leur placement et attendent une audience chez le juge des enfants. 

Accouchement à domicile non-assisté : la source du problème ?

Marie-Hélène Lahaye, juriste et autrice de “Accouchement : les femmes méritent mieux”, certifie que ce qui s'est passé n'est pas légal : « Les femmes ont la liberté d'accoucher où elles veulent. On est face à une réponse répressive et disproportionnée des pouvoirs publics envers les femmes qui choisissent d'accouchement à domicile sans assistance, et qui sont de ce fait jugées dangereuses pour elle-mêmes et pour leurs enfants. Or, il y a un profond décalage entre ce que les femmes françaises attendent de leur accouchement (moins de médicalisation, l'opportunité de se réapproprier son corps et ce moment) et ce que les services de maternité proposent. La concentration vers les grosses maternités a fait fermer le maillage territorial de petites maternités, a créé des déserts médicaux, et s'est accompagné d'une pression budgétaire sur les gros hôpitaux. Tout ceci induit des violences envers les soignants, mais aussi des violences obstétricales. »

La juriste rappelle l'épreuve très similaire traversée par une maman, Marina, en juin 2021, et insiste sur l'existence, selon elle, de violences et de répressions envers les femmes qui choisissent de ne pas accoucher à l'hôpital.

Une version différente des autorités

Dans un communiqué, le conseil départemental d'Ille-et-Vilaine réfute cette version des faits et indique avoir « identifié des éléments de risques de danger sur la santé et le suivi médical des deux enfants ». Le procureur, Philippe Astruc, garantit également que le placement « n'a rien à voir avec le fait que l’accouchement a eu lieu à domicile », mais que c'est la santé des deux enfants, dont l'état de « dénutrition apparent » de l'aînée, qui en est à l'origine.

Une audience chez le juge des enfants devrait avoir lieu prochainement.