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Césarienne : les femmes qui subissent une anesthésie générale sont plus susceptibles de souffrir de dépression

Publié le par Alexandra Bresson

Une récente étude indique que la dépression post-partum serait deux fois plus fréquente chez les femmes ayant donné naissance par césarienne et sous anesthésie générale. Ces dernières sont également plus susceptibles d'éprouver des pensées suicidaires ou de s'automutiler.

Il existe plusieurs sortes d'anesthésies pour effectuer une césarienne. Comme l'explique la Haute Autorité de Santé (HAS), l’intervention est réalisée le plus souvent sous anesthésie loco-régionale (seul le bas du corps est anesthésié), mais une anesthésie générale est parfois nécessaire, selon le cas et les décisions du chirurgien et de l'anesthésiste, et sera alors mise en place. S'il est connu que les suites d'une césarienne et la durée d'hospitalisation sont un peu plus longues que celles d'un accouchement par voie naturelle, des chercheurs de l'Université Colombia ont voulu savoir si les femmes concernées étaient plus exposées à des troubles psychiques dans les suites de l'opération.

Leurs travaux publiés dans la revue “Anesthesia and Analgesia” affirment que le fait d'avoir une anesthésie générale lors d'une césarienne est lié à un risque accru de dépression post-partum grave nécessitant une hospitalisation. Cette étude est présentée comme la première à examiner l'effet du mode d'anesthésie pour la césarienne sur le risque de dépression post-partum, et l'effet protecteur sur la santé mentale d'avoir une anesthésie régionale par rapport à une anesthésie générale. A ne pas confondre avec le baby-blues, la dépression du post-partum se caractérise par de l'angoisse, une humeur dépressive et/ou une absence d'intérêt de façon marquée, et une difficulté à créer des liens avec le bébé.

Quels facteurs en cause ?

« L'anesthésie générale pour l'accouchement par césarienne peut augmenter le risque de dépression post-partum, car elle retarde le début de l'interaction peau à peau et l'allaitement de la mère à l'enfant, et entraîne souvent une douleur post-partum plus aiguë et persistante. », explique le Pr Jean Guglielminotti, premier auteur de l'étude. « Des situations souvent associées au mécontentement d'une nouvelle mère à l'égard de l'anesthésie en général, et pouvant entraîner des résultats négatifs pour la santé mentale. » Pour en venir à ces résultats, les chercheurs ont analysé les dossiers de sorties d'hôpital des cas d'accouchements par césarienne effectués dans les hôpitaux de l'État de New York entre 2006 et 2013.

Sur les 428 204 cas d'accouchement par césarienne inclus dans l'analyse, 34 356 des femmes avaient vécu une anesthésie générale. Une dépression post-partum sévère nécessitant une hospitalisation a été enregistrée chez 1 158 d'entre elles, environ 164 jours après leur sortie. En comparaison de l'anesthésie régionale lors de l'accouchement par césarienne, l'anesthésie générale était associée à une augmentation de 54% des risques de dépression post-partum. Les femmes concernées étaient également plus enclines à présenter des pensées suicidaires ou des blessures auto-infligées. Une prise en charge rapide s’impose alors, car la vie du nourrisson et celle de la mère sont menacées.

Si la réalisation d'une anesthésie générale lors d'une césarienne se fait le plus souvent au dernier moment pour la sécurité du bébé, les chercheurs estiment que ce type de procédure n'améliore pas forcément les résultats dans ce domaine et qu'il existe, qui plus est, de plus en plus de preuves en ce qui concerne les conséquences néfastes pour les mères. « Nos résultats soulignent la nécessité d'éviter d'utiliser l'anesthésie générale pour la césarienne dans la mesure du possible, et qu'il est important de fournir des services de dépistage et de conseils et de mettre en place un suivi en santé mentale envers les patientes obstétricales exposées à l'anesthésie générale. », concluent les chercheurs.

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