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Accouchement prolongé : bientôt une alternative aux forceps ?

Publié le par Alexandra Bresson

Le CHU de Besançon s'apprête à tester un nouvel instrument d’accouchement vaginal assisté, simple et de faible coût, pour répondre aux complications rencontrées lors d'un travail d’accouchement prolongé : l'Odon Device. Ce dispositif approuvé par l’OMS fait l'objet d'études depuis plusieurs années, et il s'agit cette fois de savoir s'il est plus sûr et plus facile à appliquer que les forceps et les ventouses.

Chaque année, dans le monde, près de dix millions de femmes souffrent d’une complication grave liée à leur grossesse. En France, les obstétriciens doivent recourir à une assistance instrumentale pour 10 à 15% des femmes qui accouchent par voie basse. En effet, plusieurs indications (mauvaise position du bébé, épuisement de la mère...) peuvent conduire les médecins à avoir recours à des forceps ou à des ventouses pour aider les femmes à expulser leur bébé. Si cette pratique, connue comme un accouchement vaginal assisté ou accouchement vaginal opératoire, échoue, une césarienne est alors pratiquée. La plupart des mères et des bébés se rétablissent très bien, mais des risques existent.

En effet, l’utilisation de ces instruments peut causer des bleus sur le visage et le cuir chevelu du bébé ou un saignement dans ses yeux (hémorragie rétinienne) et provoquer chez la mère des déchirures du vagin et du rectum. Inventé par le mécanicien argentin Jorge Odón, le dispositif Odón Device pourrait bien révolutionner l'extraction instrumentale lors d'un accouchement par voie basse assisté. Détenu par la société Becton Dickinson, ce dernier se veut en effet plus simple d’utilisation que les instruments habituels, et pourrait même constituer une alternative à la césarienne en cas de travail prolongé ou compliqué, en particulier dans les pays où l’accès aux soins obstétricaux est limité.

Bientôt un marquage « CE »

Par ailleurs, l’Organisation Mondiale de la Santé soutient son développement à travers son programme de recherche « Human reproduction programme ». L'utilisation de l'Odon Device s'apprête à être étudiée au sein du CHU de Besançon, vient d'annoncer ce dernier, dans le cadre de l’étude ASSIST à laquelle seul un autre centre participe, le Southmead Hospital (Angleterre). Il s’agit d’un dispositif stérile à usage unique qui comprend un sac avec anneau gonflable placé sur la tête du bébé à l'aide d'un applicateur. Le sac est équipé de deux poignées qui, lorsqu’elles sont saisies par l’obstétricien, permettent de faire progresser la tête du bébé dans le bassin pour faciliter l’accouchement.

« C’est Jorge Odón, ingénieur mécanicien argentin de 59 ans, qui invente le premier prototype d’Odon Device après avoir vu une vidéo expliquant comment retirer un bouchon d’une bouteille, à l'aide d'un simple sac en plastique. Il le présente à un obstétricien qui comprend immédiatement l’intérêt de ce dispositif repéré en 2008 par l’Organisation mondiale de la santé», précise le CHU dans un communiqué. Depuis, le dispositif a fait l’objet de plusieurs améliorations techniques, de tests en simulation et en situation réelle. Plusieurs projets de recherche ont été conduits dans différents pays, permettant de confirmer la faisabilité et la sécurité de son usage durant l'accouchement.

Une « utilisation privilégiée par les équipes obstétricales » ?

Mais d’autres travaux doivent encore être menés pour parvenir à l’obtention de son marquage CE et à une utilisation standardisée. La première étape de l'étude consiste à proposer aux femmes qui viennent accoucher au CHU de participer au projet de recherche (104 au total). « En cas d’acceptation, si l’accouchement nécessite une assistance instrumentale, l'Odon Device pourra être utilisé » précise le CHU. Outre confirmer la sécurité et l'efficacité du procédé, cette étude consiste à déterminer les circonstances dans lesquelles il doit être utilisé prioritairement, le niveau de satisfaction des femmes à l’égard de ce dispositif et celui des obstétriciens et des sages-femmes.

Pour ce faire, quatre obstétriciens et deux sages-femmes ont déjà été formés à l’utilisation de ce dispositif. Les résultats obtenus au sein des deux centres de recherches permettront de mener une autre étude visant à comparer son efficacité à celle de la ventouse obstétricale. « L'Odon Device limite considérablement les risques de lésions pour l'enfant comme pour la maman et a pour avantage de ne pas laisser de marques sur la tête du bébé. », indique le CHU. A efficacité équivalente, il pourrait donc être utilisé de manière privilégiée par les équipes obstétricales et même offrir, pour les mères les plus vulnérables du monde, une option peu coûteuse et simple d’utilisation pour l’accouchement assisté.

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