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Accouchement : dans les pays pauvres, une femme sur trois est victime de mauvais traitements

Publié le par Alexandra Bresson

Des experts de l'OMS ont interrogé plus de 2 000 femmes après leur accouchement au Ghana, en Guinée, au Myanmar et au Nigeria, et leurs réponses indiquent qu'une grande partie a subi des maltraitances comme des violences physiques et verbales et des interventions médicales effectuées sans leur consentement. L'organisme appelle à améliorer l’organisation des centres de soins.

Les violences obstétricales et gynécologiques sont un ensemble d’actes, de paroles et d’attitudes qui va porter atteinte à l’intégrité mentale et physique d’une femme de façon plus ou moins sévère. Selon l'Institut de Recherche et d'Actions pour la Santé des Femmes, elles touchent aux dimensions physiques, verbale et légale. « Cela va se produire pendant les visites gynécologiques ou le suivi en obstétrique pour la grossesse, l’accouchement et le post-partum, ainsi qu’à l’occasion de certains examens médicaux n’ayant rien à voir avec la sphère génitale. », explique-t-elle. Des gestes qui vont se répercuter sur leur santé physique et/ou mentale mais aussi sur leur vie familiale, sociale et professionnelle.

Alors que les témoignages se font toujours plus nombreux en France, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que les femmes vivant dans des pays à faible revenu demeurent les plus exposées. En effet, sa récente étude parue dans la revue scientifique ‘The Lancet’ montre que dans quatre pays à faible revenu, plus d’un tiers des femmes ont été victimes de mauvais traitements lors de leur accouchement dans des établissements de santé. Celle-ci, menée au Ghana, en Guinée, au Myanmar (Birmanie) et au Nigeria, révèle en effet que 838 femmes sur les 2 016 rencontrées (soit 42 %) ont subi des violences physiques ou verbales, ou ont été victimes de stigmatisation ou de discrimination.

Des niveaux élevés de maltraitance verbale et physique

Plus précisément, 14% ont subi des violences physiques, le plus souvent des gifles, des coups ou des coups de poing. Les auteurs de l'étude ont également observé des taux élevés de césariennes, d’épisiotomies (opération qui consiste à inciser le périnée durant l'accouchement afin d'agrandir le vagin) et d’examens vaginaux pratiqués sans consentement. Ainsi, parmi les 2 016 femmes qui ont fait l’objet d’observations, ils ont noté que 35 accouchements par césarienne avaient été effectués sans consentement, de même que 190 épisiotomies sur 253 et 2 611 examens vaginaux sur 4 393 (soit 59 %). En plus de la violence physique, 752 femmes sur 2 016 ont subi des niveaux élevés de violence verbale.

« Les femmes les plus jeunes et les moins instruites sont les plus exposées à ce risque. », précise l'OMS dans un communiqué, ajoutant que ces mauvais traitements concernent aussi l’abandon ou la négligence par le personnel de santé. Pour lutter contre ce phénomène, celle-ci fait savoir que les systèmes de santé doivent être tenus de rendre des comptes. « Des ressources suffisantes doivent être mises en place pour fournir des soins de santé maternelle de qualité et accessibles, ainsi que des politiques claires sur les droits des femmes. Les prestataires de soins doivent également bénéficier d’un soutien et d’une formation, afin de veiller à ce que les femmes soient traitées avec compassion et dignité. », indique-t-elle.

Parmi les mesures proposées, le fait de réaménager les salles de travail pour qu’elles répondent aux besoins des femmes, notamment en leur permettant d’avoir leur intimité, ou encore de permettre aux femmes qui le désirent qu’un accompagnant de leur choix reste avec elles pendant l’accouchement. L'organisme souhaite également que soit amélioré le processus de consentement éclairé pour toutes les interventions médicales. « L’étude devrait servir à informer les politiques afin de garantir que toutes les femmes vivent une expérience positive de la grossesse et de l’accouchement, avec l’appui de prestataires de soins compétents dans des systèmes de santé performants. », conclut-il.

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