Quand l'actu influence les attributions de prénoms
Au lendemain de la tuerie au journal Charlie Hebdo, plusieurs messages de soutien et d’espoir ont déferlé sur la toile. Parmi elle, la photo du poignet d’un nouveau-né portant un bracelet de naissance : "JE SUIS CHARLIE".Si on ignore si les parents ont réellement prénommé leur enfant ainsi, on peut se demander dans quelle mesure un fait divers, une actualité mouvementée, le nom d’un enfant enlevé médiatisé peuvent influencer les futurs parents dans leur choix. En effet, les références attribuées à un prénom jouent beaucoup. Un sondage réalisé en 2013 par Stéphanie Rapoport, auteure de « L’Officiel des prénoms », révèle que la connotation sociale est très importante pour 22 % des parents et assez importante pour 36 % d’entre eux. Que se passe-t-il lorsqu’un événement marquant change complètement la nature d’un prénom ?Depuis quelques années, Charlie, prénom mixte, signifiant « force » en germanique, est en pleine croissance, chez les filles comme chez les garçons. D’ailleurs, en 2014, la forme masculine supplantait légèrement la version féminine. Comme l’explique Stéphanie Rapoport, « il est encore difficile de savoir si les récents évènements auront un impact sur l’essor de ce prénom, car la situation est complexe ». Selon elle, « les parents qui avaient déjà envisagé de donner ce prénom pourraient être renforcés dans leur décision, mais d'autres pourraient hésiter, et c'est peut-être dans quelques années qu’on le reverra fleurir, lorsqu'on aura plus de recul sur la situation et moins d'émotions ». Les données ne seront certifiées que dans deux ans, « lorsque l'Insee fera paraître le fichier des prénoms 2014 », précise la spécialiste. S’il est encore trop tôt pour connaître quels seront les effets de cet attentat, la spécialiste a déjà pu remarquer un bouleversement de la courbe de progression d’un prénom suite à un événement tragique. « Anders Breivik avait fait chuter la popularité du prénom Anders après le carnage de Norvège ». Rappelez-vous, en juillet 2011, ce terroriste a commis des attentats à Oslo et sur l’île d’Utoya causant la mort de plus de soixante-dix personnes. On comprend alors que les familles aient renoncé à appeler leur enfant comme un terroriste connu du monde entier.