Les varices pendant la grossesse

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le

Parmi les troubles courants (et pénibles !) de la grossesse, il y a les varices, ces veines bleues qui apparaissent sous la surface de la peau. Comment nous en débarrasser ?

Enceinte, en finir avec les varices

Lorsqu’on attend un bébé, nos jambes sont mises à rude épreuve. Elles gonflent, s’alourdissent, sont douloureuses, et parfois des veines anormalement dilatées apparaissent sous la peau : ce sont des varices. Elles sont l’expression d’une maladie chronique appelée insuffisance veineuse, qui se caractérise par un mauvais retour du sang vers le cœur. Les veines sont dotées de “valvules” pour empêcher le sang de redescendre vers les jambes. Si celles-ci sont défaillantes, la circulation sanguine ralentit et le sang stagne dans les membres inférieurs. Ce phénomène distend la paroi des veines et favorise l’apparition de varices. Toute personne peut développer des varices, mais le facteur génétique est cependant décisif.

Le risque est quatre fois plus élevé d’être atteint si l’un des parents directs, père ou mère, est lui-même concerné. Et six fois plus quand il s’agit des deux parents. Manque de chance, les femmes sont davantage touchées par cette pathologie, particulièrement pendant la grossesse, période très à risque pour les veines. « Dès les premiers mois, la paroi des veines peut se fragiliser sous l’effet de la progestérone, confirme le Dr Blanchemaison. Cette hormone dont le rôle principal est de distendre le muscle utérin va également dilater les vaisseaux. » En fin de grossesse, le phénomène s’accentue, mais cette fois-ci c’est le volume de l’utérus, ainsi que le poids du bébé, qui provoquent une compression des veines profondes et gênent ainsi le retour veineux. D’autres facteurs interviennent, comme la prise de poids ou le nombre de grossesses. Si on attend notre deuxième ou troisième enfant, on aura plus de risque d’avoir des varices. La grossesse s’accompagne également d’autres troubles de la circulation plus bénins, tels que les varicosités. Ces petits vaisseaux rouges ou bleus très superficiels, visibles sur le bas du corps, sont des marques disgracieuses, mais sans gravité. Elles révèlent une légère insuffisance veineuse et peuvent rester à ce stade ou évoluer vers des varices.

Comment atténuer les varices ?

Des varices peuvent apparaître sans prévenir, mais la plupart du temps notre corps nous envoie des signes d’alerte. Les premiers symptômes de l’insuffisance veineuse se manifestent par des douleurs localisées au niveau des membres inférieurs, une sensation de jambes lourdes et gonflées, qu'on connaît bien quand on attend un bébé. Il faut alors appliquer des mesures simples pour limiter ces désagréments. Pour commencer, on essaie de rester active. La sédentarité est un facteur aggravant de l’insuffisance veineuse. Ce n’est pas parce qu'on est enceinte que vous devez abandonner toute activité sportive, et si on n'a pas envie de pratiquer la natation ou le vélo, on opte pour la marche qui est excellente pour stimuler le retour veineux. Pour diminuer les douleurs, on (nous ou le partenaire) masse nos jambes de bas en haut, soit avec deux gants frais, soit avec une crème décongestionnante, et on termine sa douche par un jet d’eau fraîche le long de nos jambes, du bas vers le haut.

Enceinte, les drainages lymphatiques ne sont pas contre-indiqués, à condition qu’ils soient faits à la main. Au quotidien, on surélève nos jambes quand on est en position assise ou pendant la nuit, on ne pas se met pas au soleil car la chaleur accentue la dilatation des vaisseaux. L’objectif est toujours le même : on évite que le sang stagne au niveau des jambes, des chevilles et des pieds. Autre réflexe : on privilégie une alimentation équilibrée et on boit beaucoup d’eau. Les vitamines C, E, mais aussi les sels minéraux comme le zinc et le sélénium participent à la fabrication du collagène dont nos vaisseaux ont besoin pour être résistants.

Bas de contention et veinotoniques pendant la grossesse

Au-delà des mesures d’hygiène, il y a différents types de traitement contre les varices. L’utilisation de bas de contention est la méthode la plus efficace pour améliorer le retour veineux et limiter le risque de complications. En comprimant le muscle, « ils provoquent une contre-pression extérieure qui va soutenir les veines superficielles et ainsi empêcher leur dilatation, précise le Dr Bonnemaison. On peut les porter au quotidien, dès l’apparition des premiers symptômes, si on est souvent en position assise ou debout. Dans les situations à risque comme les longs voyages en avion ou en voiture, ils sont indispensables. » Les bas ou chaussettes de contention sont répartis en trois classes selon la pression qu’ils exercent sur la jambe. Dans tous les cas, on demande conseil à son médecin, il pourra nous prescrire un modèle adapté à notre morphologie et au degré de gravité de l’insuffisance veineuse. Si, malgré ce traitement, on ressent toujours de fortes douleurs dans les jambes, on peut se tourner vers les veinotoniques.
Ces médicaments redonnent de la tonicité à la paroi des veines et augmentent la vitesse du retour du sang vers le cœur. Ils sont autorisés pendant la grossesse mais, « par prudence, je conseille plutôt ceux qui sont à base d’extraits de plantes comme le Daflon, que les substances chimiques », précise le phlébologue. Les veinotoniques ne sont plus pris en charge par l’Assurance maladie, contrairement aux bas de contention.

Enceinte, si on a des varices, le plus raisonnable est de consulter un médecin phlébologue pour la réalisation d’un écho-Doppler. Il s’agit d’une échographie des membres inférieurs qui permet de visualiser l’état du réseau veineux profond. Le spécialiste examine le flux sanguin, l’état des veines et des varices. C’est une surveillance indispensable, car les varices peuvent parfois s’aggraver. Le risque de thrombose veineuse, plus connue sous le nom de phlébite, est multiplié par cinq chez les femmes enceintes. Cette complication survient lorsqu’un caillot de sang bouche une veine, provoquant une réaction inflammatoire : un cordon chaud, rouge et douloureux apparaît alors sur une partie d’une veine de la jambe ou de la cuisse.

« On ressent une douleur brutale, la jambe gonfle dans les heures qui suivent, elle peut même doubler de volume, à cela s’ajoute une petite fièvre, indique le Dr Bonnemaison. Pour diagnostiquer une phlébite, un signe ne trompe pas. « Si on a une douleur dans le mollet lorsqu'on remonte le bout du pied vers le haut ou bien quand on marche à l’attaque du pas. Dans ce cas, il faut consulter dans la journée un spécialiste qui pourra vous prescrire un anticoagulant adapté à la grossesse. » Le risque en effet, c’est que le caillot se détache de la paroi des veines, remonte dans les poumons et entraîne une embolie pulmonaire. C’est la deuxième cause de mortalité chez la femme enceinte en France.

Attendre la fin de la grossesse pour se faire traiter

Aucun traitement éliminant les varices n’est possible pendant la grossesse. Mais heureusement, la plupart du temps, ces grosses veines disparaissent naturellement après l’accouchement, il faut faire preuve de patience. En général, les médecins recommandent d’attendre six mois avant d’intervenir. Lorsque la varice est peu profonde, on peut opter pour la sclérose ou le laser, la première étant la méthode la moins invasive. Sous contrôle échographique, le médecin introduit un produit sclérosant dans la veine malade afin de réduire son diamètre. Le laser endoveineux, quant à lui, détruit la varice mais sans extraire la veine : c’est une technique très efficace et quasiment indolore.

Mais d’une manière générale,si les varices sont sans gravité, mieux vaut attendre la fin de ses grossesses avant de se lancer dans des traitements radicaux. Si, en revanche, les veines sont très malades, la chirurgie est vivement recommandée. Pratiquée sous anesthésie générale, l’opération appelée “stripping” consiste à retirer la veine atteinte. Après ces traitements, une surveillance régulière du système veineux est nécessaire afin d’éviter l’apparition de nouvelles varices.

 

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