Grossesse : que faire en cas d'infection vaginale ?

Publié par Estelle Cintas  |  Mis à jour le par Hélène BourAvec le Dr Antoine Bourret, responsable des urgences gynécologiques à la Maternité de Port-Royal (Paris).

Vous souffrez de démangeaisons ou de brûlures ? N’attendez pas pour traiter ! C’est sans doute une infection vaginale, qui ne doit pas être prise à la légère.

Infections vaginales et grossesse : dépister et soigner au plus vite

Le vagin d’une femme est loin d’être un milieu stérile. Au contraire, la flore vaginale – ou microbiote – est colonisée par un ensemble de micro-organismes, à commencer par celles responsables de sa protection : les bacilles de Döderlein. Ces bactéries-amies protègent le vagin contre l’intrusion de bactéries pathogènes. Les bacilles de Döderlein se nourrissent des sécrétions du vagin et les transforment en acide lactique. Ils permettent au vagin de garder un taux d’acidité entre 3,5 et 4,5 de pH. Or, il arrive que le pH du vagin soit déséquilibré, notamment durant la grossesse du fait des fluctuations hormonales.

Mycoses et autres infections vaginales : les causes

Les infections vaginales peuvent survenir si on fait une toilette intime trop poussée, en utilisant un savon agressif, ou en faisant une douche vaginale. Dans ce cas, les bacilles de Döderlein sont éliminés et les bactéries pathogènes en profitent pour s’installer. Mieux vaut utiliser des produits d'hygiène intime, réputés plus doux pour la zone intime, ou même se cantonner à un lavage à l'eau claire. Le vagin est dit "auto-nettoyant" : nul besoin d'en nettoyer l'intérieur, cela se produit naturellement.

Autre facteur qui peut tuer les bonnes bactéries : les antibiotiques. Si vous avez pris des antibiotiques par voie orale, ces derniers peuvent aussi tuer les bacilles de Döderlein et donc entraîner une infection quelques semaines plus tard.

Enfin, les maladies sexuellement transmissibles, comme le gonocoque (Neisseria gonorrhoae), les chlamydiae ou le mycoplasme, peuvent entraîner des infections vaginales.

Infections vaginales : symptômes et traitement

Les symptômes sont faciles à reconnaître. Vous allez ressentir une sensation de brûlure en urinant, à la miction, ou alors vous verrez vos pertes vaginales changer de couleur. Elles peuvent être marron, jaunes ou encore noires comme des règles, et devenir malodorantes.

La faute au champignon Candida albicans ?

Si vos pertes sont laiteuses, semblables à du lait caillé et que vous souffrez de brûlures, l’infection est sans doute due à un champignon microscopique, parasite du corps humain, le Candida albicans. Habituellement, le Candida est présent dans l’organisme, mais suite à un traitement antibiotique, il peut se mettre à se multiplier et à se développer anormalement dans le vagin. Ce champignon sécrète des substances agressives et irritantes pour les muqueuses, d’où l’inflammation. Le champignon se répand partout, dans les plis et les zones humides, muqueuses en premier lieu. On parle alors de candidose ou de mycose.

Comment traiter l'infection vaginale ?

Le traitement peut être acheté directement en pharmacie et s’effectue de deux manières : on peut apaiser la brûlure sur la vulve avec une crème et insérer dans le vagin un ovule qui va agir localement. Certains ovules peuvent contenir des Lactobacillus rhamnosus. Ils vont “réensemencer” le vagin avec une flore de protection. D’autres permettent de favoriser la “recolonisation” du vagin en restaurant son acidité, en administrant entre autres de l’acide lactique. En revanche, si l’infection vaginale provient d’une IST, il faudra aller, avec votre partenaire chez le médecin. Ce dernier fera un prélèvement avec un petit écouvillon et l’enverra au laboratoire pour connaître le germe pathogène responsable de l’infection. En fonction des résultats, il vous donnera, à vous et à votre partenaire, un traitement antibiotique ciblé pour détruire le germe en cause. Durant tout ce temps, abstenez-vous d’avoir des relations sexuelles, ou protégez-vous avec des préservatifs, pour ne pas vous recontaminer mutuellement avant d’être soignés.

Enceinte, que faire et quels risques en cas de mycose ?

Si vous êtes enceinte et que vous ressentez des symptômes d’infection, prévenez votre sage-femme ou votre médecin gynécologue. L’infection vaginale n’est dangereuse pour le fœtus que si la poche des eaux est fissurée ou rompue, ce qui peut entraîner une infection du placenta ou du liquide amniotique (chorioamniotite). Heureusement, ce cas est très rare, et la plupart du temps, votre bébé est bien protégé dans sa poche stérile. Le médecin vous donnera un traitement antimycosique et/ou antibiotique compatible avec la grossesse.

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