Cholestase gravidique : tout ce qu’il faut savoir

Publié par Hélène Bour  |  Mis à jour le par Joséphine Argence

Il est courant que les futures mamans ressentent de petites démangeaisons au niveau du ventre durant leur grossesse. Si c’est souvent sans gravité, c’est peut-être aussi le signe d’une cholestase gravidique, autrement dit, une affection du foie. Plutôt rare, elle peut avoir de lourdes conséquences pour le bébé. On fait le point.

 

La cholestase gravidique (ou cholestase intrahépatique) correspond à une perturbation de la fabrication de la bile durant une grossesse. Maladie rare, elle survient chez moins d’1 % des futures mamans. Généralement, cette affection hépatique prend place lors du troisième trimestre de grossesse.

Étymologiquement, le mot cholestase vient du grec khole signifiant bile et stasis désignant l’arrêt. La cholestase se définit donc par une interruption de l’écoulement de la bile dans le foie.

Rappel : la bile est un liquide produit par le foie qui aide à la digestion.

Quand on a une cholestase, les hépatocytes (les cellules du foie) cessent de fonctionner correctement. Le trajet des acides biliaires se retrouve perturbé : ils refluent dans le sang plutôt que de passer dans les voies biliaires et de rejoindre le système digestif.

Or, par le biais du cordon ombilical, le fœtus risque d’être affecté par ce taux anormalement élevé d’acides biliaires dans le sang de la future maman.

Grossesse : quelles sont les causes responsables de la cholestase gravidique ?

Toutes les origines de cette affection ne sont pas connues. Les principales hypothèses seraient un dysfonctionnement hormonal ou génétique.

On sait toutefois que la maladie est plus fréquente lors de grossesses multiples (autour de 20 % de risques lors d’une grossesse gémellaire par exemple). Cependant, elle peut aussi bien avoir lieu chez une femme enceinte pour la première fois.

Démangeaisons nocturnes, insomnies… Comment savoir qu’on est atteint par cette maladie ? Quels sont les symptômes de la cholestase gravidique ?

La cholestase gravidique se manifeste par un phénomène d’intenses démangeaisons, aussi appelé prurit, qui peut rapidement se généraliser à tout le corps. C’est l’élévation des acides biliaires dans le sang qui entraîne ces démangeaisons. Le prurit généralisé est présent dans 90 à 95 % des cas, sans être forcément associé à un autre symptôme.

Les démangeaisons nocturnes sont très fréquentes et peuvent entraîner des insomnies. Dans les cas les plus sévères, un ictère (ou jaunisse) peut survenir.

Diagnostic : quels sont les examens sanguins à réaliser ? Faut-il effectuer un bilan médical ou une prise de sang ? Quel taux limite ?

N’importe quelles démangeaisons persistantes durant une grossesse nécessitent un avis médical. Pour poser le diagnostic de cholestase gravidique, une prise de sang s’impose. Il s’agira de doser les transaminases (enzymes chargées du transfert des molécules amines) dans le sang, ainsi que les acides biliaires. Outre le fait de confirmer ou non une cholestase, cet examen permettra d’évaluer son degré de gravité et l’incidence qu’elle pourrait avoir sur le fœtus.

Si le bilan hépatique indique un taux d’acides biliaires sériques supérieurs à 10 µmoles/L, alors il y a cholestase. Si ce taux dépasse les 14 µmoles/L, la maladie nécessite une prise en charge.

Quels sont les risques d’une cholestase gravidique pour le bébé ? Peut-elle déclencher un accouchement prématuré ?

Hormis la fatigue et les démangeaisons qu’entraîne cette maladie, elle ne constitue pas une menace réelle pour la santé de la future maman. En revanche, des taux trop importants d’acides biliaires dans le sang présentent des risques pour le fœtus. Toxiques, ils augmentent le risque de prématurité et de mort fœtale in utero, sans qu’on ne sache encore vraiment dans quelle proportion et par quels mécanismes.

Comment traiter la cholestase gravidique ?

Le traitement médical de la cholestase gravidique repose sur la prescription d’acide ursodésoxycholique. Ce dernier permet de diminuer les démangeaisons, mais aussi de réduire les concentrations d’acides biliaires dans le sang du cordon et dans le liquide amniotique. Il limite ainsi les effets toxiques des acides biliaires sur le fœtus, et donc les risques de prématurité et de mort fœtale. L’acide ursodésoxycholique doit être administré lorsque la cholestase survient avant la 37e semaine d’aménorrhée, soit avant la 38e semaine de grossesse. Généralement, au-delà de 37 semaines d’aménorrhée, les médecins préfèrent déclencher l’accouchement, car c’est à partir de cette date que le risque de complications foetales est le plus important.

Lors du traitement, une hospitalisation est-elle nécessaire quand on est enceinte ?

Dans les cas les plus graves, et lorsque la prise d’acide ursodésoxycholique ne suffit pas au regard des analyses de sang, une hospitalisation avec des bilans hépatiques réguliers et une surveillance rapprochée du fœtus (monitoring, échographies) peuvent être nécessaires. Enfin, si l’état de santé de la maman s’améliore rapidement après l’accouchement, il nécessitera quand même un suivi pour vérifier que tout revient dans l’ordre au niveau hépatique.

La grossesse suivante devra également être surveillée de près, car le risque de récidive de cholestase gravidique est important et avoisine les 50 %.

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