Devenir mère après un cancer

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le le Dr Loïc Boulanger, chirurgien gynécologue à l’Hôpital Jeanne de Flandre du CHU de Lille.

Ces dernières années, les traitements contre le cancer ont fait des progrès considérables, toutefois, ils ont des effets secondaires fréquents sur la fertilité des femmes concernées. Il existe des moyens de passer outre ces effets secondaires... Le point.

Les effets des traitements sur la fertilité

Les traitements du cancer ont fait des progrès considérables ces dernières années et ainsi permis d’améliorer le pronostic de beaucoup d’entre eux. Cependant, ils ont des effets secondaires fréquents sur la fertilité des femmes concernées. La radiothérapie dans la région pelvienne provoque en effet une stérilité définitive si les ovaires sont dans le champ d’irradiation. La chimiothérapie, quant à elle, peut perturber le cycle menstruel selon le médicament qui est utilisé et l’âge de la femme, mais il est toujours possible de retrouver une fertilité normale dans plus de la moitié des cas. Après 40 ans en revanche, les choses se compliquent, une aménorrhée consécutive à une chimiothérapie augmente le risque de ménopause précoce.

Les moyens pour prévenir et préserver la possibilité d’une future grossesse

Plusieurs techniques permettent de préserver la fertilité après un cancer. La méthode la plus efficace est la fécondation in vitro après congélation d’embryons, mais elle seulement applicable aux femmes qui sont en couple est qui ont un désir d’enfant avec leur conjoint au moment où elles apprennent leur cancer. Autre technique plus fréquente : la congélation d’ovocytes. Elle est proposée aux femmes qui sont en âge d’avoir des enfants. Le principe est simple : après une stimulation ovarienne, on prélève puis on congèle les ovocytes d’une femme en vue d’une future fécondation in vitro. Concernant le cancer du sein, « la préservation n’est réalisée qu’une fois que la jeune femme a été opérée de son cancer car on se sait pas quels effets pourraient avoir les stimulations ovariennes sur la croissance de la tumeur, explique le Dr Loïc Boulanger, chirurgien gynécologue à l’Hôpital Jeanne de Flandre du CHU de Lille. Ensuite, si nécessaire, la patiente suit une chimiothérapie. » La dernière méthode, appelée Cryopréservation ovarienne, s’adresse aux jeunes filles qui ne sont pas encore pubères. Elle consiste à prélever un ovaire ou seulement une partie et le congeler dans la perspective d’une éventuelle greffe lorsque la femme souhaitera avoir des enfants.

Le risque d’infertilité, pas suffisamment pris en compte

« Toutes ces méthodes de préservation de la fertilité doivent être systématiquement discutées et proposées aux jeunes femmes prises en charges pour des cancers , insiste le Dr Boulanger. Au CHU de Lille, une consultation spécifique a été mise en place, elle s’intègre même dans le schéma thérapeutique du cancer ». Pourtant, c’est loin d’être le cas partout en France, comme le souligne cette récente enquête de l’Institut national du cancer (Inca)Seulement 2 % des femmes interrogées ont suivi un traitement pour préserver leurs ovules et le recours à ces méthodes avant l’initiation des traitements n’a été proposé qu’à un tiers des sondés.  Ces résultats s’expliquent en partie par le manque d’information des patients et des médecins.

Quand débuter une grossesse après un cancer ?

Les professionnels ont longtemps recommandé d’attendre 5 ans après la fin des traitements d’un cancer avant de débuter une nouvelle grossesse, mais désormais ce dogme est quelque peu dépassé. « Il n’y a pas de réponse univoque, cela dépend de l’âge de la femme, de l’agressivité de sa tumeur, Observe le Dr Boulanger. Ce qu’on essaie d’éviter, c’est que la femme récidive pendant une éventuelle grossesse. » Plusieurs études ont montré que la grossesse n’accroît pas le risque de récidive. Néanmoins, le risque de rechute existe et il est plus important que chez une femme n’ayant jamais eu de cancer.

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