Rupture de la poche des eaux : que faire si elle survient trop tôt ?

Publié par Isabelle Hallot  |  Mis à jour le par Marion Bellal

Une majorité de futures mamans perdent les eaux pendant le travail. Toutefois, pour 5 à 10 % des femmes, une rupture ou une fissure de la poche des eaux survient au cours de la grossesse. Que faire dans ce cas ? Nos conseils.

Lors de la majorité des grossesses, les membranes amniotiques (amnios et chorion), qui constituent la poche des eaux, se déchirent tout près de l’orifice interne du col. L’écoulement est alors franc et relativement abondant. Mais parfois, la rupture a lieu plus haut et la quantité de liquide qui s’échappe est moins importante. C’est ce qu’on appelle une fissuration de la poche des eaux. Dans certains cas très exceptionnels, la brèche peut se colmater, mais généralement une fois que la poche des eaux est ouverte, rien ne peut empêcher le liquide amniotique de couler.

 

Un écoulement, c’est toujours du liquide amniotique ?

Les futures mamans rencontrent parfois des difficultés à identifier une fuite de liquide, surtout quand elle débute par quelques gouttes. Le liquide amniotique peut être confondu avec une perte d’urine ou un écoulement vaginal, fréquents durant la grossesse. Pour vous aider à faire la différence, vous pouvez mettre une serviette hygiénique. À la différence de l’urine, le liquide amniotique est incolore ou légèrement blanchâtre (un peu comme de l’eau légèrement savonneuse). Son odeur est fade et l’écoulement est permanent. Aux changements de position ou à la toux, il a d’ailleurs tendance à augmenter.

Parfois, l’écoulement est franc, mais ne récidive plus. Il peut s’agir de la rupture d’une poche amniochoriale. Cet épanchement de liquide se constitue entre les deux membranes, mais comme l’ouverture ne concerne que la membrane la plus externe, le bébé reste protégé. 

Est-il possible de perdre les eaux sans contractions ?

Il est tout à fait possible de perdre les eaux et de ne pas avoir immédiatement de contractions. Si vous approchez du terme et que vous n'avez pas de contractions dans les 12 à 48 heures à la suite de la rupture de la poche, il est probable que votre accouchement soit déclenché.

Comment diagnostique-t-on la rupture de la poche des eaux ? Comment savoir si la poche est fissurée ?

À la maternité, la ou le sage-femme vous examinera. Si la perte de liquide n’est pas flagrante, elle posera un spéculum et pourra visualiser le liquide amniotique qui s’échappe de l’orifice externe du col de l’utérus. Quand il s’agit d’une rupture haute (fissuration) ou ancienne, l’écoulement peut être plus difficile à confirmer. Heureusement, des tests biologiques spécifiques existent.

A savoir : la couleur du liquide amniotique, mais aussi son aspect et son odeur, sont des informations importantes pour l'équipe médicale. En effet, une couleur teintée (verdâtre, marron…) peut révéler une souffrance fœtale.

Liquide amniotique basique : une question de couleur

Le plus simple moyen de terminer s'il s'agit bien de liquide amniotique (mais il en existe d’autres) peut être réalisé au cours de l’examen par la ou le sage-femme. De plus, son résultat est immédiat. Il se base sur le pH. En effet, celui du vagin est acide (entre 4,5 et 6), tandis que celui du liquide amniotique est basique (7 à 7,5). Une sorte de grand coton-tige est introduit dans le vagin. En présence de liquide amniotique, il change de couleur, passant du jaune au bleu.

L’échographie peut aussi apporter une aide au diagnostic. Elle montre en outre la quantité de liquide amniotique restant et permet de suivre son évolution.

À quel moment de la grossesse la poche des eaux peut-elle se rompre ? Qu'est-ce qui cause la perte des eaux ?

Heureusement, le plus souvent, la rupture a lieu à terme, pendant le travail, et permet la naissance d’un bébé en pleine forme. Dans 5 à 10 % des grossesses, la poche des eaux se rompt avant le début du travail : on parle alors de rupture prématurée de la poche des eaux (RPM). Dans un tiers des cas, elle apparaît chez une future maman qui n’est pas à terme (avant 37 SA) et peut avoir des conséquences néfastes sur le fœtus, principalement en rapport avec la prématurité. Les risques pour le futur bébé et la conduite à tenir varient alors en fonction de l’âge de la grossesse.

Prématurité : balance tes peurs !

Y a-t-il des facteurs qui favorisent la rupture de la poche des eaux ?

Parmi les principales causes d'une rupture, notamment prématurée, de la poche des eaux, l’infection bactérienne joue un rôle important. On la retrouve dans environ 40 % des ruptures. Les mamans qui ont des antécédents d’accouchement prématuré ou de rupture prématurée des membranes sont également davantage exposées. Il en est de même pour celles qui ont des soucis au niveau du col de l’utérus (béance, exposition au Distilbène®, cerclage...) ou si la position du placenta est anormale (placenta prævia).

La surdistension utérine est aussi incriminée, par exemple en cas de grossesses multiples, ou d’une trop grande quantité de liquide amniotique (hydramnios). Les carences en fer, zinc et vitamine C, qui fragilisent les membranes, peuvent elles aussi interférer. De même, le tabac ou la consommation de drogues peut occasionner une rupture précoce de la poche.

Les conséquences pour le bébé : est-ce que bébé peut vivre sans liquide amniotique ?

Les conséquences pour l’enfant à naître dépendent de la précocité de la rupture. Elles sont plus nombreuses et graves si la grossesse est jeune. La rupture de la poche serait d’ailleurs responsable de 30 à 40 % des accouchements prématurés. Selon de nombreuses études, 6 femmes enceintes sur 10 accouchent dans la semaine qui suit la rupture, lorsque celle-ci a lieu à 29 SA. Un bébé ne peut en effet vivre sans liquide amniotique.

Outre les problèmes (surtout pulmonaires et neurologiques) liés à une naissance précoce, les risques pour le fœtus sont également d’ordre infectieux. Le bébé étant désormais en contact avec le milieu extérieur, des microbes peuvent coloniser le liquide amniotique. On parle alors de chorio-amniotite. Une infection néonatale peut également se déclarer. Enfin, une fuite de liquide trop importante peut provoquer un oligoamnios. Cela survient lorsque la production de liquide ne suffit plus à combler les pertes. En début de grossesse, cette complication peut nuire au développement du bébé et entraîner de graves malformations.

Rupture de la poche des eaux : un risque pour la maman ?

Les dangers pour la future maman sont moins graves que chez le futur bébé. Il s’agit principalement d’infection au niveau de l’utérus. On les retrouve chez 10 à 20 % des patientes. En outre, quand la poche des eaux se rompt prématurément le taux de césarienne est plus élevé.

Que se passe-t-il une fois la poche des eaux rompue ?

Toute perte liquidienne durant la grossesse doit vous amener à consulter. Si la rupture de la poche des eaux est confirmée, vous serez hospitalisée. Heureusement, le repos strict au lit n’est plus préconisé et vous pourrez vous lever pour vous rendre aux toilettes ou faire quelques pas dans votre chambre. Une hospitalisation à domicile est parfois envisagée, au cas par cas, après les premiers bilans, mais elle dépend du terme de la grossesse et des conditions obstétricales.

Naissance prématurée : percer la poche avant terme

Entre 24 et 34 semaines de grossesse, la future maman bénéficiera d’injections de corticoïdes. Ceux-ci sont indispensables pour accroître la maturité pulmonaire du bébé et limiter les complications liées à la prématurité. Si besoin, pour permettre de terminer la cure de corticoïdes et d'empêcher l’accouchement, un traitement anti-contractions sera mis en place durant 48 heures. Enfin, pour traiter ou prévenir une infection, la maman recevra des antibiotiques. Devant tout signe suspect d’infection ou de souffrance fœtale, la naissance sera décidée dans un centre possédant une unité néonatale.

Entre 34 et 37 semainesseuls les antibiotiques seront prescrits. La conduite obstétricale est très complexe. Les obstétriciens et les pédiatres doivent mettre dans la balance deux risques importants : la prématurité et l’infection, et prendre la décision d’attendre en surveillant le moindre signe de souffrance fœtale et d’infection, ou de faire naître un bébé prématuré afin d'éviter des complications infectieuses.

Quand on perd les eaux, on accouche combien de temps après ?

À terme, il est préférable que la maman accouche sans trop attendre. Soit le travail débute spontanément (c’est le cas pour 8 femmes enceintes sur 10 en fin de grossesse), soit il est déclenché artificiellement, au bout de 12 à 24 heures de rupture.

En vidéo : « Il n'y a rien de pire que l'isolement en post-partum », Sans Filtre avec Ève Simonet

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