Les règles et autres pertes de sang pendant la grossesse

Publié par Catherine Piraud-Rouet  |  Mis à jour le par Barbara Benattasse

Une femme sur quatre connaît des saignements, plus ou moins importants, pendant sa grossesse, en particulier au cours du premier trimestre. S’ils sont souvent anodins, la vigilance s’impose, car ces hémorragies peuvent aussi cacher des complications graves de la grossesse… Explications.

 

Une femme sur quatre connaît des saignements, plus ou moins importants, pendant sa grossesse, en particulier au cours du premier trimestre. S’ils sont souvent anodins, la vigilance s’impose, car ces hémorragies peuvent aussi cacher des complications graves de la grossesse… Explications.

Du sang au début de la grossesse ou à un stade plus avancé, et l’angoisse de la fausse couche nous assaille aussitôt. Pas de panique. Les saignements sont possibles au cours de la grossesse, et même assez fréquents. Lors des premières semaines, ils touchent une future maman sur quatre.

Est-il dangereux de perdre du sang pendant la grossesse ? Quand s'inquiéter ?

Que signifient les petits saignements en début de grossesse ?

Des saignements en début de grossesse ne sont pas forcément les prémices d’une fausse couche. Une foule de causes peut être à l’origine de ces pertes de sang. Celles-ci vont des plus bénignes aux plus graves, nécessitant une prise en charge immédiate.

C’est pourquoi, face à tout saignement, nous ne pouvons que vous inciter à consulter, dans les plus brefs délais, votre sage-femme ou votre médecin gynécologue, qui en identifiera la cause.

Les saignements bénins de la grossesse

Ces mini-hémorragies, sans incidence sur la poursuite de votre grossesse, sont le plus fréquemment, de trois origines distinctes.

La nidation tout d’abord. L’implantation de l’embryon dans l’utérus, qui survient huit jours après la fécondation, peut causer des saignements précoces. Ils sont très légers et brefs.

Une fragilisation du col ensuite. Après un toucher vaginal ou un rapport sexuel, des saignements peu abondants peuvent survenir. Ils sont souvent dus à une lésion de la muqueuse externe du col de l’utérus, fragilisée par la grossesse. Ils ne persistent, en général, pas plus d’un jour ou deux.

Un décollement mineur du placenta peut aussi être à l’origine d’une petite hémorragie, due à un léger hématome qui s’est constitué entre l’œuf et la paroi utérine. La plupart du temps, celui-ci se résorbe sans problème, à condition d’observer un repos scrupuleux.

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Pertes blanches ou claires pendant la grossesse : pas de panique

À l’inverse des saignements durant la grossesse, qui doivent pousser à consulter rapidement, les pertes blanches sont, a priori, physiologiques pour la femme enceinte. Le col de l’utérus est fermé et la glaire cervicale joue son rôle de barrière physique pour protéger l’utérus des infections. Des pertes crémeuses, laiteuses, abondantes et épaisses sont normales chez la future maman.

Cependant, des pertes blanches malodorantes, grumeleuses et/ou accompagnées de démangeaisons vulvaires doivent pousser à consulter, car il peut s’agir d’une mycose vaginale.

Des pertes rosées (spotting) durant la grossesse : cela peut arriver après un rapport sexuel

Aucune inquiétude à avoir lorsqu'il s'agit de pertes rosées. En effet, elles sont le signe que l’embryon s’implante correctement.

Par ailleurs, certaines femmes enceintes continueront à avoir, chaque mois, des petits saignements rosés les jours où elles auraient dû avoir leurs règles : c’est ce qu’on appelle les « règles anniversaire ».

Le col de l’utérus étant plus vascularisé, il se peut qu'après un rapport sexuel ou un examen gynécologique des petites taches roses ou rougeâtres apparaissent. Elles ne présentent aucun signe de gravité.

Pertes marron pendant la grossesse : ce que ça peut indiquer

Des pertes marron indiquent du “vieux” sang, qui s’est oxydé dans l’utérus ou dans le vagin. Si de telles pertes de sang peuvent survenir durant une grossesse sans que cela ne soit problématique, mieux vaut consulter un gynécologue ou une sage-femme à ce sujet, d’autant plus si ces pertes marron sont accompagnées de douleurs pelviennes. Elles peuvent notamment être le signe d’une mauvaise implantation de l’œuf ou d’un décollement placentaire.

Perte de sang noir durant la grossesse

Il arrive, de manière très rare, que certaines femmes voient apparaître au second ou troisième trimestre de grossesse des pertes noires. Il faudra rapidement consulter son gynécologue, car cela révèle la présence d’un hématome rétro placentaire (HRP), qui est un amas de sang situé à l’arrière du placenta. C'est une urgence vitale, tant pour la mère que pour le bébé à naître.

Grosse perte de sang en début de grossesse : est-ce un risque de fausse couche ?

En cas de saignements abondants durant plusieurs heures consécutives, accompagnés de caillots et de douleurs de règles, consultez rapidement : vous êtes peut-être en train de faire une fausse couche. Une situation qui touche une grossesse débutante sur 5 ou 6, avec un risque deux fois supérieur à 40 ans qu’à 20. Dans neuf cas sur dix, ces fausses couches précoces sont dues à une anomalie chromosomique de l’embryon. Il peut aussi s’agir d’un œuf clair, avec un sac utérin vide.

Une perte de sang en fin de grossesse ?

La perte de sang en fin de grossesse est, quant à elle, le signe qu'il faudra consulter rapidement son gynécologue ou sa sage-femme. Elle pourrait être causée par :

  • l’ouverture du col de l'utérus avant l’accouchement ;
  • un polype dans le col utérin ;
  • une inflammation du vagin ;
  • un décollement placentaire
  • un placenta prævia, soit un placenta qui s’est développé dans le bas de l’utérus et peut boucher, en partie ou totalement, la sortie de l'utérus ;

Il pourra être nécessaire de réaliser un accouchement d'urgence. Si l’expulsion de l’embryon ou du fœtus, ne se fait pas seule, il faudra réaliser une intervention chirurgicale.

La grossesse extra-utérine (GEU), une cause de saignement pendant la grossesse

Des saignements peu abondants et brunâtres, assortis de vivesdouleurs et persistantes, à droite ou à gauche de l’abdomen ? Rendez-vous sans plus attendre chez un professionnel de santé. À l’aide d’une échographie vaginale, celui-ci pourra confirmer ou non une grossesse extra-utérine. Cette nidation contre-nature, en dehors de la cavité utérine – le plus souvent dans les trompes de Fallope, plus rarement dans l’ovaire ou dans le col de l’utérus – est moins rare qu’on ne le croit : environ 1,7 % des grossesses en France, soit 14 000 femmes chaque année, sont concernées.

C’est surtout une anomalie potentiellement très grave : une fois implanté dans la trompe, l’œuf continue de se développer, risquant de la fissurer, voire de la rompre. Rassurez-vous : il existe aujourd’hui plusieurs traitements médicaux pour stopper la GEU.

Perte de sang enceinte : le cas de la grossesse môlaire

Des saignements accompagnés de vomissements abondants, d’une augmentation excessive de la taille de l’utérus et d’un taux anormalement élevé de l’hormone bêta-HCG sont des indicateurs d’une possible grossesse môlaire. Assez rare (1 cas pour 2 000 grossesses, soit 400 cas par an), cette grossesse anormale est caractérisée par le développement sans limite du placenta – appelé alors môle hydatiforme – au détriment de l’embryon. Cette maladie nécessite une hospitalisation rapide, afin d’éliminer par aspiration la môle. Un suivi attentif d’un an est alors mis en place, sans pouvoir démarrer une nouvelle grossesse, afin d’écarter tout risque de récidive. En effet, dans 10 % des cas, la grossesse môlaire entraîne le développement de cellules cancérigènes et doit se traiter par chimiothérapie.

Le sang dans les urines durant la grossesse

Contrairement aux petites pertes rouges, souvent sans incidence, lorsqu'il s'agit de sang dans les urines, il sera nécessaire de consulter un médecin à n'importe quel stade de la grossesse. En effet, bien qu'il n'y ait pas d'incidence directe pour le futur bébé, ce peut être le signe d'une infection des reins chez la mère, aussi appelée pyélonéphrite.

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