Les grossesses à risque en augmentation

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le

Chaque année, environ 20 % des femmes sont confrontées à une complication au cours de leur grossesse. On parle alors de grossesses pathologiques ou à risque. Quels sont les risques et les facteurs qui contribuent à augmenter cette tendance ? Explications.

Qu'est-ce qu'une grossesse pathologique (ou grossesse à risque) ?

La France demeure championne de la natalité avec 728 000 naissances en 2017 et un taux de fécondité qui se maintient à presque deux enfants par femme… Le nombre de grossesses pathologiques (ou à risque) est lui aussi en hausse, avec des conséquences concrètes sur la santé de l’enfant. Chaque année, environ 20 % des femmes sont confrontées à une complication au cours de leur grossesse. Selon les derniers chiffres du rapport Euro-Peristat, le taux de prématurité est toujours en hausse en France. Ce dernier augmente depuis 1995 (de 4,5 % en 1995 à 6,0 % en 2016 chez les enfants uniques nés vivants).

On dit qu’une femme enceinte a une grossesse pathologiquelorsqu’un risque obstétrical, fœtal ou maternel est identifié au cours de sa grossesse, y compris dans la phase précédant l’accouchement, et que celui-ci nécessite une prise en charge spécifique. Autrement dit, une grossesse pathologique est une grossesse qui menace directement la santé de la mère et de l'enfant.

Quelles sont les complications d'une grossesse à risque ?

Les complications les plus fréquentes sont :

Pour le fœtus, les conséquences sont aussi potentiellement graves : retard de croissance in utéro, macrosomie, prématurité…

Les causes des grossesses pathologiques

Hormis les conduites à risque (tabac, alcool), plusieurs facteurs contribuent à augmenter la prévalence des grossesses  pathologiques.

  • L’âge de la première maternité est l’une des raisons.

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à retarder leur première grossesse. En 2017, elles ont en moyenne leur premier enfant à 30,7 ans, soit six ans plus tard qu’à la fin des années 60, et environ 3,5 % des femmes enceintes ont plus de 40 ans. L’âge moyen des mères à l’accouchement, quel que soit le rang de naissance de l’enfant, a atteint 30 ans en 2010 (contre 27,3 ans en 1967) et il ne cesse d’augmenter. En 2016, 21 % de femmes de 35 ans et plus sont enceintes contre 19 % en 2010. Plus le diplôme de la femme est élevé, plus le premier enfant arrive tard. Or avec l’âge, les risques pour la santé de la mère et de l’enfant augmentent de manière sensible. « Une femme de 42 ans a une chance sur 15 d’avoir un enfant porteur de trisomie, prévient Alexandra Benachi, chef du service gynécologie-obstétrique à hôpital Antoine Béclère à Clamart. Le risque d’anomalie augmente sensiblement avec l’âge,  tout comme la pré éclampsie, le diabète. 

  • La multiplication des grossesses après Assistance médicale à la procréation entraîne une augmentation des grossesses multiples qui comportent de fait plus de risques.
  • Enfin, l’obésité induit un sur risque pendant la grossesse.

Les femmes mal informées sur les grossesses à risque

Les femmes sont très peu informées des risques qui peuvent survenir pendant la grossesse. D’après la dernière enquête PremUp, si elles sont 97 % à avoir entendu parler de prématurité, seules 58 % connaissent le retard de croissance. Encore plus inquiétant : 61 % d’entre elles déclarent n’avoir pas reçu de conseils pour éviter une grossesse pathologique. De plus, près d’1 femme sur 2 pense que les grossesses pathologiques ont diminué depuis 10 ans alors que c’est en fait le contraire.

La Fondation PremUp fait également un constat alarmant : 1 femme sur 4 serait prête à renoncer à certains soins pour raisons financières. Ces dernières années, la crise  a conduit à un accroissement des inégalités  sociales. Pour la première fois depuis 1995, le pourcentage des femmes ayant déclaré leur grossesse après le premier trimestre a augmenté entre 2003 et 2010, passant de 4,9 % à 7,8 % en 2010 (enquête périnatale). Ce chiffre est resté stable depuis, puisque les chiffres de 2016 indiquent que 7,3 % des femmes étaient concernées (6,2 % ayant déclaré leur grossesse au deuxième trimestre et 1,1 % au troisième trimestre). Un des effets pervers de cette augmentation est le retard de surveillance prénatale pour certaines femmes notamment les plus isolées et en situation précaire. « On voit effectivement des femmes arriver à leur terme en n’ayant eu aucun suivi de grossesse, sans échographie, constate le Pr Alexandra Benachi. Le manque d’information sur l’importance du suivi médical peut avoir des conséquences désastreuses. »