Grossesse : le point sur la toxémie gravidique

Publié par Isabelle Hallot  |  Mis à jour le par Barbara Benattasse

Qu'est-ce que la toxémie gravidique ? Est ce que c'est dangereux pour mon bébé ? On fait le point ensemble.

La pré-eclampsie ou toxémie gravidique est une maladie touchant environ 3 à 4 % des grossesses. Dans 10% des cas, elle peut entraîner des complications graves mettant en jeu, à court terme, le pronostic vital de la mère et de son futur bébé.

Définition : la toxémie gravidique ou prééclampsie, qu'est-ce que c'est ?

On dit qu’une future maman est atteinte de toxémie gravidique - ou de pré-éclampsie -, lorsqu’elle souffre d’hypertension (sa tension artérielle est égale ou supérieure à 14/9) et que l’on retrouve de l’albumine (protéines) dans ses urines. Ces signes s’accompagnent presque toujours d’œdèmes du visage, des mains ou des chevilles, et surviennent à partir du 5e mois de grossesse. Même si ces signes ne sont pas encore visibles, la toxémie gravidique débute dès la formation du placenta.

La cause : une mauvaise vascularisation du placenta qui sécrète des substances nocives pour les vaisseaux sanguins. Ceci explique qu’au cours d’une toxémie gravidique, des complications peuvent apparaître au niveau de plusieurs organes (reins, poumons, foie, système nerveux) de la maman.

Chez le bébé, les échanges entre l’utérus et le placenta sont diminués et un retard de croissance peut survenir.

Quels sont les symptômes de la toxémie gravidique ?

Certains signes peuvent alerter la future maman et apparaître de façon progressive ou plus soudainement. Son visage, ses mains ou ses chevilles sont enflés, et elle prend beaucoup de poids en peu de temps (par exemple, plus d’un kilo en une semaine).

Des maux de tête peuvent apparaître, ainsi que des troubles visuels ou une sensibilité accrue à la lumière. Parfois des bourdonnements d’oreilles se font ressentir.

Bilan sanguin, bandelette urinaire... Comment réaliser le diagnostic de la toxémie gravidique ?

Au cabinet du médecin, la tension artérielle dépasse 14/9 et à l'examen des protéines dans les urines, l’albumine se signale par l’apparition d’une ou deux croix sur la bandelette. Devant ces signes, l’hospitalisation s’impose pour un bilan complet de la maman et du bébé.

Toxémie gravidique : quelles sont les femmes à risque ?

De nombreux facteurs sont évoqués pour expliquer l’apparition d’une toxémie gravidique. Certains sont liés à une maladie de la mère comme l’obésité, le diabète ou une hypertension connue avant la grossesse. D’autres peuvent être liés à la grossesse ou à l’âge. En effet, les toxémies sont plus nombreuses chez les mamans qui attendent des jumeaux et chez celles qui ont plus de 40 ans ou moins de 18 ans.

Cette maladie est également plus importante s’il s’agit d’une première grossesse. Les chercheurs se penchent sur le dépistage précoce, chez les femmes enceintes, de certaines substances responsables de l’hypertension.

Toxémie gravidique : quelles sont les conséquences sur la maman et le bébé ?

La toxémie gravidique perturbe les échanges entre la maman et le fœtus : l’apport en nutriments et en oxygène est diminué. Cette situation peut conduire à un retard de croissance (hypotrophie) et à une souffrance du bébé. Chez la maman, les risques sont d’abord liés à l’importance de l’hypertension. Si elle est modérée et prise en charge rapidement, les conséquences sont limitées.

Qu'est-ce que l'éclampsie et l'hématome rétroplacentaire ?

Si la pathologie n’est pas repérée suffisamment tôt ou réagit mal au traitement, elle peut se compliquer de deux manières différentes : l’éclampsie et l’hématome rétroplacentaire.

L’éclampsie est l’apparition de convulsions, avec parfois des troubles de la conscience chez la maman. L’hématome rétroplacentaire est une hémorragie entre le placenta et l’utérus. Le saignement provoque un décollement d’une partie du placenta de la paroi utérine. La toxémie gravidique peut aussi conduire à un dysfonctionnement des reins ou du foie.

Toxémie gravidique : un traitement et une prise en charge spécifique

L’hospitalisation et un repos complet sont indispensables lorsqu’une toxémie gravidique est détectée. La tension artérielle est surveillée, les urines analysées et un bilan sanguin complet demandé. Il n'y a pas vraiment de traitement de la toxémie si ce n'est la prise de médicaments anti-hypertenseurs pour éviter les complications. 

Au niveau fœtal, des échographies et des dopplers permettent d’évaluer le retentissement sur la croissance du bébé. Le bien-être fœtal est, lui, vérifié grâce aux monitorings. Si la toxémie est sévère ou précoce, la maman est transférée dans une maternité de niveau III. Le gynécologue pourra alors décider de déclencher l’accouchement ou de faire une césarienne. Les troubles de la toxémie disparaîtront dans les quelques jours ou quelques semaines suivant la naissance de l'enfant. 

Femme enceinte : comment éviter la toxémie gravidique ?

Un traitement à base d'aspirine à faible dose sera prescrit lorsqu'il y a un risque de rechute d'une pré-éclampsie. Celui-ci devra débuté avant 16 semaines d'aménorrhée et poursuivie jusqu'à 36 semaines d'aménorrhée pour être efficace. 

Le suivi de grossesse sera adapté en fonction des risques de la patiente.