Enceinte et en surpoids ou en obésité : comment réduire les risques pour la santé ?

Publié par Marion Bellal  |  Mis à jour le par Marion Bellal

Quand on souffre de surpoids, voire d'obésité, les difficultés pour tomber enceinte peuvent être importantes et la grossesse nécessite ensuite un suivi adapté, afin d'éviter des complications.

 

En plus d'influencer notre fertilité, un surpoids ou une obésité peut aussi complexifier le suivi de grossesse. Sans oublier les remarques grossophobes que l'on peut recevoir tout au long de son parcours. Est-il obligatoire de perdre du poids avant de tomber enceinte ? Quelles conséquences pour notre grossesse et notre bébé ? Quels risques pour notre santé et la sienne ? On fait le point.

Comment tomber enceinte quand on est en surpoids ou en obésité ?

"Faites un régime et revenez" est un refrain que les femmes en surpoids ou obésité avec un désir de maternité entendent encore bien trop souvent lorsqu'elles se rendent chez leur gynécologue. Au-delà de la grossophobie présente dans ce discours, n'oubliez pas que vous avez le droit de changer de praticien ou praticienne afin que votre prise en charge médicale soit bienveillante et adaptée.

Fort heureusement, il est tout à fait possible de tomber enceinte et de mettre au monde un bébé en parfaite santé, avec un IMC (Indice de masse corporelle = poids (kg) / taille (m)²) supérieur à 25 ! Néanmoins, il est important de connaître les risques potentiellement engendrés par cette situation.

Le syndrome des ovaires polykystiques étant un trouble hormonal, il est souvent lié à un surpoids, voire une obésité. Or, le SOPK est un des principaux facteurs d'infertilité chez la femme. Des études relèvent aussi une infertilité par absence d’ovulation trois fois plus fréquente en cas de surpoids.

S'il y a recours à la procréation médicalement assistée, là non plus, la partie n’est pas gagnée. En effet, l’importance du tour de taille joue sur l’efficacité des stimulations ovariennes ou des fécondations in vitro.

IMC : comment le calculer ? Quelle prise de poids pendant la grossesse en fonction de son IMC ?

Afin de calculer son IMC, il faut diviser son poids en kilogrammes par sa taille en mètres au carré.

On classe l'IMC selon les valeurs de référence suivantes :

  • IMC < 15 : dénutrition
  • 15 < IMC < 18,5 : insuffisance pondérale (maigreur)
  • 18,5 < IMC < 25 : corpulence normale
  • 25 < IMC < 30 : surpoids
  • 30 < IMC < 35 : obésité modérée
  • 35 < IMC < 40 : obésité sévère
  • IMC > 40 : obésité morbide ou massive

En fonction de notre IMC, il est recommandé que la prise de poids pendant la grossesse soit d'environ :

  • IMC < 20 : entre 12,5 et 18 kg
  • IMC compris entre 20 et 26 : entre 11,5 et 16 kg
  • IMC compris entre 26 et 29 : entre 7 et 11,5 kg
  • IMC > 29 : entre 5 et 9 kg

Afin de calculer votre IMC, vous pouvez indiquer ci-dessous votre poids en kg et votre taille en cm :

Surpoids ou obésité : comment faire pour que la grossesse et l'accouchement se passent au mieux ?

De nombreuses pathologies sont plus fréquentes au cours de la grossesse chez une femme en surpoids ou en obésité. Selon une enquête EPIFANE publiée en 2012, le diabète gestationnel est par exemple multiplié par 5 en moyenne. Le risque d'hypertension est, lui, multiplié par 8. La probabilité de recourir à une césarienne au moment de l'accouchement est multipliée par 1,8. La circulation sanguine étant ralentie par les graisses présentes dans l'organisme, le risque de thromboses ou de phlébites est aussi plus fréquentes. Enfin 20 % des prééclampsies sont liées à de l'obésité.

En outre, la fiabilité des examens (comme une échographie) est diminuée de 20 % en cas d'IMC supérieur à 30, à cause de la graisse au-niveau du tour de taille. De la même façon, les appareils médicaux et les dosages ne sont pas toujours adaptés aux patientes en surpoids pendant leur accouchement. Le monitoring peut ainsi rencontrer des difficultés à enregistrer les contractions et le taux d'échec des péridurales sont plus élevées en raison d'une dose d'anesthésiant insuffisante.

Pour bébé, les risques de fausse couche, malformations fœtales ou de macrosomie (bébé pesant plus de 4 kg à la naissance) sont accrus. Le risque d'accouchement prématuré est multiplié par 2 à 3. Un potentiel surdéveloppement anormal de la graisse chez le fœtus risque par ailleurs d'entraîner un surpoids ou une obésité chez l'enfant.

Après la grossesse, une jeune maman en surpoids ou en obésité a aussi plus de risques de souffrir de maladies cardio-vasculaires, de diabète ou de pathologies neuro-dégénératives.

Face à ces risques accrus, il est souvent recommandé aux futures mamans de perdre du poids. Exposer les pathologies liées à un surpoids ou une obésité chez la femme enceinte et le futur bébé n'a pas pour but de culpabiliser ces dernières : la société s'en charge déjà ! Simplement, il est important d'avoir conscience des risques pour mieux les appréhender et les réduire.

Femme en surpoids ou obèse : pourquoi maigrir ou faire un régime pour tomber enceinte ?

Si votre gynécologue ou sage-femme vous encourage à modifier votre alimentation, n'oubliez pas que l'objectif n’est pas de s’affamer pendant neuf mois mais d’adopter la meilleure alimentation possible pour limiter la prise de poids. Des carences, notamment en vitamines B9 ou D, seraient extrêmement préjudiciables pour bébé. La vitamine B9 est en effet impliquée dans la formation du système nerveux du fœtus et la vitamine D dans la minéralisation de son squelette. Une carence en fer peut, elle, engendrer un accouchement prématuré ou une hypotrophie. Une carence en iode aurait des répercussions sur le cerveau de bébé. Enfin, les acides gras, particulièrement les Oméga-3 participent au développement des cellules des yeux et du cerveau.

Un régime au sens strict du terme ne semble donc pas adapté dans ces conditions. N'oublions pas qu'une femme enceinte doit consommer en moyenne 1 500 calories par jour. Afin de ne manquer de rien tout en régulant son alimentation, la meilleure solution est vraisemblablement de se faire accompagner par un ou une nutritionniste. Certains sont spécialisés dans le suivi des femmes enceintes. La pose d’un anneau gastrique pourrait vous être proposée et est compatible avec une grossesse.

Il est recommandé également de maintenir une activité physique pendant la grossesse. Marche, natation ou encore yoga : une pratique mesurée d'un sport régule la prise de poids et renforce les capacités respiratoires et musculaires.

En vidéo : Les conseils du sage-femme pour perdre du poids

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