Monozygotes ou dizygotes : quelle différence entre vrais et faux jumeaux ?

Publié par Hélène Bour  |  Mis à jour le par Barbara Benattasse

Dès qu’on évoque la grossesse gémellaire, plusieurs termes reviennent. Vrais jumeaux, faux jumeaux, mais aussi monozygotes, dizygotes… Que se cache-t-il derrière ces dénominations ? Comment se forment-ils ? Le point pour ne plus jamais confondre les deux.

Comme dans toute conception, la grossesse gémellaire commence par une rencontre. Il s’agit bien sûr d’une rencontre entre les deux partenaires, mais surtout entre leurs gamètes, ovule pour la femme et spermatozoïde pour l’homme. C’est précisément là que se situe la différence entre les vrais et les faux jumeaux, les monozygotes et les dizygotes !

Jumeaux monozygotes (homozygotes) ou vrais jumeaux : qu’est-ce que ça veut dire ?

Dans le cas des monozygotes (également appelés homozygotes), un seul ovule rencontre un seul spermatozoïde. Ensemble, ils forment un œuf. Mais au lieu de donner un seul embryon, cet œuf va se scinder en deux lors de la première division cellulaire, et aboutir, de division cellulaire en division cellulaire, à la formation de deux embryons. Ces derniers donneront deux fœtus puis deux bébés au patrimoine génétique strictement identique, puisqu’issu du même spermatozoïde et du même ovule. Ce sont des jumeaux monozygotes, que l’on appelle vrais jumeaux dans le langage courant.

Fille et garçon : les jumeaux monozygotes peuvent-ils être de sexe différent ?

Puisqu’ils sont issus d’un même spermatozoïde, qui détermine le sexe (X pour une fille, Y pour un garçon), les vrais jumeaux sont forcément de même sexe.

Jumeaux dizygotes : sont-ils identiques - ou non ?

Lors de l’ovulation, il arrive qu’un ovaire expulse deux ovocytes en même temps. C’est ce qu’on appelle une polyovulation, ou double ovulation, un phénomène qui est de plus en plus fréquent avec l’âge. Et il arrive ensuite que ces deux ovules soient fécondés par deux spermatozoïdes lors d’un rapport sexuel, donnant lieu à deux embryons différents. C’est le même schéma qui se produit lorsque deux embryons sont implantés dans l’utérus lors d’une fécondation in vitro, ou lorsque plusieurs follicules sont fécondés et se nichent dans la cavité utérine lors d’une stimulation ovarienne simple.

À noter que les deux spermatozoïdes peuvent être issus de deux hommes différents, si les deux rapports sexuels ont eu lieu de façon rapprochée et autour de l’ovulation. C’est un phénomène très rare, mais qui peut tout de même exister. Il s’explique par la durée de vie des gamètes : un ovule a une durée de vie qui va de 12 à 24h alors que les spermatozoïdes survivent de 3 à 5 jours dans l’utérus.

Chez les jumeaux dizygotes, à l’inverse des monozygotes, il n’y a pas de séparation de l’œuf en deux embryons, puisqu’il y a deux œufs différents dès le départ. Il s’agit alors de deux individus aussi distincts que des frères et sœurs, à la différence près qu’ils ont évolué en même temps dans l’utérus de leur mère. Les deux embryons évoluent alors dans deux sacs amniotiques et avec deux placentas et deux chorions (couche externe du placenta) différents. On parle de jumeaux dizygotes biochorioniques et biamniotiques, et d’une grossesse bichoriale et biamniotique.

Ici, pas de risque de transfusion du sang de cordon d’un fœtus à l’autre, puisque chacun bénéficie de son propre placenta pour les échanges de sang avec la mère.

Comment savoir si des jumeaux sont vrais ou faux ?

Le diagnostic de faux jumeaux est assez simple, mais dépend des configurations. Ainsi, on peut être sûr qu’il s’agit de faux jumeaux s’il y a deux placentas, deux chorions et deux sacs amniotiques, et si les bébés sont de sexe différent.

En revanche, s’il s’agit d’une grossesse biochoriale et biamniotique mais que les fœtus sont de même sexe, il peut s’agir de jumeaux monozygotes (vrais jumeaux) comme il peut s’agir de jumeaux dizygotes (faux jumeaux). Seul un examen approfondi à la naissance permettra de savoir s’il s’agit de vrais ou de faux jumeaux, au vu de leur groupe sanguin, de leur rhésus ou de leur patrimoine génétique. Car des jumeaux dizygotes n’ont pas le même patrimoine génétique, contrairement aux jumeaux monozygotes, ou vrais jumeaux.

Sexe et ressemblance des faux jumeaux

Issus de deux spermatozoïdes différents, ces embryons ne sont donc pas forcément du même sexe. L’ovule étant X, c’est en effet le spermatozoïde (X ou Y) qui déterminera le sexe du fœtus : féminin si le fœtus est XX, ou masculin s’il est XY.

Comme des frères et sœurs, les jumeaux dizygotes ou “faux jumeaux” ne se ressemblent pas trait pour trait, ils ont chacun un patrimoine génétique propre.

Vrais jumeaux : monozygotes bichorioniques ou monochorioniques… Qu’en est-il du partage du placenta et du sac amniotique ?

On distingue différents types de jumeaux monozygotes, en fonction du moment où l’œuf s’est scindé en deux embryons.

  • Lorsque l’œuf initial se divise en deux embryons dès la fécondation (jusqu’à 3 jours après environ), l’implantation des deux embryons se fait séparément dans l’endomètre, la muqueuse qui tapisse l’utérus. En conséquence, on parle de monozygotes bichorioniques et biamniotiques (ou dichorioniques et diamniotiques), pour signifier la présence de deux placentas (le chorion représentant la couche externe du placenta) et de deux poches de liquide amniotique. Chaque embryon évoluera donc avec son propre chorion et dans son propre amnios.

  • Lorsque la séparation a lieu un peu plus tard au cours de la division cellulaire (4 à 8 jours après la fécondation), l’implantation se fait différemment de sorte qu’il y ait un seul placenta, un seul chorion mais deux sacs amniotiques. On parle de monozygotes monochorioniques et biamniotiques. Dans cette configuration, les deux vrais jumeaux sont séparés par une cloison délimitant les poches amniotiques.

  • Enfin, si la séparation des embryons a lieu 8 à 13 jours après la fécondation, on aura des jumeaux monozygotes monochorioniques et monoamniotiques. Ces derniers partagent le même chorion, le même placenta et le même sac amniotique, ou amnios. C’est la configuration la plus rare parmi ces trois-ci. Notons aussi qu’il arrive que la séparation des deux embryons ait lieu de manière incomplète, donnant naissance à des jumeaux siamois, reliés ensemble par une partie du corps.

À quelle échographie peut-on savoir s’il s’agit d’une grossesse monozygote ou dizygote ?

C’est lors de la première échographie que le gynécologue ou la sage-femme peut diagnostiquer une grossesse gémellaire, et préciser s’il y a un ou plusieurs placentas.

Grossesse monochoriale : une mise en commun du sang qui peut poser problème

Dans le cas d’une grossesse gémellaire monochoriale (un seul chorion, un seul placenta, 20 % des cas de grossesses gémellaires), qu’elle soit mono ou biamniotique, les fœtus doivent « se partager » le même sang. Leurs cordons ombilicaux sont d’ailleurs reliés. Or, cette configuration peut entraîner un syndrome de transfuseur-transfusé, un cas rare qui implique que l’un des deux bébés se retrouve avec tout le sang ou presque (le transfusé), alors que son jumeau est anémié et affaibli (transfuseur). Ce syndrome nécessite une prise en charge très particulière, pour tenter de limiter les séquelles des jumeaux.

Grossesse multiple : quid des bébés triplés, quadruplés, etc ?

Ces dénominations de monozygotes et dizygotes s’appliquent à la grossesse gémellaire, mais aussi aux grossesses multiples au-delà des jumeaux. Des triplés peuvent ainsi être monozygotes, issus d’un seul ovule et d’un seul spermatozoïde, ou trizygotes, issus de trois ovules et de trois spermatozoïdes. Et il en va de même pour les quadruplés, les quintuplés, etc. En revanche, s’il est assez courant qu’une femme produise deux ovules lors d’une ovulation, les cas de tri-ovulation ou de quadri-ovulation sont tout de même très rares, en dehors de la fécondation in vitro avec implantation de trois ou quatre embryons.

Les triplés, quadruplés et ainsi de suite sont donc plus souvent issus d’un même œuf, qui s’est scindé pour donner plusieurs embryons, donnant naissance à de vrais triplés, de vrais quadruplés, etc.