Enceintes à 20, 30, 40 ans : elles témoignent

Avoir un enfant à 20 ans : le témoignage d'Angela

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le par

Angela, est maman. Elle a mené sa grossesse à la vingtaine. Elle raconte son expérience de la grossesse.

Témoignage : avoir un bébé à 20 ans

« Avoir un petit bout pour soi, c’est une manière d’exister dans la société. »

J’ai été enceinte la première fois à 22 ans. Avec le papa, on était ensemble depuis cinq ans, on avait une situation stable, un logement, un CDI… c’était un projet qui était mûrement réfléchi. Ce bébé, j’en avais envie depuis mes 15 ans. Si mon compagnon avait été d’accord, on aurait très bien pu le faire plus tôt, même pendant mes études. L’âge n’a jamais été un obstacle pour moi. Très tôt, j’ai eu envie de m’installer avec mon conjoint, qu’on vive vraiment ensemble. La maternité était pour moi la suite logique, c’était complètement naturel.

Avoir un petit bout pour soi, c’est une manière d’exister en société et le signe qu’on devient vraiment adulte. J’avais ce désir, probablement pour prendre le contre-pied de ma mère qui m’a eue tard, et m’a toujours dit qu’elle avait regretté de ne pas m’avoir eue plus tôt. Mon père n’était pas prêt, il l’a fait attendre jusqu’à ses 33 ans et je crois qu’elle en a beaucoup souffert. Mon petit frère est né quand elle avait 40 ans et parfois, quand je les regarde, j’ai l’impression qu’il y a un manque de communication entre eux, une sorte de fossé lié à la différence d’âge. Du coup, j’avais vraiment envie d’avoir mon premier bébé plus tôt qu’elle pour lui montrer que j’étais capable, et j’ai d’ailleurs senti sa fierté quand je lui ai annoncé ma grossesse. Mes proches, qui connaissaient mon désir de maternité, se sont tous réjouis. Mais il en a été autrement pour beaucoup d’autres ! Dès le début, il y a eu comme une incompréhension. Lorsque je suis allée faire ma prise de sang pour confirmer ma grossesse, j’avais tellement hâte de savoir que je ne cessais d’appeler le laboratoire.

Quand enfin, ils m’ont donné les résultats, j’ai eu droit à un : « Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle, mais vous êtes enceinte. » Sur le moment, je n’ai pas percuté, oui c’était une excellente nouvelle, une magnifique nouvelle même. Rebelote à la première échographie, le gynécologue nous a demandé si on était vraiment contents, comme pour sous-entendre que cette grossesse n’était pas désirée. Et le jour de mon accouchement, le médecin m’a carrément demandé si je vivais encore chez mes parents ! J’ai préféré ne pas faire attention à ces propos blessants, je répétais en boucle : « J’ai un emploi stable depuis trois ans, un mari qui a lui aussi une situation… »  

En dehors de cela, j’ai eu une grossesse sans aucune appréhension, ce que je mets aussi sur le compte de mon jeune âge. Je me disais : « J’ai 22 ans (bientôt 23), les choses ne peuvent que bien se passer. » J’étais assez insouciante, à tel point que je ne prenais pas forcément les choses en main. Il m’est arrivé d’oublier de prendre certains rendez-vous importants. De son côté, mon conjoint a mis un peu plus de temps à se projeter.

Trois ans plus tard, je m’apprête à donner naissance à une deuxième petite fille. J’ai bientôt 26 ans, et je suis très heureuse de me dire que mes deux filles seront nées avant mes 30 ans : vingt ans d’écart, c’est vraiment l’idéal pour pouvoir communiquer avec ses enfants. »

L’avis du psy

Ce témoignage est très représentatif de notre époque. L’évolution de la société fait que les femmes retardent de plus en plus leur maternité parce qu’elles se consacrent à leur vie professionnelle et attendent d’avoir une situation stable. Et ainsi, aujourd’hui, c’est presque connoté négativement d’avoir un enfant de bonne heure. Dire qu’en 1900, à 20 ans, Angela aurait été déjà considérée comme une mère très âgée ! La plupart de ces femmes sont heureuses d’avoir un enfant jeunes, et prêtes à devenir mères. Ce sont souvent des femmes qui ont fantasmé très tôt leur bébé comme une poupée, et dès que c’est devenu envisageable, elles se sont lancées. Comme c’est le cas pour Angela, il y a parfois ce besoin d’être prise au sérieux et d’accéder au statut de femme adulte grâce à la maternité. En ayant son premier bébé à 23 ans, Angela réalise aussi le souhait de sa mère. D’une certaine manière, elle lui fait du bien rétroactivement. Pour d’autres femmes, il y a une imitation inconsciente. C’est la norme familiale d’enfanter jeune. Les futures mamans jeunes ont une certaine naïveté, une confiance dans l’avenir qui leur permet d’être beaucoup moins stressées que les autres. Elles voient leur grossesse de façon naturelle, sans angoisse.

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