Nos questions taboues (ou pas) sur la grossesse

Publié par Véronique Cordier  |  Mis à jour le par Marion Bellal

Envies sexuelles, santé, psycho… Chacune d’entre nous réagit de manière différente lors de la grossesse. Alors pour ne pas rester sans explication à quelque chose qui nous surprend, nous déstabilise, nous inquiète, voici toutes nos réponses à vos questions taboues sur la grossesse !

« Est-ce que c’est normal que je ressente ça ? », « Mais pourquoi est-ce que je pense à ça ? », « Et si jamais il se passe ça… » : oui, pendant la grossesse aussi, notre cerveau ne nous laisse aucun répit et nos pensées s’entrechoquent, s’inquiétant du passé, du présent et du futur ! Alors on déculpabilise et, règle d’or de ces neuf mois : on n’hésite pas à poser la moindre de nos questions à notre sage-femme ou à notre gynécologue. Qu’on se rassure : ils sont aussi là pour ça, et ils en ont vu d’autres !

Sexualité, psycho, alimentation, addiction… Mieux vaut oser poser une question (ou un tas de questions) qui nous gêne plutôt que se tracasser toute notre grossesse !

Quelles sont les premières choses à faire quand on est enceinte ? Quelles questions poser à sa sage-femme ?

Notre test de grossesse est positif ? C’est formidable ! Mais une fois l’émotion redescendue, les questions nous assaillent : par où on commence ? Premièrement, on vérifie si on le souhaite notre grossesse avec une prise de sang et, surtout, on choisit quel soignant ou quelle soignante va nous suivre pendant ces neuf mois. Sage-femme ou gynécologue : on a le choix ! On prend ensuite rendez-vous pour notre premier examen prénatal, à effectuer au cours de notre premier trimestre, généralement vers la 12e semaine.

Côté administratif, on déclare notre grossesse auprès de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) et de la Caisse d’Allocations Familiales (CAF). En fonction de notre situation personnelle et géographique, il vaudra ensuite ne pas tarder à s’inscrire à la maternité, à réserver une place en crèche, à aménager notre logement, à trouver des cours de préparation à l’accouchement

On le répète, la règle d’or de ces neuf mois sera de se priver de ne poser aucune question à notre sage-femme ou à notre gynécologue ! Santé, alimentation, psychologie, sexualité… Elle ou il est là pour répondre à toutes les questions qui nous tracassent.

Pourquoi je me sens si mal alors qu’objectivement tout va bien ? Quel est le mois le plus difficile ?

On pensait avoir neuf mois de bonheur devant nous ! Et pourtant, notre credo c’est plutôt « à chaque jour suffit sa peine ». Anxieuse, fatiguée, lasse : on peut culpabiliser souvent de ne pas se sentir comme sur un nuage. Les hormones jouent un rôle important dans cette déprime passagère, surtout les premiers mois, lorsqu’on a tous les malaises associés à la grossesse (nausées, angoisses, fatigue) sans en avoir les bénéfices.

Lorsque la grossesse avance, c’est souvent le corps qui fait souffrir. Le bébé grandit et on a l’impression de ne plus avoir de place pour soi. On se sent ÉNORME, lourde, jusqu’à regretter d’être enceinte. Avec une culpabilité décuplée. C’est parfaitement normal. C’est le lot de nombreuses femmes enceintes qui, si elles en parlaient, se rendraient compte que c’est un souci de la grossesse très largement partagé !

Difficile donc de dire quel mois de la grossesse est le plus difficile… Tout est variable, fonction de chaque femme… et même de chaque grossesse ! Eh oui, ce n’est pas parce que les premiers mois chargés en nausées ont été difficiles pour le premier bébé, que ce ne sera pas le milieu ou la fin de la grossesse qui paraîtra plus pénible pour le deuxième.

Être enceinte pour la première fois ou pas : toujours un bouleversement

Le facteur psychologique joue également, qu’on soit enceinte pour la première fois ou pas. Ce n’est pas rien d’attendre un enfant. Cet état particulier de la vie d’une femme peut réveiller ou faire naître toutes sortes d’angoisses. Toutes les femmes enceintes sont traversées par des émotions intenses, potentiellement liées à leur histoire personnelle. « La grossesse est une période de conflictualité exagérée, une crise maturative et psychique », écrit la psychanalyste Monique Bydlowski dans son ouvrage “Je rêve un enfant”.

Gare à la dépression : qui appeler en cas de souci ?

En revanche, on ne laisse pas cet état passager s’installer : s’il est normal d’être tracassée, soucieuse, parfois triste même, une femme enceinte ne devrait pas se sentir continuellement déprimée. Si c’est le cas, il est préférable d’en parler avec notre médecin. Les futures mamans, aussi, peuvent connaître une dépression. L’entretien du 4e mois conduit par une sage-femme est souvent l’occasion d’évoquer ces difficultés. On pourra ainsi être orientée vers un soutien psychologique.

Je fume un peu et je me cache, est-ce grave ? Que faire si on n’a pas réussi à arrêter de fumer ?

Les risques du tabac pendant la grossesse, on les connaît ! Fausse couche, prématurité, petit poids de naissance, complications à l’accouchement, voire diminution des défenses immunitaires : les risques encourus par notre bébé sont loin d’être minimes. Et pourtant, de nombreuses femmes ne parviennent pas à s’arrêter.

Au lieu de se cacher, il est recommandé de se faire aider. L’arrêt de la cigarette est très difficile et un accompagnement peut, bien sûr, être nécessaire. Ce n’est pas un aveu de faiblesse, bien au contraire, de réussir à demander de l’aide contre une addiction, quelle qu’elle soit, pour le bien de notre futur bébé, et pour notre propre bien.

Notons d’ailleurs que les patchs et autres substituts nicotiniques peuvent être utilisés pendant la grossesse. En cas d’échec de ce système, on n’hésite pas à consulter un ou une médecin tabacologue. Il est également primordial de se confier auprès d’une personne qui nous fournira un soutien indéfectible. Notre conjoint, un parent, une amie… Quelqu’un qui nous encourage sans nous juger et sans en rajouter à notre stress. On n’oublie pas, par ailleurs, qu’il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer : mieux vaut y parvenir en fin de grossesse que de ne pas s’arrêter du tout !

Toutes nos réponses sans tabou sur la sexualité pendant la grossesse

Faire l’amour me dégoûte, est-ce normal ?

La libido pendant la grossesse est fluctuante. Chez certaines femmes, elle est au top, et chez d’autres, elle est quasi inexistante !

En début de grossesse, au premier trimestre, entre fatigue et nausées, on a toutes les bonnes raisons de ne pas faire l’amour. L’épanouissement sexuel, c’est bien connu, c’est au deuxième trimestre. Sauf que pour nous : rien ! Pas l’ombre d’un désir. Mais une frustration au zénith. Aussi déstabilisée qu’on soit, on se rappelle qu’on n’est pas la seule. On a le droit de ne pas avoir envie. On parle au futur papa ce que qu’on ressent, on échange sur nos angoisses, nos doutes, nos attentes… Et si on y parvient, on essaye de garder un contact physique avec son partenaire. Le serrer dans les bras, s’endormir dans les siens, des câlins, des bisous qui ne se terminent pas forcément par l’acte sexuel mais qui nous gardent dans un cocon de sensualité… Préserver ce rapport doux entre nous est sain et fait du bien à notre corps et à notre tête !

Enfin, au dernier trimestre de la grossesse, on ne laisse pas plus de place à la culpabilité si on n’a pas envie de faire l’amour : on ne se force pas, on écoute notre corps, et on prend soin de notre gros ventre encombrant mais si réjouissant.

À l’inverse, notre libido n’a jamais été aussi pressente que depuis qu’on est enceinte ? On en profite et on découvre les positions du Kamasutra pour femmes enceintes !

« Avant d’être enceinte, mon mari et moi avions une vie sexuelle intense. Puis avec la grossesse, tout a changé. Je ne le désirais absolument plus. Nous en avons beaucoup parlé. Il a décidé de prendre son mal en patience. Nous avons essayé de maintenir le lien physique en nous faisant des caresses. En revanche, après l’accouchement, ma libido est redevenue encore plus forte qu'avant. »
Esther

Est-ce que j’ai le droit de me masturber enceinte ? Est-ce dangereux pour le fœtus au-delà de 3 mois de grossesse ?

Selon un sondage du site SexyAvenue, une femme sur deux avoue avoir une libido « explosive » pendant la grossesse. Et 46 % des partenaires interrogés déclarent trouver « leur moitié irrésistible » au cours de cette période. Alors on en profite, et sans tabou ! Qu’on se rassure, la masturbation n’est pas nuisible à notre enfant !

Lors d’une grossesse sans problème particulier, il n’y a aucun risque à avoir des rapports sexuels ou à se masturber. Les contractions de l’utérus provoquées par l’orgasme sont différentes de celles du « travail » de l’accouchement. À noter que l’activité sexuelle aurait même un effet protecteur contre les accouchements prématurés !

Le futur papa m’énerve, que dois-je faire ?

Devenir père travaille aussi bien évidemment notre conjoint… Et il n’est pas improbable que cette grossesse le fasse changer de comportement, sur certains points, ou altère son caractère. Il s’est mis en mode protection rapprochée ? Plus question de verrouiller la porte de la salle de bains ou de prendre l’ascenseur toute seule ? Il veut nous faire ingurgiter poireaux et jus de carotte parce que c’est sain ? Bref, il nous étouffe. Et on n’a pas envie de se faire tripoter le ventre à tout moment, zut.

On ne culpabilise pas et mieux : on discute ! Comme dans chaque changement de vie (et celui-ci n’est pas petit), il faut réajuster deux ou trois choses au sein de notre couple. Alors on prend le temps de discuter posément, de mettre les choses au point, de partager ce qu’on ressent, de dire ce qu’on attend, ce dont on a besoin, ce qui nous pèse, nous dérange, nous énerve… Eh oui, la communication reste la clef, même en attendant bébé !

Suzanne témoigne de son mal-être à ce sujet : « pour cette 2e grossesse, je suis un peu plus » relax «, côté alimentation. J’avoue, je mange parfois du saumon fuméMon mari ne le supporte pas du tout, il n’arrête pas de me faire des réflexions et de me dire que je suis égoïste, car je ne lui demande pas son avis. En même temps, à l’entendre, il faudrait que je fasse attention à tout. Franchement, j’en ai assez de me cacher pour manger une tranche de viande des grisons ! Je ne sais pas quoi faire pour qu’il se détende un peu. »

Est-ce normal que j’ai envie de séduire alors que je suis enceinte ?

Comme s’il y avait un écriteau « Enceinte ! Bas les yeux ». Évidemment, être enceinte ne signifie pas que nous ne sommes plus une femme, un être humain même, et qu’on n’a plus le droit de séduire, de draguer, de tout ce qu’on veut ! Que ce jeu de séduction nous amuse en cachette ou qu’on soit célibataire et bien décidée à ne pas le rester, la grossesse ne nous empêche de rien. Certains et certaines sont même potentiellement très sensibles aux charmes des femmes enceintes : preuve, s’il nous en manquait une, qu’on peut être enceinte et sexy !

Et si je fais caca sur la table d’accouchement ?

Ultime question objet de toute notre gêne : et si je venais à faire pipi ou caca au moment d’accoucher ! Y a-t-il une future jeune maman qui ne soit pas angoissée à l’idée de gratifier la sage-femme d’un cadeau bien encombrant ? N’ayons crainte, c’est un phénomène tout à fait naturel ! En réalité, cela peut même s’avérer utile, car lorsque la tête du bébé est suffisamment descendue dans le bassin, elle appuie sur le rectum, provoquant une envie d’aller à la selle et annonçant l’imminence de l’accouchement.

Le personnel médical est habitué à ce genre de petit incident. Il réglera le problème (qui n’en est pas un, en réalité) sans même que l’on ne s’en rende compte, avec des petites lingettes. Bien entendu, si on est véritablement mortifiée à l’idée de nous soulager devant des inconnus, on en parle à son médecin, ou bien aux cours de préparation à l’accouchement.

L’important est de dédramatiser : pendant l’accouchement, on a besoin de toute notre concentration pour faire naître notre enfant, pas de contracter notre périnée pour éviter une fuite !

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