Aspartame : peut-on en consommer durant la grossesse ?

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le par Marion Bellal

Les édulcorants, dont fait partie l’aspartame, sont-ils dangereux chez la femme enceinte ? Les scientifiques se divisent à ce sujet. 

Même si les édulcorants sont souvent sous le feu des critiques des médecins et des chercheurs, peu d'études se sont penchées sur leurs conséquences chez la femme enceinte. Celles menées jusqu'à présent tendent à montrer que la consommation d'édulcorants, et tout particulièrement d'aspartame, n'aurait aucune conséquence sur le fœtus, bonnes ou mauvaises.

Puisque quelques études développent l'existence d'un très faible risque de perturbation de sa flore intestinale ou de prématurité, on peut si on le souhaite éviter la consommation d'aspartame durant la grossesse, par principe de précaution.

Grossesse et aspartame : quels seraient les risques pour mon bébé ?

À ce jour, aucune étude n'est jugée assez fiable par les instituts tels que l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (ANSES) ou l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) pour déconseiller la consommation d'aspartame aux femmes enceintes. Mais peu d'études se sont concentrées sur les effets de cet édulcorant sur les fœtus et certaines, menées notamment sur des rats, alertent quant à un risque, faible, d'augmentation du nombre d'accouchements prématurés ou de cancers. Par précaution, on peut si on le préfère ne pas consommer d'aspartame tout au long de notre grossesse, ou du moins réduire notre consommation.

Prématurité : balance tes peurs !

Des études appelant à la prudence pendant la grossesse

Parmi les études qui tendaient à nous faire éviter la consommation d'aspartame pendant notre grossesse, une danoise pointe un risque d’accouchement prématuré plus important chez la femme enceinte qui boit une "boisson light" quotidiennement. Menée auprès de 59 334 femmes enceintes et publiée fin 2010, elle met en évidence que le risque de naissance prématurée augmente de 27 % à partir de la consommation d’une boisson gazeuse avec édulcorants par jour. Quatre canettes quotidiennes élèveraient le risque à 78 %.

L’étude se concentre toutefois uniquement sur les boissons dites "light", alors que les édulcorants sont aussi très présents dans le reste de notre alimentation. Pour Laurent Chevalier, consultant en nutrition et responsable de la commission alimentaire du Réseau environnement santé (RES), « il est absurde de vouloir attendre d’autres preuves, dans la mesure où le risque est bien caractérisé et qu’il concerne une partie importante de la population, les femmes enceintes, dont 71,8 % consomment de l’aspartame pendant leur grossesse ».

Les autres études scientifiques majeures sont celles publiées par l’Institut Ramazzini depuis 2007. Elles montrent que la consommation d’aspartame chez le rongeur pendant toute sa vie entraîne une augmentation du nombre de cancers. Ce phénomène est amplifié lorsque l’exposition démarre pendant la grossesse. Mais pour l’instant, ces effets n’ont pas été vérifiés chez l’homme. 

Enfin, une étude canadienne présentée en janvier 2020 établit un lien de causalité entre consommation d'aspartame au cours de la grossesse et perturbations de la flore intestinale du nouveau-né. L'étude, présentée par Raylene Reimer, docteure et professeure en nutrition à l'université de Calgary, a permis de détecter une modification du microbiote, l'environnement bactérien des intestins, chez les rats dont la mère avait consommé de l'aspartame pendant la grossesse. Cela pourrait expliquer les études indiquant que la consommation d'édulcorants par les femmes enceintes entraîne un plus grand risque d'obésité, voire un état prédiabétique chez le nourrisson

Aspartame : aucun bénéfice nutritionnel pour la femme enceinte ou le fœtus

En 2012 néanmoins, l'ANSES avait rendu son rapport sur les risques et les bénéfices nutritionnels de l'aspartame, en période de grossesse. Verdict : « Les données disponibles ne permettent pas de conclure à un effet préjudiciable des édulcorants intenses pendant la grossesse ». Elle avait ajouté par ailleurs qu’il y avait clairement « une absence de bénéfice nutritionnel » à consommer des édulcorants, enceinte ou non.

Ces produits sont donc inutiles pour la future maman ou pour le reste de la population. Ce constat a alors clos le débat concernant un potentiel intérêt des édulcorants pour prévenir le diabète gestationnel. Laurent Chevalier rappelle que « la prévention de ce type de maladie passe par une meilleure alimentation et par une moindre exposition aux perturbateurs endocriniens ».

L'EFSA a rendu en 2013 un avis similaire à celui de l'ANSES et rappelle que la dose journalière admissible (DJA), soit la quantité maximum d'aspartame qui peut être consommée sans risques, est de 40 mg par kilo de poids corporel et par jour. Ce qui correspond à la consommation quotidienne de 95 sucrettes ou 33 canettes de Coca-Cola light pour une personne de 60 kg.

Femme enceinte : quels édulcorants peut-on consommer sans danger ?

Les édulcorants ont été plébiscités pour remplacer l'usage du sucre, qu'il est conseillé de réduire pendant la grossesse. Toutefois, rien n'a prouvé que préférer les édulcorants au sucre blanc permettait de réduire le nombre de calories consommées chaque jour et, ainsi, de perdre du poids. Si on est enceinte, puisque les édulcorants n'ont pas prouvé leur efficacité et sont régulièrement sources de craintes, autant appliquer un principe de précaution et réduire, voire éviter, leur consommation.

Certains édulcorants chimiques semblent absolument sans danger pendant la grossesse, notamment l'alitame, la thaumatine ou encore le sorbitol et son sirop. Mais on peut aussi opter pour des aliments naturels pour remplacer le sucre tout au long de notre grossesse, grâce par exemple au fructuose, au xylitol, au sucre de coco ou au sirop d'agave.

Peut-on prendre de la stévia durant la grossesse et en fin de grossesse ?

La stévia provient des feuilles des feuilles d'un arbuste sud-américain, le stevia rebaudiana. Même s'il remplace parfaitement le goût du sucre et apporte en plus un arrière-goût de réglisse, sa consommation n'est pas conseillée aux femmes enceintes, là encore par principe de précaution. Même si on ne la supprime pas totalement de notre alimentation pendant neuf mois, mieux vaut tout de même la réduire. 

Coca, chewing-gum... où se cachent les édulcorants ?

On trouve majoritairement les édulcorant dans les produits alimentaires dits "allégés", que ce soient des compotes, des yaourts, des crèmes glacées, des boissons, des chewing-gum, des sucrettes... Mais ils se cachent aussi dans certains dentifrices ou médicaments !

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