Que faire après une fausse couche ?

Publié par Estelle Cintas  |  Mis à jour le par Joséphine Argence Avec Nadia Bergougnoux, autrice du livre « Le Ventre Vide », édité aux Éditions Nombre7, et médiatrice d’un groupe de parents concernés par le deuil périnatal.

Après une fausse couche, quel que soit le terme, les parents ont toujours besoin de soutien. Annonce, traitement et suivi médical, démarches possibles et accompagnement du deuil, on fait le point sur l’après fausse couche.

Avec Nadia Bergougnoux, autrice du livre Le Ventre Vide, édité aux Éditions Nombre7, et médiatrice d’un groupe de parents concernés par le deuil périnatal.

La fausse couche désigne un arrêt spontané de la grossesse avant la 22ème semaine d’aménorrhée (SA), soit environ cinq mois.

Premier, deuxième trimestre de grossesse… Qu’est-ce qu’une fausse couche précoce ou tardive ?

On considère qu’une fausse couche est précoce lorsqu’elle survient avant la 14ème semaine d’aménorrhée (SA). Quant à la fausse couche tardive, elle a lieu entre la 14ème et 22ème SA.

Dans la majorité des cas, une femme subit une seule fausse couche avant que les autres grossesses ne se déroulent sans difficulté. Il arrive cependant que certaines femmes enceintes de moins de 40 ans vivent au moins trois fausses couches spontanées consécutives avant 14 SA. On parle alors defausses couches à répétition.

Saignements, douleurs… Les symptômes de la fausse couche

Lors d’une fausse couche, la femme enceinte peut présenter plusieurs manifestations, en particulier :

  • des métrorragies, autrement dit des saignements vaginaux, qui peuvent être légers, abondants, irréguliers, ininterrompus, de teinte brunâtre à rouge vif ;
  • des douleurs irradiantes dans le bas du dos et/ou de l’abdomen, ou des crampes pelviennes proches des douleurs des menstruations ;
  • une expulsion vaginale de tissus brunâtres ou de caillots de sang.

Toutefois, un saignement vaginal n’est pas forcément un signe de fausse couche en début de grossesse.« Un quart des femmes enceintes présentent un saignement au cours du 1er trimestre et poursuivent leur grossesse normalement. Mais si le saignement est accompagné de douleurs, il s’agit plus probablement d’une fausse couche », est-il indiqué sur la plateforme de l’Assurance maladie, Ameli Santé. Il est préconisé de consulter son ou sa médecin gynécologue lorsque l’on constate des saignements modérés au début de sa grossesse.

Fausse couche hémorragique : la nécessité d’une consultation d’urgence

Il est obligatoire de consulter en urgence lorsque la femme enceinte présente des saignements vaginaux importants et des manifestations de type étourdissements, vertiges, faiblesse, fièvre élevée, nausées, vomissements ou accélération du rythme cardiaque.

Ces symptômes peuvent alerter sur une fausse couche hémorragique, qui nécessite des soins urgents. Dans ce cas, une intervention chirurgicale par aspiration endo-utérine est généralement pratiquée.

Comment savoir si on fait une fausse couche ?

En cas de suspicion de fausse couche, la femme enceinte est examinée par un.e gynécologue. Lors de la consultation,une échographie abdomino-pelvienneest réalisée. L’objectif ? Observer le contenu de l’utérus, afin d’identifier une grossesse intra-utérine qui s’est arrêtée ou évacuée, ainsi que de poser le diagnostic d’une fausse couche, et non d’une grossesse extra-utérine.

L’importance de l’annonce de la fausse couche

« Petit à petit, les choses changent dans les maternités, mais au moment de l’annonce, il y a encore un travail à faire au niveau des professionnels de la naissance, comme les échographistes ou les gynécologues », regrette Nadia Bergougnoux, autrice du livre Le Ventre Vide, édité aux Éditions Nombre7, et médiatrice d’un groupe de parents concernés parle deuil périnatal.

« Trop souvent, encore de nos jours, les parents entendent des paroles qui ne devraient plus être prononcées comme : « Ça arrive ». « Vous en aurez d’autres », « Il aurait pu être handicapé, c’est mieux pour vous ». Au contraire, il faudrait à ce moment-là, face à l’horreur de ce qui en train de se passer pour les parents, trouver des paroles bienveillantes, d’apaisement, de réconfort et d’empathie. J’aurais aimé par exemple entendre « Je suis désolé, nous allons tout faire pour que ce soit le moins difficile pour vous » de la part du gynécologue qui m’a annoncé froidement que le cœur de mon bébé ne battait plus ».

Le deuil après l’accouchement

Au moment de l’accouchement, de plus en plus de maternités proposent aux parents de voir le corps de leur bébé. Certains parents peuvent être effrayés, car ils imaginent les pires malformations, mais le vécu des parents permet de s’apercevoir qu’avoir des preuves de l’existence de ce bébé permet de faire son propre chemin de deuil. N’hésitons pas : on peut le prendre dans les bras, le prendre en photo, demander à prendre ses empreintes, à garder un petit bracelet s’il y en a un, n’importe quoi qui va prouver son passage sur terre.

Etat civil et devenir du corps

Pour ce qui est du devenir du corps du bébé, après une fausse couche précoce, les parents peuvent demander à le récupérer (souvent, c’est proposé uniquement si le corps est formé et sexué, donc, en général après 15 semaines). Il faudra faire une demande spéciale à la commune pour organiser des funérailles.

À partir de 15 semaines d’aménorrhée, les sages-femmes établissent un certificat médical d’accouchement qui permet d’obtenir « un acte d’enfant sans vie ». Les parents peuvent alors le déclarer à l’état civil, avec seulement son prénom. Les parents ont la possibilité de récupérer le corps pour l’enterrer ou l’incinérer.

Après 22 semaines d’aménorrhée, si l’enfant est né vivant et viable, les parents ont l’obligation de le déclarer à l’état civil. Il aura alors un nom et un prénom.

Le point sur la grossesse extra utérine

Parfois la grossesse ne peut pas se poursuivre, car l’œuf, au lieu de se nicher dans l’utérus, se fixe de façon anormale dans une trompe. Son développement est alors limité et il est impossible de le transférer dans l’utérus. D’ailleurs, au cours des premières semaines, dans 10 % des cas, la grossesse s’interrompt d’elle-même et passe pour une fausse couche spontanée. Le risque, c’est que l’œuf continue à grossir et provoque la rupture de la trompe dans laquelle il s’est installé, ce qui peut entraîner une hémorragie interne parfois sévère. Il est donc important de faire le diagnostic aussi vite que possible, car il faut alors interrompre la grossesse.

Perte d’un bébé : le rôle précieux de l’entourage

Au niveau de l’entourage, il est important d’encourager les parents à parler. Leur dire : « Si tu as besoin d’en parler, je suis là ». « Cela ne veut pas dire que les parents ont besoin d’en parler toute la journée, mais évoquer ce bébé, lui donner une existence, c’est important, explique Nadia Bergougnoux.Surtout, ne pas faire comme si rien ne s’était passé. Sinon, le parent se sentira nié. Il vaut mieux aussi donner un prénom à ce bébé, même s’il est mort avant d’avoir un prénom. Parler de son enfant à son entourage, à ses amis, cela aide à avoir une preuve de l’existence de son bébé. »

L’Accompagnement psychologique après une fausse couche

« Il est important de proposer un accompagnement psychologique aux personnes qui ont vécu cette épreuve », constate Nadia Bergougnoux. Cela peut prendre différentes formes : un suivi avec un psychothérapeute, un groupe de parole, ou un groupe de soutien aux « paranges », comme on en trouve sur le Web. « L’important, c’est de parler de ce qui s’est passé, de faire exister cet enfant, et surtout de ne pas chercher à enfouir son existence, comme s’il ne s’était rien passé. C’est important de partager cela avec d’autres qui ont vécu la même épreuve, car on est mieux compris. Certaines mamans qui ont perdu leur bébé à 1 mois de grossesse se posent parfois la question de savoir si elles ont le droit de rejoindre un groupe de soutien, mais il n’y a pas de seuil limite : faire une fausse couche, c’est déjà perdre un bébé, quel que soit son terme. »

Rituels symboliques

« Je conseille aux parents d’établir un rituel symbolique : cela peut être de garder une photo du bébé, créer un petit autel, allumer une bougie. Pour d’autres, cela va être de faire dire une messe en sa mémoire, d’aller se recueillir sur sa tombe. Cela va permettre la survivance de la mémoire de l’enfant et la reconnaissance de son passage sur terre », détaille l’autrice. Le 15 octobre est la Journée mondiale du deuil périnatal. On peut ce jour-là, par exemple, rejoindre une marche et laisser s’envoler un ballon avec le prénom de l’enfant.

Après fausse couche : quel est le traitement médical ?

Après une fausse couche précoce, les choses rentrent souvent naturellement dans l’ordre, sans traitement particulier. Seule une échographie de contrôle est nécessaire s’il n’y a pas eu d’aspiration, ni de curetage, afin de vérifier l’état de l’utérus.

En revanche, après une fausse couche tardive, une visite médicale de contrôle est normalement programmée dans les semaines qui suivent la fausse couche.

Combien de temps faut-il pour tomber à nouveau enceinte après une fausse couche ? Les règles reviennent-elles rapidement ?

Dans une majorité des cas, une femme ayant vécu une fausse couche peut retomber enceinte à partir du moment où ses règles sont revenues. Les menstruations reviennent à la normale environ un mois après la fausse couche.

Combien de temps dure une fausse couche ?

La durée des saignements liés à la fausse couche dépend de chaque femme. Certaines patientes vont avoir des pertes de sang pendant une semaine, tandis que les saignements se prolongent pendant plus d’un mois chez d’autres.

Pourquoi faut-il attendre pour avoir des rapports sexuels après une fausse couche ?

À la suite d’une fausse couche, il est recommandé d’attendre environ deux semaines avant d’avoir à nouveau des relations sexuelles avec son partenaire, afin de réduire les risques infectieux. Mieux vaut également s’abstenir d’utiliser des tampons hygiéniques pendant les premières semaines suivant la fausse couche.

Une consultation médicale est requise en cas de fièvre, de frissons, de douleurs abdominales ou de saignements vaginaux importants après une fausse couche.

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