Interruption volontaire de grossesse (IVG) ou avortement : comment ça se passe ?

Publié par Isabelle Hallot  |  Mis à jour le par Marion Bellal

Les délais, les entretiens nécessaires, la distinction entre une IVG médicamenteuse et une médicale... Le point sur le déroulement d'une interruption volontaire de grossesse (IVG) ou d'un avortement.

Depuis la loi visant à renforcer le droit à l'avortement du 2 mars 2022, une interruption volontaire de grossesse peut être pratiquée en France avant la fin de la 14ème semaine de grossesse, ou 16 semaines d'aménorrhée. La loi du 4 juillet 2001 relative à l'interruption volontaire de grossesse et à la contraception, dite loi Aubry-Guigou, avait déjà permis d'allonger le délai légal pour avorter de 10 à 12 semaines. 

L'IVG médicamenteuse ne peut, elle, être pratiquée que jusqu'à la fin de la 7ème semaine de grossesse, soit 9 semaines d'aménorrhée. Chirurgicale ou médicamenteuse, il est nécessaire de se rendre à deux rendez-vous obligatoires et remboursés à 100 % par la Sécurité sociale, avant de pratiquer un avortement.

Quel est le délai légal en France et quels sont les différents types d'avortement ?

On distingue l'IVG médicamenteuse, qui peut être pratiquée chez soi, de l'IVG chirurgicale, aussi appelée "IVG par aspiration", qui a lieu sous contrôle médical.

IVG chirurgicale : jusqu'à la fin de la 14è semaine de grossesse

L’IVG chirurgicale peut être pratiquée avant la fin de la 14e semaine de grossesse, c’est-à-dire à 16 semaines d’aménorrhée. En effet, l’ovulation, pour un cycle dit « normal », a lieu deux semaines après le premier jour des règles. C’est pourquoi on a toujours un décalage de deux semaines entre les semaines d’aménorrhée et les semaines de grossesse.

IVG médicamenteuse : jusqu'à la fin de la 7è semaine de grossesse

L’IVG médicamenteuse est possible jusqu’à la fin de la 7e semaine de grossesse, soit 9 semaines après le début des dernières règles.

Combien de consultations et de temps sont nécessaires pour avorter ?

Avant l’IVG proprement dite, vous devez vous rendre à deux consultations obligatoires réalisées par le ou la médecin de votre choix, ainsi qu’à une consultation facultative. En fonction de la méthode choisie ou possible pour procéder à l'avortement, il faudra soit prendre deux médicaments en 36 à 48h, soit planifier pour quelques heures une intervention chirurgicale sous anesthésie locale ou générale.

À quoi sert la première consultation pour une interruption volontaire de grossesse (IVG) ?

Seule la femme enceinte est en mesure de procéder à une demande d'avortement, étant seule juge de sa situation. C’est au cours de la première consultation obligatoire que la demande d’avortement est faite. Il est possible de s'adresser au médecin (généraliste ou gynécologue) ou à la sage-femme de votre choix, ou à un centre de planification ou d'éducation familiale. Il ou elle vous expliquera en détail les différentes techniques possibles et vous informera des lieux pour sa réalisation.

Sachez que si votre médecin ne pratique pas lui-même d’IVG, dans le cadre de sa clause de conscience ou parce qu'il n'a pas le matériel adéquat, il a l'obligation de vous orienter vers d’autres confrères ou consoeurs pratiquant l'IVG. Par ailleurs, rien n'oblige une femme enceinte à consulter son médecin traitant : l'avortement fait partie des exceptions au parcours de soins coordonnés. 

À l’issue de cette consultation, un guide vous sera remis ainsi qu’une attestation. Votre médecin vous proposera également de bénéficier d’un entretien psychosocial facultatif - à moins que vous ne soyez mineure, il sera alors obligatoire et aura lieu entre la première et la deuxième consultation.

Il n'y a plus de délai de réflexion obligatoire, celui-ci ayant été supprimé en mars 2015.

En quoi consiste la consultation facultative pour l’IVG ?

Cet entretien se déroule le plus souvent avec une conseillère conjugale dans un établissement d'information, de consultation ou de conseil familial, dans un service social ou autre organisme agréé ou dans un centre de planification ou d'éducation familiale. Il a lieu entre les deux consultations obligatoires. Écoutesoutien psychologique, mais aussi assistance et conseils vous seront prodigués.

À savoir

Ce moment de dialogue n’est obligatoire que pour les mineures, mais face à cette décision difficile à prendre, il peut s’avérer réconfortant pour toutes.

En vidéo : IVG

Avortement : que se passe-t-il lors de la seconde consultation pour IVG ?

C’est une étape décisive puisque c’est là que vous confirmez, par écrit, votre demande d’IVG et remettez à votre médecin votre consentement. Il ou elle vous posera quelques questions d’ordre médical (date de vos dernières règles, antécédents médicaux, allergies, traitement…) et établira une seconde attestation. Si vous possédez une carte de groupe sanguin, apportez-la avec vous.

Après en avoir discuté avec votre médecin, vous lui ferez part de votre choix concernant le lieu et la technique envisagée. Parfois, une échographie ou un bilan sanguin sont prescrits. Si la technique choisie nécessite une anesthésie générale, il vous faudra prendre rendez-vous avec un ou une anesthésiste.

Ce deuxième rendez-vous peut être l'occasion de procéder au dépistage de maladies sexuellement transmissibles, à l'instar de la chlamydia

Une visite de contrôle doit aussi être effectuée entre le 14è et le 21è jour après l'intervention chirurgicale ou médicamenteuse, afin de s'assurer qu'il n'y a pas de complication. Il sera également demandé par votre médecin ou sage-femme si vous disposez d'une méthode de contraception adaptée à votre situation. Un entretien psycho-social est généralement à nouveau proposé. 

L’IVG (avortement) est-elle possible chez une mineure ?

Une jeune fille mineure peut prendre seule la décision d’interrompre sa grossesse et décider de garder le secret vis-à-vis de ses parents. Dans ce cas, elle devra choisir une personne majeure pour l’accompagner et se rendre obligatoirement à l’entretien avec la conseillère conjugale. Il peut s'agir d'un membre du planning familial. L'intervention est prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale, sans avance de frais.

L’IVG est-elle remboursée par la Sécurité sociale ?

Depuis avril 2016, l'IVG est prise en charge à 100% par l'Assurance maladie, dans le but de faciliter l'accès des femmes à l'interruption volontaire de grossesse.

Un numéro vert d’information (0 800 08 11 11), anonyme et gratuit, du lundi au samedi, de 9h à 20h, a été mis en place en 2016. Vous pouvez appeler pour poser toutes vos questions sur l'avortement, mais également sur la sexualité et la contraception. Parallèlement, le gouvernement a lancé un site d’informations ivg.gouv.fr, fournissant aux femmes toutes les informations nécessaires sur l'avortement, sans jugement ni orientation, dans le but de contrer les nombreux sites sur l'IVG, orchestrés par des militants anti-avortement.

Vous pouvez aussi vous tourner vers un des centres d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) ou un hôpital. Le planning familial est également référent sur ce sujet. L'association lutte pour les droits des femmes, grâce à 70 antennes, partout en France. De Saint Louis à la Réunion, à Poitiers, en passant par Chauny et Fort-de-France, tous ses bénévoles sont là pour aider les filles et les femmes, face aux questions de sexualités, d'avortement, de maladies sexuellement transmissibles et de violences sexistes et sexuelles.

IVG : que faire si le délai légal de 14 semaines de grossesse est dépassé ?

Si vous ne pouvez plus avorter en France, car le délai légal de 14 semaines de grossesse ou 16 semaines d'aménorrhée est dépassé, vous avez le droit de vous rendre à l'étranger. Mais avant cela, n'hésitez pas à demander une deuxième échographie afin de vérifier et de confirmer la datation : il existe une marge d'erreur d'environ 5 jours.

Parmi les pays dans lesquels vous avez le droit de vous rendre si vous souhaitez recourir à un avortement, malgré le dépassement du délai légal en France, figurent notamment les Pays-Bas et l'Angleterre, dont les lois autorisent le recours à l'avortement jusqu'à la 24ème semaine de grossesse.

Fermer © DR
© DR