RCIU grossesse : zoom sur le retard de croissance intra-utérin du fœtus

Publié par Isabelle Hallot  |  Mis à jour le par Mélanie Juhel-Goossens

Le retard de croissance intra-utérin (RCIU) ou hypotrophie fœtale concerne entre 3 et 10 % des grossesses. Modérée ou sévère, cette pathologie peut avoir de graves répercussions sur la santé, voire la vie du bébé. Réponses aux questions les plus fréquentes que vous vous posez.

Le RCIU, retard de croissance in utero, est une complication qui concerne 1 bébé sur 10 en France. À quoi le RCIU correspond-il exactement ? Y a-t-il un risque d'accouchement prématuré ? Quel suivi est à prévoir avec son gynécologue ? On fait le point. 

Définition : le retard de croissance intra-utérin, c'est quoi ?

Un fœtus un peu plus petit que la moyenne (mais qui va parfaitement bien) et un vrai retard de croissance sont des données tout à fait différentes.

Les courbes de croissance durant la grossesse sont exprimées en « percentiles ». C'est une unité statistique qui permet de savoir comment votre bébé se positionne par rapport aux autres fœtus de sexe identiques, en fonction du stade de la grossesse. Cet indicateur est donc utilisé pour savoir si votre bébé est dans les normes de croissance, et pour repérer d'éventuels déséquilibres.

  • Ainsi, on évoque un retard de croissance lorsque les mesures du bébé sont inférieures au 10e percentile.
  • À la naissance, cela se traduit par un poids du nourrisson insuffisant par rapport aux courbes de référence.

Le retard de croissance intra-utérin (RCIU) est dû à une complication de la grossesse qui se traduit par un fœtus de taille insuffisante par rapport au mois de grossesse.

Comment dépister un retard de croissance du fœtus par rapport à la courbe de croissance ?

C’est souvent une hauteur utérine trop petite pour le terme de la grossesse qui alerte la sage-femme ou le gynécologue quant à la présence d'un potentiel retard de croissance, et les conduit à demander une échographie.

Cet examen permet de diagnostiquer un grand nombre de retards de croissance intra-utérins selon les courbes de référence. Cependant, près d’un tiers des RCIU ne sont découverts qu’à la naissance.

Percentile et retard de croissance intra-utérin : quand parle-t-on de RCIU modéré ou sévère ?

La tête, l’abdomen et le fémur du bébé sont mesurés et comparés à des courbes de référence :

  • Quand les mesures sont comprises entre le 10e et le 3e percentile, le retard est dit modéré.
  • En dessous du 3e, il est sévère.

L'échographie révélatrice d'un retard de croissance in utero

L’examen échographique se poursuit par l’étude du placenta et du liquide amniotique :

  • Une diminution du volume de liquide est un facteur de gravité qui indique une souffrance du fœtus.
  • La morphologie du bébé est ensuite étudiée pour rechercher d’éventuelles malformations fœtales à l’origine du problème de croissance.
  • Pour contrôler les échanges entre la maman et le bébé, un doppler ombilical fœtal est pratiqué.

Les différents types de retard de croissance : harmonieux et dysharmonieux

Deux cas de RCIU existent :

  • Dans 20 % des cas, il est dit harmonieux ou symétrique et concerne tous les paramètres de croissance (tête, abdomen et fémur). Ce type de retard commence tôt dans la grossesse et fait souvent craindre une anomalie génétique.
  • Dans 80 % des cas, le retard de croissance apparaît tardivement, au 3e trimestre de grossesse, et ne touche que l’abdomen. On parle alors de retard de croissance dysharmonieux. Le pronostic est meilleur, puisque 50 % des enfants rattrapent leur retard de poids dans l’année qui suit la naissance.

Quelles sont les causes du retard de croissance in utero ? Pourquoi le futur bébé ne prend pas de poids dans le ventre ?

Les raisons sont multiples et relèvent de mécanismes divers :

  • Les RCIU harmonieux sont dus principalement à des facteurs génétiques (anomalies chromosomiques), infectieux (rubéole, cytomégalovirus ou toxoplasmose), toxiques (alcoolisme, tabagisme, consommation de drogues) ou médicamenteux (antiépileptiques).
  • Les cas de RCIU dits dysharmonieux sont le plus souvent la conséquence de lésions placentaires, qui entraînent une diminution des échanges nutritionnels et de l’apport en oxygène, indispensables au fœtus. Le bébé étant mal « nourri », il ne grossit plus et maigrit. Cela survient dans les pré-éclampsies, mais également lorsque la maman souffre de certaines maladies chroniques : diabète sévère, lupus ou maladie rénale. Une grossesse gémellaire ou des anomalies du placenta ou du cordon peuvent aussi entraîner un retard de croissance. Enfin, si la maman est mal alimentée ou souffre d’anémie sévère, cela peut perturber la croissance du bébé.

Toutefois, les gynécologues n'expliquent pas toujours ces retards de croissance : dans 30 % des cas de RCIU, aucune cause n’est identifiée.

Facteur de risque du RCIU : jumeaux, première grossesse, jeune maman, etc.

Certains facteurs prédisposent au retard de croissance :

  • le fait que la future maman soit enceinte pour la première fois ;
  • le fait qu’elle souffre d’une malformation de l’utérus ;
  • la taille de la mère : une taille inférieure à 1,50 m augmente le risque de RCIU ;
  • l’âge joue également, puisque le RCIU est plus fréquent avant 20 ans ou après 40 ans ;
  • de mauvaises conditions socio-économiques augmentent aussi le risque ;
  • enfin, une pathologie maternelle (maladie cardio-vasculaire, par exemple), ainsi qu’une nutrition insuffisante ou un antécédent de RCIU peuvent également majorer sa survenue.

Retard de croissance : quelles conséquences pour le bébé qui a un petit poids ?

Le retentissement sur l’enfant dépend de la cause, de la sévérité et de la date d’apparition du retard de croissance pendant la grossesse. Plus l'accouchement est prématuré, plus les conséquences sur le bébé peuvent être importantes. 

Parmi les complications les plus fréquentes, on trouve :

  • des perturbations biologiques ;
  • une moins bonne résistance aux infections ;
  • une mauvaise régulation de la température du corps : le bébé se réchauffe mal ;
  •  une augmentation anormale du nombre de globules rouges.

La mortalité est également plus importante, surtout chez les nourrissons ayant souffert d’un manque d’oxygène ou ayant de graves infections ou malformations.

Si la majorité des bébés rattrapent leur retard de croissance, le risque de petite taille définitive est sept fois plus élevé chez les enfants nés avec un retard de croissance intra-utérin.

Comment favoriser la croissance et augmenter le poids du bébé dans le ventre ? Y a-t-il un traitement possible ?

Malheureusement, il n’existe pas de traitement curatif des RCIU.

La première mesure sera de mettre la maman au repos, couchée sur le côté gauche ou, dans les formes de RCIU sévères avec apparition d’une souffrance fœtale, de faire naître le bébé plus tôt.

RCIU : quelles précautions pour une prochaine grossesse ?

Le risque d’une récidive de RCIU avoisine les 20 %. Pour l’éviter, certaines mesures préventives sont proposées à la maman, à savoir :

  • un suivi échographique de la croissance du bébé ou un dépistage renforcé d’une hypertension ;
  • en cas de RCIU d’origine toxique, on recommande à la maman la suppression du tabac, de l’alcool ou des drogues ;
  • si la cause est nutritionnelle, un accompagnement vers une alimentation équilibrée, ainsi qu'une supplémentation vitaminique seront prescrits ;
  • un conseil génétique est aussi entrepris en cas d’anomalie chromosomique ;
  • après la naissance, la maman sera vaccinée contre la rubéole si elle n'est pas immunisée, en prévision d'une nouvelle grossesse.

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