Sauver des vies avant la naissance grâce à la chirurgie in utero

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le par Najwa Chaddou

Encore méconnue, la chirurgie fœtale se développe pour un nombre croissant de pathologies. Zoom sur ces interventions pointues.

La chirurgie fœtale : qu’est-ce que c’est ?

Les progrès de la médecine sont tels qu’on peut aujourd’hui opérer un fœtus dans le ventre de sa mère. Encore méconnue, la chirurgie fœtale se développe pour un nombre croissant de pathologies. Zoom sur ces interventions pointues.

C’était en 2012 en Espagne. Opérée in utero à seulement 26 semaines en raison d’un problème pulmonaire, la petite Alaitz était sauvée. Qualifiée de première mondiale, cette opération avait fait le tour du monde et mis en lumière cette chirurgie encore méconnue du grand public. Née aux Etats-Unis dans les années 80, la chirurgie fœtale a connu des hauts et des bas. Au départ, les fœtus étaient opérés comme des bébés. Les pédiatres intervenaient de la même manière qu’ils auraient pu le faire après la naissance. Les conséquences étaient dramatiques. Extrêmement invasif pour le fœtus et pour la mère, ce mode opératoire provoquait des naissances prématurées et la perte de nombreux bébés. Une nouvelle approche s’est alors développée. Partant du principe qu’il vaut toujours mieux opérer à la naissance, les chirurgiens ne traitent plus la malformation en tant que telle, ils essaient de prévenir ses conséquences sur le bébé pendant la vie intra-utérine. L’objectif est d’agir suffisamment tôt pour contrecarrer les effets en cascade in utero.

La chirurgie fœtale, une alternative à l’IMG

Lorsqu’on propose une chirurgie intra-utérine, on est face à des anomalies qui sont suffisamment graves pour conduire à une interruption volontaire de grossesse si le couple le demande. La plupart du temps, la malformation ou la maladie est décelée au cours de la première échographie. Mais pas question d’intervenir tout de suite. « Cela n’a pas de sens d’opérer au premier trimestre, explique le Pr Yves Ville, chef du service de gynécologie obstétrique de l’hôpital Necker Enfants Malades et spécialiste du domaine. Il faut que l’utérus tolère la chirurgie. En général on attend la moitié de la grossesse, idéalement vers 20 semaines. » Les parents sont évidemment les premiers concernés. « On passe beaucoup de temps à leur expliquer la nature du problème, pourquoi intervenir avant la naissance peut éviter telle ou telle conséquence, ce qu’on est à même de pouvoir faire. Mais c’est à eux que revient la décision finale », poursuit le spécialiste. L’opération d’un bébé in utero reste en effet une intervention très délicate.

Spina Bifida : opération in utero

Le spina bifida se caractérise par un défaut de fermeture de plusieurs vertèbres de la colonne vertébrale, qui laisse la moelle épinière sans protection. La malformation peut aboutir à une paralysie des membres inférieurs, un mauvais contrôle des sphincters, et dans les cas les plus graves une accumulation de liquide céphalorachidien dans le cerveau qui compromet le développement cognitif.

Les risques de la chirurgie in utero : la survie du foetus en jeu

Le risque d’interrompre la grossesse est de l’ordre de 10 à 15 %. A l’instar de l’amniocentèse, il arrive que ces opérations provoquent une rupture de la poche des eaux et entraînent une fausse couche.

Chirurgie fœtale : focus sur les interventions

Toutes indications confondues, la chirurgie fœtale concerne  environ 1500 grossesses par an. Très pointue, elle permet d’intervenir sur des malformations précises.

L’opération intra-utérine se déroule sous anesthésie locale ou péridurale. Elle est en principe réalisée par voie endoscopique. Guidée par l’échographie, le chirurgien introduit dans le ventre de la mère un trocart (grosse aiguille) qui contient à la fois un télescope, un instrument ou une fibre laser pour pouvoir opérer. L’endoscopie permet de visualiser en direct sur un écran le placenta et donc de guider les instruments chirurgicaux. En général, la maman est hospitalisée pendant 24h. Elle devra se reposer pendant les jours qui suivent.

Sujets associés