Bisphénol A, un risque important pour le fœtus

Publié par Marie de Laitre  |  Mis à jour le

Bisphénol A : les risques confirmés chez la femme enceinte et son bébé

L’Anses a rendu mardi 9 avril les résultats de son étude sur les risques du bisphénol A sur la santé humaine et confirme les conséquences délétères pour le foetus d'une exposition régulière de sa mère.

L’Anses s’intéresse à la question depuis 3 ans. Suite à son premier rapport, une loi a été adoptée en 2012 pour réduire l’utilisation du bisphénol A. Cette nouvelle étude confirme ses premiers résultats et les précise.
Les périodes d’exposition les plus sensibles surviennent à l’état fœtal, néonatal, la puberté et le vieillissement (des études sont à venir pour cette dernière période). Pour une femme enceinte, le risque porte essentiellement sur la contamination de son fœtus.  Quelles en sont les conséquences ? Le BPA provoque "un risque de modification cellulaire de la glande mammaire pouvant conduire à un développement tumoral plus tard" explique le président de l’Anses. En outre, des effets ont été observés sur le cerveau, le comportement, l’appareil reproducteur féminin avec un risque d’infertilité, le métabolisme et l’obésité. Lors de la découverte de BPA dans les tickets de caisse en 2010, l’Anses s’était voulue rassurante. Elle revoit aujourd’hui sa position, expliquant qu’une exposition prolongée est "une situation à risque notamment dans un cadre professionnel". Pour cette étude, 50 tickets de caisse ont été analysés. Seulement 2 ne contenaient pas de bisphénol A ou S. Le BPA n’est pas accumulé dans l’organisme : c’est une exposition continuelle persistante qui provoque la contamination. L’Anses souhaite donc qu’une étude de biométrologie chez les caissières enceintes soit menée au plus vite, afin de vérifier ses résultats et de fixer des mesures à prendre.

Les voies de contamination

Du bisphénol A dans des biberons en 2010, puis dans des tickets de caisse en 2012… L’Anses a, pour la première fois, détaillé les expositions réelles de la population à cette substance toxique. Trois voies ont ainsi été reconnues :

La voie alimentaire constitue la principale source de contamination. 1162 échantillons de denrées alimentaires et 336 échantillons d’eau ont été analysés. Les boites de conserve sont responsables à 50% de cette contamination alimentaire. En effet, leur revêtement intérieur de résine époxyde contient du bisphénol A, qui migre ensuite dans les aliments. 10 à 15% des produits issus de la mer serait également source de contamination et entre 25 à 30% des aliments ont une contamination dont l’origine n’est pas identifiée. Concernant les femmes enceintes, c'est par l’absorption d’aliments contaminés (principale source d’exposition à 84%), que le BPA traverse le placenta et rejoint le fœtus. Sans que les chercheurs ne parviennent à déterminer si le BPA reste dans le liquide amniotique.

La voie cutanée : l’organisme est contaminé par la simple manipulation d’objets contenant du bisphénol. Le BPA est utilisé pour la fabrication du polycarbonate (plastique dur, transparent et recyclable), dans de nombreux ustensiles ou pour l’impression thermique (tickets de caisse, reçus bancaires). La voie cutanée est la plus directe et la plus dangereuse. Le BPA pénètre directement dans l’organisme, contrairement à la voie alimentaire qui, par la digestion, dispose de nombreux filtres. "Des recherches avec l’INRS vont être menées à ce sujet" précise le directeur de l’Anses, pour mieux connaitre les effets d’une absorption par voie cutanée. Pour les femmes enceintes, manipuler fréquemment des objets contenant du bisphénol A est une situation à risque, puisque la substance toxique pénètre directement dans l’organisme par la peau. D’où l’inquiétude spécifique concernant les caissières enceintes manipulant quotidiennement des tickets contenant du Bisphénol.

La voie respiratoire, par inhalation des particules et poussières contaminées et contenues dans l’air ambiant.

Les alternatives au bisphénol

73 alternatives ont été identifiées par les chercheurs "sans qu’aucune ne puisse remplacer tous les usages du bisphénol de manière universelle", précise le directeur de l’Anses. Les chercheurs manquent de données pour évaluer les risques chez l’homme exposé à ces substances alternatives à faible dose sur le long terme. Il faudrait pour cela mener une étude sur une longue période. Or, estime l'Anses, "on ne peut attendre le résultat de ce genre d’étude pour agir". 

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