Placenta praevia : définition, risques, prise en charge

On qualifie de "praevia" un placenta inséré trop bas et recouvrant partiellement ou totalement le col de l’utérus. Le docteur Sabban, gynécologue-obstétricien, détaille les causes et conséquences de cette anomalie utérine rare.

Avec Docteur Frédéric Sabban, gynécologue-obstétricien

Définition : c'est quoi le placenta prævia ?

Le placenta est l’organe clé qui fait le lien entre la mère et le bébé durant la grossesse, en filtrant le sang maternel apporté au fœtus. Dans moins de 5 % des grossesses, le placenta s'insère trop bas, on appelle cette anomalie du placenta, un placenta praevia.

Placenta praevia central (recouvrant) et placenta praevia marginal (partiel)

« Le placenta praevia correspond à un placenta inséré sur une partie basse de l’utérus que l’on appelle segment inférieur », définit Frédéric Sabban, gynécologue-obstétricien. « Ce placenta recouvre alors totalement ou partiellement le col de l’utérus. » On parle de placenta praevia central lorsqu'il le recouvre totalement et de placenta praevia marginal lorsqu'il le retrouve partiellement.

Placenta praevia : quelles sont les causes de placenta bas chez la femme enceinte ? Qu'est-ce qui peut le provoquer ?

Concernant les causes pouvant expliquer cette configuration, on trouve notamment la forme de l’utérus, la présence d’éventuels fibromes empêchant une implantation plus haute du placenta, ou encore le tabagisme. L’âge est également un facteur de risque : les femmes de plus de 35 ans sont plus concernées que les autres. Le risque augmente aussi en cas de grossesse multiple.

Placenta praevia : avoir eu un placenta accreta peut-il jouer un rôle ?

Par ailleurs, comme dans le cas d’un placenta accreta (implantation profonde du placenta dans le muscle utérin) durant une précédente grossesse, le fait d’avoir subi un curetage, une césarienne ou un autre type de chirurgie utérine engendrant une cicatrice peut conduire à une insertion placentaire basse. Cependant, toutes les femmes ayant cette pathologie du placenta n’ont pas forcément un utérus cicatriciel.

Diagnostic et précautions du placenta praevia

Le plus souvent, un placenta praevia se détecte par échographie, dès le premier trimestre de grossesse, « car la patiente présente des saignements inexpliqués », explique le spécialiste. « Cette anomalie conduit souvent à prescrire un arrêt de travail très précoce et un repos strict, afin d’éviter toute contraction. »

En effet, le fait d’avoir des contractions peut augmenter les saignements, avec un risque hémorragique pouvant conduire, entre autres, à un accouchement prématuré.

Placenta praevia : peut-on avoir des rapports sexuels ?

Une période de repos est donc vivement conseillée pour la future maman, ainsi qu’un arrêt des rapports sexuels et des activités physiques intenses.

Par ailleurs, sachant que l'examen digital cervical peut augmenter les saignements, le toucher vaginal est également contre-indiqué.

Placenta praevia : existe-t-il un traitement ?

Outre ces précautions, un suivi rapproché par échographies peut être mis en place à partir du troisième trimestre, pour voir comment ce placenta évolue.

Lorsqu'il y a un premier saignement avant 36 semaines d'aménorrhée, la future maman devra être hospitalisée jusqu'à ce que l'hémorragie s'arrête.

S'il y a un deuxième épisode de saignement, la patiente sera réadmise à l'hôpital et pourra être gardée en observation jusqu'à son accouchement.

Lorsque l'accouchement précoce devient nécessaire et que l'âge gestationnel est inférieur à 34 semaines d'aménorrhée, certains médecins administreront à la patiente des corticostéroïdes afin d'accélérer la maturité pulmonaire du fœtus.

Position du placenta : quels sont les symptômes et risques d'un placenta bas ? Y a-t-il des complications possibles ?

Le principal symptôme du placenta praevia est la présence de saignements rouge vif inexpliqués et indolores, le plus souvent en deuxième partie de grossesse.

Il peut provoquer des nombreuses complications à la fois pour le fœtus et la future maman. Parmi ceux-ci :

un retard de croissance intra-utérine avec une détresse fœtale (manque d'oxygène) ;
une hémorragie nécessitant une transfusion de la mère ;
un placenta accreta ;
un accouchement prématuré.

Placenta praevia : comment se déroule l'accouchement ? Faut-il forcément une césarienne ?

Lorsque le terme se rapproche, et puisqu’il n’existe aucun traitement contre le placenta praevia, l’équipe médicale devra décider de la marche à suivre. En effet, un placenta praevia recouvrant, c’est-à-dire qui couvre totalement le col de l’utérus, aboutira obligatoirement à une césarienne, sans quoi le risque d’hémorragie de la délivrance sera plus important.

Placenta bas durant la grossesse : jusqu'à quand peut-il remonter ?

Cependant, le placenta peut être amené à bouger légèrement durant la grossesse jusqu'à 34 semaines d'aménorrhée. « Il peut par exemple être recouvrant durant le premier trimestre, puis remonter au cours de la grossesse », rassure Docteur Sabban.

Aussi, si le placenta est situé à 3 ou 4 centimètres du col, un accouchement par voie basse est tout à fait envisageable. Seule la position finale du placenta avant l’accouchement décidera de la méthode choisie pour mettre au monde le bébé.

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