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Placenta accreta, percreta ou increta : une complication de la grossesse à surveiller

Publié par Hélène Bour  |  Mis à jour le par Antoine Blanchet

Le placenta accreta, increta ou encore percreta, est une anomalie placentaire rare mais potentiellement grave. De quoi s’agit-il ? Qu’est-ce que ça implique pour notre grossesse ou notre accouchement ? On fait le point avec le Dr Frédéric Sabban, gynécologue-obstétricien.

Au cours d'un accouchement, le placenta, après la naissance de l'enfant, se détache de la paroi utérine. Mais, parfois, il peut arriver que le placenta soit implanté trop profondément dans l'utérus et ne se détache pas. Il s'agit alors d'un placenta accreta, increta ou percreta, en fonction de son attache, qui peut potentiellement être détecté pendant la grossesse, afin d'adapter le suivi médical et le déroulé de l'accouchement.

Placenta accreta, percreta ou increta : c'est quoi ?

« Le placenta accreta, increta ou percreta correspond à une mauvaise position du placenta au sein de l’utérus », indique docteur Frédéric Sabban, gynécologue-obstétricien à Paris. Si le placenta est accreta, increta ou percreta, au lieu d’être uniquement fixé à la muqueuse utérine (ou endomètre), il est placé trop profondément.

En fonction du positionnement du placenta, on parle de placenta accreta lorsqu'il est légèrement inséré, jusque dans le myomètre (muscle utérin), de placenta increta lorsqu’il est complètement inséré dans ce muscle, et de placenta percreta lorsqu’il « déborde » au-delà du myomètre, vers les organes voisins.

Diagnostic : comment le détecter ?

Peu de symptômes permettent de soupçonner un placenta placé ainsi, c'est pourquoi cette pathologie est généralement diagnostiquée tardivement, au cours du troisième trimestre ou en toute fin de grossesse. La plupart du temps, le diagnostic s’effectue par échographie ou par IRM (imagerie par résonance magnétique) pelvienne. Le plus souvent, ce sont des saignements anormaux (d'un rouge vif mais indolores) en fin de grossesse, voire au début du travail, qui suggèrent la présence de cette anomalie.

Anomalie placentaire : quelles en sont les causes ?

Selon Frédéric Sabban, le principal facteur de risque est le fait d’avoir un utérus cicatriciel : qui contient une (ou plusieurs) cicatrice(s), à la suite d’une opération. Il peut aussi bien s’agir d’une cicatrice due à une anomalie utérine opérée (fibrome, endométriose intra-utérine,…) que d’une cicatrice résultant d’une césarienne.

Par ailleurs, lors d’une IVG ou d’une fausse couche, un curetage est souvent pratiqué. Cela consiste à gratter à l’aide d’un instrument chirurgical la surface de l’utérus afin d'enlever les restes de placenta. Le curetage peut lui aussi occasionner une cicatrice et aboutir ensuite à cette anomalie utérine.

Outre une chirurgie de l'utérus, certains facteurs augmentent le risque de faire face à un placenta qui ne se décroche pas pendant l'accouchement : 

  • La multiparité : le risque d'avoir un placenta accreta, percreta ou increta augmente à chaque grossesse
  • Être âgée de plus de 35 ans
  • La présence de fibromes sous-séreux
  • Des lésions endométriales
  • Avoir un placenta prævia

La présence d’un placenta accreta, ou d’un de ses dérivés, est en augmentation depuis les années 1950 mais reste heureusement relativement rare : il concerne 2 à 3 % des femmes ayant un utérus cicatriciel. Le risque d’avoir ce type d’anomalie placentaire est extrêmement rare chez les autres femmes.

Liens avec un placenta prævia

Si vous avez un placenta prævia, le risque qu'il ne se décroche pas est plus élevé. Un placenta prævia est une maladie qui occasionne une implantation du placenta dans la partie basse de l'utérus. Il recouvre alors le col de l'utérus, soit en partie, soit en totalité. 

IRM et échographie : quelle prise en charge pendant la grossesse ?

Un placenta accreta, percreta ou increta ne peut être soigné. Mais s'il est diagnostiqué pendant la grossesse, le suivi pourra être adapté : un accouchement par césarienne sera le plus souvent planifié, des échographies et potentiellement une IRM seront réalisées, une amniocentèse vous sera proposée... 

Parfois, la prise de corticoïdes est prescrite afin d'accélérer le développement des organes de bébé et s'assurer qu'un accouchement prématuré par césarienne sera possible. 

Les conséquences pour l'accouchement : risques, anesthésie, césarienne...

Un placenta accreta, percreta ou increta nécessite une prise en charge particulière lors de l’accouchement. En effet, le principal risque est une hémorragie sévère ou hémorragie de la délivrance, qui menace grandement la santé de la mère. Afin de limiter au maximum les complications, l’équipe médicale recoure le plus souvent à l'accouchement par césarienne. Un ou une anesthésiste conseillera la patiente sur l'anesthésie la plus adaptée pour sa césarienne.

Frédéric Sabban insiste : « Une grossesse avec placenta accreta nécessite un accouchement très médicalisé, afin que la patiente puisse être transfusée en cas de grosse hémorragie. » Des précautions auront alors été prises afin de pouvoir pratiquer une éventuelle transfusion, afin de connaître notamment le groupe sanguin de la patiente. Par ailleurs, si la vessie est envahie par un placenta percreta, un ou une urologue sera contacté.e. 

Après la grossesse : faut-il envisager une opération (hystérectomie) ?

Après l'accouchement, les médecins pourront proposer une ablation de l’utérus (hystérectomie) ou une chirurgie conservatrice en fonction du désir de nouvelle grossesse de la patiente.

 

 

 

 

 

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