Diabète gestationnel : définition, risques et dépistage

Publié par Ysabelle Silly  |  Mis à jour le par Hélène Bour

Un diabète gestationnel peut apparaître pendant la grossesse lors du le 2e ou 3e trimestre. La future maman qui présente cette pathologie est étroitement surveillée. En effet, le diabète pendant la grossesse peut provoquer des complications. On fait le point sur les risques et son dépistage.

Qu'est-ce que le diabète de grossesse ?

On parle de diabète quand le taux de sucre dans le sang est plus élevé que la normale. Il arrive que ce trouble apparaisse pour la première fois pendant la grossesse. C’est le diabète gestationnel. L’organisation mondiale de la santé (OMS) le définit comme « une anomalie de la tolérance glucidique qui entraîne une hyperglycémie ». Il est généralement dépisté après le deuxième trimestre et disparaît naturellement durant le post-partum, dans la grande majorité des cas. Petite précision, à l’occasion de la grossesse, on peut aussi découvrir un diabète de type 2, préexistant. Celui-ci, malheureusement, persiste après l’accouchement.

Diabète gestationnel : quelle en est la cause ?

Le diabète gestationnel est un trouble de la tolérance au glucose, qui entraîne un excès de sucre dans le sang, ou hyperglycémie. On dit que la grossesse est “diabétogène” car les hormones de grossesse nuisent au travail de l’insuline, hormone produite par le pancréas pour réguler la glycémie. Un état d’insulinorésistance peut donc apparaître, d'autant plus lorsque le pancréas ne parvient pas toujours à répondre à la hausse des besoins en insuline.

Diabète gestationnel : quels en sont les signes et symptômes ?

Le diabète gestationnel peut hélas passer inaperçu, du moins par la future maman. On parle alors de diabète asymptomatique. Chez d’autres, en revanche, il peut se manifester de la même manière qu’un diabète “classique”, à savoir : une soif intense, des mictions (urines) fréquentes (qui peuvent être prises pour un symptôme de grossesse classique), une augmentation du volume des urines, une fatigue importante et inhabituelle (là aussi, difficile de faire la part des choses avec la fatigue inhérente à l’état de grossesse), des maux de tête ou encore des infections urinaires.

On l’aura compris, ces symptômes ne sont pas vraiment spécifiques, d’où la difficulté de les repérer dans le cadre d’une grossesse. C’est pourquoi la grossesse est une période si suivie au niveau médical, et le dépistage systématisé en cas de facteurs de risques.

Dépistage du diabète gestationnel : qui est concerné ?

Depuis 2010, le dépistage du diabète gestationnel n'est plus systématique. Il n'est réservé qu'aux femmes ayant des facteurs de risques. Cependant, un dépistage peut être nécessaire en l'absence de facteurs de risques mais en présence de signes évocateurs. Par exemple en cas de hauteur utérine importante, d'hydramnios (quantité trop importante de liquide amniotique) ou en présence d'un "gros bébé".

Quand doit-on faire le test ?

Le dépistage ciblé est cependant de mise pour les futures mamans à risque. Sont concernées :

  • les femmes enceintes dont l'âge est supérieur à 35 ans,
  • celles qui ont un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 25 (surpoids, ou obésité),
  • celles ayant des antécédents personnels ou familiaux au 1er degré de diabète,
  • les femmes ayant eu un diabète gestationnel lors d’une précédente grossesse,
  • et celles ayant donné naissance à un bébé dont le poids était supérieur à 4 kg (macrosomie).

A noter : il suffit d’avoir un seul de ces critères pour être considérée comme "à risque". Dans ce cas, la surveillance de la glycémie (taux de sucre dans le sang) est renforcée.

On conseille maintenant de faire un dépistage des femmes enceintes considérées comme à risque dès la première consultation en réalisant un dosage de la glycémie à jeun (prise de sang). Objectif : ne pas ignorer un diabète de type 2. Toutes les femmes qui ont un taux de sucre dans le sang inférieur à 0,92 gramme par litre sont considérées comme "normales". 

Test HGPO : quel taux de glycémie ne faut-il pas dépasser ?

Un autre examen est alors prévu entre la 24e et la 28e semaine d'aménorrhée. Il s’agit d’un dosage de la glycémie pratiqué à jeun, à 1 puis à 2 heures après la prise de 75 g de glucose. Ce test est appelé « Hyperglycémie provoquée par voie orale » (HGPO). Vous avez un diabète gestationnel si vous dépassez 0,92 g/l à jeun, 1,80 g/l à 1 heure après l'ingestion et 1,53 g/l à 2 heures. Une seule de ces valeurs pose le diagnostic.

Diabète gestationnel : quels risques pour le bébé et la maman?

La future maman qui présente un diabète gestationnel est étroitement surveillée pendant sa grossesse. Cette pathologie peut en effet provoquer une augmentation du risque de certaines complications :

  • Un risque de prééclampsie (hypertension artérielle gravidique)
  • L’augmentation du risque de fausses couches, surtout s’il s’agit d’un diabète de type 2
  • Un poids excessif du bébé, qui peut provoquer des complications à l’accouchement, d’où un nombre plus important de césarienne
  • Une « souffrance fœtale » en fin de grossesse due à une mauvaise oxygénation du bébé
  • Un risque de détresse respiratoire si le diabète a débuté tôt dans la grossesse et que l’accouchement a été très prématuré
  • Une hypoglycémie pendant les premiers jours du bébé, pouvant conduire à des absences, voire des pertes de connaissance et des convulsions. Il est directement en relation avec les niveaux de glycémie de la mère aux cours des dix jours qui précèdent l'accouchement.

En vidéo : Sucres dans les urines : que faire ?

Quels sont les traitements du diabète gestationnel ?

  • Consultez un diététicien dès le diagnostic du diabète gestationnel établi. Il vous proposera un régime alimentaire adapté : suppression des sucres rapides, répartition des féculents (pommes de terre, riz, pâtes etc.) sur les trois repas. Il pourra, en fonction des bilans biologiques, avoir recours à des injections d'insuline.
  • Surveillez chaque jour votre glycémie selon le rythme recommandé par votre médecin. Prévenez-le si elle est supérieure à 0,95 g/l avant les repas et à 1,20 g/l après les repas.
  • Montez sur la balance une fois par semaine ! Une pesée régulière permet à votre médecin d’adapter votre traitement et de mieux vous aider à contrôler votre prise de poids.
  • Faites de l’exercice ! En termes d'activités physiques grossesse-compatibles, les médecins conseillent la marche, la natation, le stretching ou une gymnastique spéciale grossesse, 30 min 3 à 5 fois par semaine.

Qu'on se rassure, généralement, une bonne hygiène de vie associée à un régime alimentaire sain et équilibré suffisent à gérer le diabète gestationnel. L'important étant d'être bien suivie et accompagnée pour cela.

Diabète gestationnel : quelles conséquences pour l'accouchement et ensuite ?

Rassurez-vous, si vous êtes bien suivie, que vous suivez bien le régime, votre grossesse se passera très bien. En cas de diabète gestationnel, la naissance peut avoir lieu dans tous les types de maternité (sauf prématurité, malformation grave ou anomalie majeure de la croissance fœtale). Et bonne nouvelle : votre enfant ne sera pas forcément diabétique. Ce risque ne semble pas lié au niveau de sucre dans le sang de la future maman mais à la transmission d’une partie de son capital génétique. De votre côté, vous pourrez à nouveau manger normalement dès le lendemain de l'accouchement. La surveillance de vos glycémies sera poursuivie dans les jours suivant l’accouchement et quelques semaines après. Sachez que, malheureusement, il y a de forts risques de développer à nouveau un diabète gestationnel lors de votre prochaine grossesse.

Un conseil : n'attendez pas les test pour réduire drastiquement les sucres rapides lors de cette nouvelle grossesse, vous n'aurez peut-être pas besoin de faire un régime particulier !

Sujets associés