Masque de grossesse, vergetures… Comment prendre soin de sa peau noire pendant la grossesse ?

Tout d’abord, commençons par tordre le cou à une idée reçue : la peau noire n’a pas une structure différente de la peau blanche. « C’est le premier message à faire passer, estime Camille Fitoussi, dermatologue et orientée sur la prise en charge des peaux noires. La peau a la même structure chez tous les humains, avec une couche cornée, un épiderme, un derme, etc. »

Seule diffère la quantité de pigments de mélanine, qui donne la couleur de peau. Chez tous les humains, ce sont les mélanocytes, des cellules situées au niveau de la couche inférieure de l’épiderme, qui fabriquent les pigments de la peau. Les peaux noires et les peaux blanches comptent le même nombre de mélanocytes. Les mélanocytes des peaux noires produisent simplement plus de pigments que ceux des peaux blanches.

Si les peaux noires ont la même structure que les peaux blanches, elles ont tout de même quelques spécificités. Outre la différence de pigmentation, les peaux noires diffèrent des blanches au niveau de la cicatrisation, qui va être meilleure, plus rapide notamment, mais, en revanche, plus visible.

Elles souffrent aussi parfois de désagréments liés à l’acclimatation, supportant mal les climats tempérés et continentaux. Car s’il fait entre 22 et 35 °C toute l’année en Guadeloupe, en Côte d’Ivoire ou encore au Bénin, les températures oscillent entre -10 et 30 °C en France. De plus, le taux d’humidité en France dépasse rarement 80 %, alors qu’il atteint souvent 95 % dans ces trois pays par exemple. En outre, le chauffage que l’on met en France métropolitaine l’hiver a tendance à assécher l’air.

Les personnes à la peau noire vivant dans les pays du Nord peuvent donc souffrir de ce climat sec et développent souvent une sécheresse cutanée, ou un excès de sébum (gras), en réaction à cette sécheresse, notamment sur le visage.

Pour Camille Fitoussi, « le marketing ethnique spécialement conçu pour les peaux noires n’a aucun sens », puisque les peaux noires ne sont pas foncièrement différentes des blanches. Notons que ce n’est pas le cas pour les cheveux bouclés des personnes noires, qui ont une réelle spécificité. Mais pour la peau, mieux vaut se méfier des dermatologues qui se prétendent « spécialistes des peaux noires », puisqu’il n’existe aucune formation médicale spécifique. Il vaut mieux demander si notre dermatologue connaît bien les peaux noires pour juger de sa compétence.

Confrontées aux climats secs et froids, les peaux noires nécessitent cependant une routine de soin toute particulière. Pour lutter contre la peau sèche, pas de miracle, il faut hydrater. Après la douche, on applique chaque jour une crème hydratante, en veillant cependant à ne pas utiliser la même pour le corps et le visage, qui peut développer de l’acné.

Pendant la grossesse, on redoute souvent l’apparition de vergetures sur le ventre ou les cuisses, jugées inesthétiques (alors qu’elles sont tout à fait normales). Les peaux foncées n’ont pas plus de risque que les claires de développer des vergetures durant la grossesse. En revanche, elles se verront davantage sur les peaux noires, où elles forment des cicatrices plus blanches que le reste de l’épiderme.

Peau blanche ou peau noire, même combat : il n’existe, hélas, aucune crème miracle, capable d’empêcher l’apparition des vergetures. Celles-ci résultent d’une fracture du derme (la couche de cellules situées sous l’épiderme) due à un changement de volume trop brutal. Selon la docteure Fitoussi, « acheter des crèmes anti-vergetures et chères ne sert à rien, puisque la vergeture ne vient pas de l’hydratation de la peau, mais de la distension de la peau ».

Contre les vergetures, il faut donc agir en amont. Une grossesse précoce (avant 20 ans, en moyenne) ou une prise de poids trop importante durant celle-ci vont augmenter le risque de vergetures liées à la grossesse. En conséquence, on essaie de limiter sa prise de poids (9 à 12 kg pour une grossesse simple, 15 à 20 kg pour une grossesse gémellaire), et on continue à hydrater suffisamment sa peau !

Une fois qu’elle est installée, la vergeture sera difficile, voire impossible à déloger. Mais elle pourra s’atténuer avec le temps et si la peau est suffisamment hydratée. Côté crème, on privilégie les soins qui contiennent des ingrédients tels que la glycérine, la vaseline, les huiles végétales ou le beurre de karité. « En pharmacie, des crèmes de type Ictyane®, Dexeryl®, Topicrem® ou encore Lipikar® font tout à fait l’affaire », assure la spécialiste.

Malheureusement, ces crèmes n’agiront qu’en surface, sur la couche superficielle de l’épiderme, et ne rentreront pas plus profondément. Leur action anti-vergetures est donc limitée, même s’il s’agit de crèmes spécialement conçues contre les vergetures ou d’huiles anti-vergetures. « Pour pouvoir pénétrer plus profondément la peau, il faudrait un médicament », explique la dermatologue. Toutefois, appliquées en massages réguliers, ces crèmes aident tout de même la peau à retrouver un peu de fermeté.

Et pour celles qui seraient tentées par la chirurgie pour faire disparaître les vergetures, sachez qu’elle ne fait pas non plus de miracles. Le laser n’a aucune action. « Pire, il brûle la peau », nous assure Camille Fitoussi, qui le compare à « une lance à incendie ». Idem pour les injections proposées par certains instituts.

Une plastie abdominale peut cependant porter ses fruits face à un ventre distendu par une grossesse. Mais il ne faut attendre aucune aide miracle de la chirurgie pour faire disparaître les vergetures des cuisses.

En général, le masque de grossesse, aussi appelé melasma, apparaît progressivement, en fonction de l’exposition au soleil, par taches plus foncées que la couleur naturelle de notre peau. Prudence, il reste souvent plus visible et est plus tenace sur une peau mate ou noire. Il prédomine souvent au niveau des pommettes, du front et des paupières.

D’autres facteurs peuvent favoriser l’apparition du masque de grossesse, notamment des raisons génétiques ou, alors qu’on n’est pas enceinte, une contraception contenant une forte quantité d’œstrogènes. Eh oui, si le masque de grossesse apparaît à cette période de vie, c’est encore et toujours une question de bouleversement hormonal, que la contraception peut donc également entraîner.

Il est rare qu’il apparaisse avant le 4e mois de la grossesse, mais il peut ensuite se développer à n’importe quel moment, jusqu’à l’accouchement, voire un peu après. On prend donc soin de se protéger des rayons UV même après notre accouchement si on souhaite éviter son apparition. Bonne nouvelle : souvent le masque de grossesse régresse de lui-même quelque temps après notre accouchement.

Comme pour les peaux blanches, la prévention du masque de grossesse chez les peaux mates et noires consiste à se protéger des UV. Chapeaux, lunettes, crème solaire à appliquer quotidiennement… De manière générale, il est conseillé aux femmes enceintes de ne pas trop s’exposer au soleil. Car le masque de grossesse se verra particulièrement chez les peaux mates et métisses, en raison de la différence de couleur entre les taches et la peau.

Les produits dépigmentants sont vivement déconseillés et leur prise doit absolument être encadrée par un ou une dermatologue. Moins dangereux, mais inefficaces, il est également recommandé d’éviter de faire des gommages ou des peelings sur les zones touchées par le masque de grossesse.

Enfin, la dermatologue insiste sur la nécessité pour les femmes noires de prendre des compléments en fer durant la grossesse. Celles-ci sont en effet plus sujettes aux carences pour des raisons physiologiques, et risquent donc davantage de perdre leurs cheveux.