A l’hôpital ou à domicile avec une sage-femme étrangère : les autres cas d’accouchements transfrontaliers

Publié par Gaëlle Guernalec-Levy  |  Mis à jour le par

A l’hôpital ou à domicile avec une sage-femme  étrangère : les autres cas d’accouchements  transfrontaliers

Il est impossible d’avoir des chiffres au niveau national, ne serait-ce qu’une estimation concernant ces femmes qui passent la frontière, ou font passer la frontière à des professionnels pour accoucher selon leur souhait. La CPAM de la Haute-Savoie reçoit environ 20 demandes par an. Le cas de Eudes Geisler, en butte avec la CPAM de Moselle, incite en tous cas les femmes à raconter leur expérience, et leurs éventuelles difficultés de prise en charge. Maud habite en Haute-Savoie. « Pour mon premier enfant, à l’hôpital, j’avais fait savoir que je ne voulais pas de médicalisation mais les équipes changent et il est difficile d’être soutenue dans ses choix sur la durée. J’ai eu une péridurale alors que je n’en voulais pas. Mon bébé n’est pas resté sur moi, on lui a donné un bain tout de suite. » Elle accouche de son deuxième bébé chez elle, avec une sage-femme française. « Une fois qu’on a goûté à l’accouchement à domicile il est difficile d’envisager autre chose. » Mais lorsqu’elle est enceinte de son troisième enfant,  la sage-femme n’exerce plus. 

Accouchement à domicile avec une sage-femme suisse : refus de la sécu

« Je voulais trouver une solution en France, vraiment, assure Maud. Mais la seule sage-femme que j’ai trouvée était à Lyon. C’était vraiment trop loin, notamment pour un troisième. Nous ne sommes pas inconscients, on ne veut pas mettre notre vie ou celle du bébé en danger. Il faut pouvoir être rapatrié rapidement vers un hôpital. Par des connaissances on s’est orientés vers la Suisse. Un couple nous avait expliqué avoir accouché à domicile, en France, avec une sage-femme suisse, et avoir été remboursé sans difficulté. Un mois et demi avant le terme, nous avons contacté cette sage-femme qui était d’accord.» Celle-ci assure au couple que la prise en charge ne pose pas de problème, qu’il suffit de demander le formulaire E112. Or, Maud se heurte à un refus. La raison : la sage-femme suisse n’est pas affiliée à l’ordre des sages-femmes françaises. « Depuis elle s’est affiliée, explique Maud. Mais nous n’arrivons pas à obtenir ce formulaire. La sage-femme n’a toujours pas été payée car nous ne pouvons pas avancer l’intégralité de la somme. L’accouchement a coûté 2400 euros car j’ai fait un faux travail, ce qui a gonflé la note. Nous voulons juste être remboursés sur la base de l’accouchement et des visites pré et post natales.»

Accouchement à l’hôpital au Luxembourg: prise en charge intégrale

Lucia a accouché de sa première fille en 2004, dans une maternité « classique » de la région parisienne. « Dès mon arrivée, j'ai été "mise en tenue", c'est à dire nue sous une blouse ouverte dans le dos, puis rapidement confinée au lit pour permettre le monitoring. Au bout de quelques heures, lorsqu'on m'a proposé la péridurale, j'ai accepté, un peu frustrée mais soulagée. Ma fille est née sans problème. Les infirmières m'ont "grondée" la première nuit parce que j'avais pris ma fille dans mon lit. Bref, la naissance s'est bien passée, mais ce n'était pas la joie que je m'en étais faite. Nous avions fait un accompagnement en haptonomie, mais le jour de l'accouchement cela ne nous a servi à rien.» Pour sa deuxième fille, Lucia, qui s’est beaucoup documentée, souhaite être actrice de son accouchement. Elle se tourne vers l’hôpital de Metz, réputé pour être "ouvert". « Effectivement les sages femmes que j'ai rencontrées ont accueilli favorablement mon projet de naissance où je décrivais mon désir de pouvoir bouger comme je le souhaitais jusqu'à la fin, de pouvoir accoucher sur le côté, de ne pas avoir de substances pour accélérer le travail (gel de prostaglandine ou autres). Mais lorsque le gynécologue a pris connaissance de ce projet de naissance, il a fait téléphoner à la sage-femme pour m'avertir que si je décidais d'aller à Metz, ce serait selon ses méthodes ou rien. » 

Consultations en Suisse remboursées sur la base du tarif français de base

Lucia décide de partir accoucher au Luxembourg, à la maternité de la "Grande Duchesse Charlotte", qui a obtenu le label "amis des bébés". Elle écrit une lettre au médecin conseil de la CPAM en expliquant son souhait d’une naissance douce à proximité de mon domicile. « Dans cette lettre j'indiquais que si des maisons de naissance avaient été proches de chez moi, cela aurait mon premier choix. » Après avis du médecin conseil national, elle obtient le formulaire E112 autorisant les soins. « Ma fille est née très vite, comme je le souhaitais.  Je crois que je n'ai pas avancé les frais car l'hôpital avait une convention. J'ai payé les consultations de gynéco qui ont ensuite été remboursées, sur la base du tarif de la sécurité sociale. Nous étions au moins 3 françaises à être inscrites en même temps aux cours de préparation à la naissance.»

Les cas de figure sont multiples et les prises en charge plutôt aléatoires. Ce qui semble en revanche constant dans ces témoignages, c’est la déception après un premier accouchement trop médicalisé, l’absolu besoin d’un environnement apaisé, d’un accompagnement personnalisé et le désir de se ré-approprier ce moment unique qu’est une naissance.

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