Comment et pourquoi accoucher dans une maison de naissance ?

Publié par Gaëlle Guernalec-Levy  |  Mis à jour le par Mélanie Juhel-Goossens

Il existe plusieurs façons d'accoucher, et aussi plusieurs endroits ! Maternité, clinique, ou bien même chez soi, les choix varient selon les envies de la famille. Parmi ces lieux où le miracle de la vie opère, il existe aussi les maisons de naissance. Comment fonctionne ce type d'établissement ? On fait le point. 

On se croirait davantage à l’hôtel qu’à l’hôpital. Les maisons de naissance offrent un univers cocooning, rassurant, au mobilier cosy, propice à l'apaisement de la future maman, et à une belle expérience à vivre seule ou en couple. À la moindre complication, le bloc opératoire est attenant, pour assurer le bon déroulement de l'accouchement.

Zoom sur ces lieux particuliers, qui se développent depuis la promulgation du projet de loi de 2013.

Qu'est-ce qu'une maison de naissance ?

La vocation d’une maison de naissance est de permettre aux femmes d’accoucher plus naturellement.

Ces lieux offrent aux couples une alternative à l’accouchement médicalisé. Rien qu’à voir le décor, on se rend vite compte qu’on est bien loin de l’univers aseptisé des hôpitaux. L’ambiance est chaleureuse, paisible, un peu comme à la maison, et les chambres sont confortables et intimes.

Dans ces établissements entièrement dirigés par des sages-femmes, on respecte la physiologie de la grossesse et de la naissance. C’est l’humain qui prime.

L’accompagnement est pensé de manière globale : un binôme est composé entre la femme enceinte (ou un couple) et une sage-femme référente, dès le début de la grossesse et jusqu’à la fin de la période de post-partum.

Bon à savoir : la maison de naissance est indépendante physiquement, juridiquement et administrativement. Mais elle est néanmoins rattachée à une maternité proche, de manière à pouvoir assurer le transfert de la maman en cas d’urgence.

Les maisons de naissance : pour qui ? Quand s'inscrire ?

De plus en plus de futures mamans demandent une prise en charge moins lourde, moins systématique et plus personnalisée pendant leur grossesse et le jour de leur accouchement.

Chantal Ducroux-Schouwey, présidente du Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE) depuis sa création en 2003 et jusqu'à son décès en 2017, n'avait d'ailleurs de cesse de porter ce message : « c’est récurrent dans nos enquêtes, les femmes souhaitent plus d’humanité, d’écoute de leurs désirs, de personnalisation dans le suivi de la grossesse ».

Pour autant, la maison de naissance n’est pas adaptée à toutes les femmes. Dans ce type d’établissement, on ne suit que des grossesses dites physiologiques, c'est-à-dire « à bas risque ». Les futures mamans qui attendent des jumeaux et celles qui ont subi des complications pendant leur grossesse ne sont pas prises en charge.

L'inscription dans une maison de naissance se fait dès les premières semaines de la grossesse et, au plus tard, à 28 semaines d’aménorrhée.

À noter : lors d'un accouchement en maison de naissance, le co-parent est davantage sollicité. La sage-femme est seule, sans équipe, et elle mettra donc le conjoint ou la conjointe fortement à contribution. 

Un accouchement physiologique en maison de naissance : un environnement sécurisé

Les maisons de naissance telles que nous les connaissons aujourd'hui sont le fruit d'une expérimentation qui a duré cinq ans (de 2015 à 2020). Suite au projet de loi sur l’expérimentation des maisons de naissance adopté en 2013, un décret d'application est paru au Journal Officiel le 1er août 2015. Celui-ci a donné l'autorisation à 9 maisons de naissance de fonctionner à titre expérimental, sous condition de respecter le cahier des charges élaboré par la Haute Autorité de Santé (HAS).

Ces toutes premières maisons de naissance étaient à :

  • Paris,
  • Vitry-sur-Seine,
  • Castres,
  • Grenoble,
  • Baie-Mahault,
  • Saint Paul,
  • Bourgoin-Jallieu,
  • Sélestat,
  • et Nancy.

Les points importants et les conditions de fonctionnement incontournables pour la HAS étaient notamment :

  • L'emplacement des maisons de naissance : les locaux doivent être contigus à "une structure autorisée pour l’activité de gynécologie-obstétrique", avec un accès facilité entre les deux établissements, pour garantir un transfert rapide au besoin.
  • Des responsabilités claires pour les deux structures voisines, formalisées par la signature d'une convention.
  • Une sélection stricte des patientes : seuls les dossiers sans antécédents et les grossesses non-pathologiques sont retenus. Les grossesses gémellaires et les AVAC (accouchement vaginal après césarienne) ne sont pas non plus pris en charge.

Gila Ebadi, sage-femme cadre, dont l'obstination a permis l'ouverture de la maison de naissance “hospitalière” de Remiremont en juin 2010, bien avant le lancement officiel de l’expérimentation sur le territoire, témoigne : "Il était hors de question de transiger avec la sécurité. En cas de problème, on ne met pas une minute pour transférer la patiente."

Les transferts s’expliquent généralement par une souffrance fœtale ou un effort expulsif insuffisant, rarement par une demande de péridurale.

Bérengère a accouché de son premier enfant, Aurèle, à Remiremont. C’est pour des raisons médicales qu’elle a dû, après plusieurs heures de travail, passer de la maison de naissance au plateau technique. En cas de problème, la collaboration entre les deux unités est totale. En trente secondes, la jeune femme s'est retrouvée dans l’autre univers. "Aurèle est arrivé, en pleine forme. Avec le recul, je me rends compte que j’avais très bien préparé la question des contractions et de la douleur, mais beaucoup moins celle de l’expulsion et de la naissance. C’était un accouchement épuisant, notamment pour ma sage-femme. Mais j’en garde un très beau souvenir. C’est ainsi que je voulais le vivre. Je ne regrette rien."

Paris, Grenoble, Pau... Une embellie pour les maisons de naissance en France

En France, le débat sur les maisons de naissance a fait rage pendant des années chez les professionnels de la naissance, notamment sur la question de la sécurité de la future maman. Mais, en novembre 2020, après les cinq ans d'expérimentation, les sénateurs ont adopté l’article 30 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui vise à conserver et aussi à développer les maisons de naissance, jusque-là en phase d’expérimentation depuis 2015. Des garanties sur leur emplacement et leur sécurité ont été renforcées !

L'expérimentation des maisons de naissance ayant été un franc succès, d'autres établissements ont ouvert depuis : l'accouchement physiologique dans ces structures a donc de beaux jours devant lui ! Si aujourd’hui, on compte seulement 8 maisons de naissance dans l’Hexagone, le gouvernement a annoncé l'ouverture prochaine de 12 établissements supplémentaires.  

 

Oui
il y a 29 jours
Il me traumatise, même. Beaucoup de gens ne veulent pas le reconnaître, et pourtant c'est un devoir de le dire. Parce que depuis des décennies, l'é...
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Photo de profil de Clemence T
37 points
Non
il y a 2 mois
Non cela ne me choque pas. Il faut arrêter de jouer les "précieuses ridicules"! C est une expression TRÈS maladroite mais qui exprime très bien son id...
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