Manger son placenta : une pratique qui fait débat

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le par Joséphine Argence

La placentophagie est le fait de manger son placenta. Le but avancé ? Faciliter les suites de couches. Cet organe est-il vraiment bon pour la santé ? Sous quelle forme le mange-t-on ? Zoom sur une pratique qui interroge…

A en croire les stars américaines, la consommation de placenta serait le meilleur remède pour retrouver la forme après un accouchement. Ainsi, elles sont de plus en plus nombreuses à louer les vertus nutritionnelles de cet organe, indispensable au bébé pendant sa vie intra-utérine.

Le placenta est-il comestible… et bon pour la santé ?

Le succès est tel que des livres de recettes ont même vu le jour pour aider les mères à cuisiner leur placenta. En France, on est loin, très loin de ce genre de pratique. Le placenta est détruit aussitôt après la naissance avec les autres restes opératoires. « En théorie, nous n’avons pas le droit de le restituer aux parents. Le placenta est constitué de sang maternel, il peut véhiculer des maladies », indique Nadia Teillon, sage-femme à Givors (Rhône-Alpes).

Que fait l’hôpital du placenta après l’accouchement ?

Néanmoins, la législation a évolué : en 2011, le placenta a obtenu le statut de greffon. Il n’est plus considéré comme un déchet opératoire. Il peut être collecté à des fins thérapeutiques ou scientifiques si la femme accouchée ne s’y est pas opposée.

Manger son placenta, une pratique ancienne

Mise à part les dauphins et les baleines, les humains sont les seuls mammifères à ne pas ingérer leur placenta après la naissance. « Les femelles mangent leur placenta pour ne pas laisser de traces de l’accouchement. C’est une manière pour elles de protéger leur bébé des prédateurs », explique Nadia Teillon.

Femme enceinte : pourquoi manger son placenta ?

Si la placentophagie est innée chez les animaux, elle a également été pratiquée par de nombreuses civilisations anciennes sous diverses formes. Au Moyen-Âge, les femmes consommaient tout ou une partie de leur placenta pour améliorer leur fertilité. De la même manière, on prêtait à cet organe des vertus pour combattre l’impuissance masculine. Mais pour avoir ces effets magiques, l’homme devait en ingérer à son insu. Souvent, la procédure consistait à calciner le placenta et à en consommer les cendres avec de l’eau.

Chez les Inuits, selon une croyance toujours très ancrée, le placenta est la matrice de la fertilité maternelle. Pour pouvoir être à nouveau enceinte, une femme doit nécessairement manger son placenta après l’accouchement. Aujourd’hui, la placentophagie revient en force aux Etats-Unis et en Angleterre, et de façon plus timide en France. L’augmentation des accouchements naturels et à domicile facilite l’accès au placenta et à ces nouvelles pratiques.

Bienfaits de la placentophagie : a quoi sert le placenta après l’accouchement ?

Pourquoi manger son placenta ? Bien qu’aucune étude scientifique ne prouve les bienfaits de l’ingestion du placenta, on attribue à cet organe de nombreux bénéfices pour les jeunes accouchées. Les éléments nutritifs qu’il contient permettraient une remise en forme plus rapide de la mère et favoriseraient la montée de lait. L’ingestion du placenta faciliterait également la sécrétion d’ocytocine, qui est l’hormone du maternage. Ainsi, les jeunes mamans seraient moins susceptibles de faire une dépression post-partum. Et l’attachement mère-enfant en serait renforcé. Toutefois, le regain d’intérêt pour le placenta ne convainc pas tous les professionnels. Pour de nombreux spécialistes, cette pratique est saugrenue et arriérée.

Gélules, granules… comment consommer son placenta ?

Comment le placenta peut-il être consommé ? « J’ai une doula fantastique, qui fait en sorte que je mange bien, des vitamines, du thé et des capsules de placenta. Votre placenta est déshydraté et transformé en vitamines », expliquait l’actrice January Jones, après la naissance de son premier enfant, en 2012. Il n’est donc pas question de manger son placenta cru à la sortie de la maternité. Aux Etats-Unis, où la placentophagie est autorisée, les mères peuvent l’ingérer sous forme de granules homéopathiques ou de gélules. Dans le premier cas, le placenta est dilué plusieurs fois, puis des granules sont imprégnés avec cette dilution. Dans le second cas, le placenta est broyé, séché, réduit en poudre et intégré directement dans des pilules. Dans les deux cas, ce sont des laboratoires, qui effectuent ces transformations après l’envoi par la mère d’un bout de placenta.

Arrivée de bébé : la teinture-mère de placenta

Plus artisanale, la teinture-mère est une autre manière de traiter le placenta. Ce procédé artisanal s’est surtout développé dans les pays où la placentophagie est interdite. Dans ce cas, les parents n’ont alors pas d’autre choix que de confectionner eux-mêmes la teinture-mère de placenta, à partir des nombreux protocoles que l’on trouve en libre accès sur Internet. Le procédé est le suivant : le morceau de placenta doit être coupé et dilué plusieurs fois dans une solution hydro-alcoolique. La préparation récupérée ne contient plus de sang, mais les principes actifs du placenta ont été conservés. La teinture-mère de placenta faciliterait, au même titre que les granules et gélules de cet organe, la récupération de la maman, et aurait également des vertus en application locale, pour soigner toutes sortes d’infections chez l’enfant (gastro-entérite, otites, maladies infantiles classiques). A condition toutefois que la teinture-mère de placenta ne soit utilisée qu’au sein d’une même fratrie.

Katie Holmes, Kim Kardashian… Ces stars qui ont mangé leur placenta après avoir donné naissance

Après leur grossesse, différentes personnalités publiques ont indiqué avoir consommé leur placenta. C’est notamment le cas de la chanteuse Hilary Duff, de la star de télé-réalité Kim Kardashian, et de l’actrice Katie Holmes.

En vidéo : Les termes liés au placenta

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