La rééducation périnéale en questions

Publié par Caroline Feufeu  |  Mis à jour le par Joséphine Argence

Après la grossesse et l’accouchement, le périnée a généralement besoin d’être rééduqué avec l’aide d’une sage-femme ou d’une kinésithérapeute pour retrouver sa tonicité et ainsi éviter les éventuelles fuites urinaires.

Le périnée est constitué d’un groupe de muscles situés autour de la vulve et de l’anus dont le rôle est de soutenir les organes du petit bassin que sont le rectum, le vagin et la vessie. Il forme comme un hamac, entre le pubis et la base de la colonne vertébrale. Il doit donc être résistant, afin d’assurer la continence urinaire et fécale, entre autres ! Les Anglo-Saxons l’appellent le “pelvic floor” pour “plancher pelvien”, et il a véritablement ce rôle de plancher, d’où son importance.

À l’intérieur, le périnée est constitué de différentes couches de muscles, qu’on appelle des plans. On trouve parmi eux le muscle élévateur de l’anus, qui participe à la continence digestive et joue un rôle important dans la statique pelvienne. Le muscle pubo-coccygien est un agent puissant de soutien des viscères pelviens, rectum, vagin, utérus. D’un point de vue sexuel, il permet une intensification de l’excitation.

Pourquoi rééduquer son périnée ?

Le poids de l’utérus pendant la grossesse et l’élargissement du vagin lors de l’accouchement entraînent un relâchement des tissus composant le périnée. Cet affaiblissement peut conduire à des petites fuites urinaires – tout à fait normales dans les semaines qui suivent la naissance – notamment lorsque l’on rit, tousse, fait un effort.

Ces problèmes se règlent en général spontanément, mais pour éviter une véritable incontinence, il est vivement conseillé de rééduquer son périnée. Cela permet aussi de prévenir le prolapsus, ou descente d’organes, dont on peut souffrir plusieurs années après l’accouchement. Enfin, les relations sexuelles peuvent se trouver altérées par cette distension musculaire.

Rééducation périnéale : toutes concernées ? Quand faut-il la faire ?

Après un accouchement, on distingue trois groupes des femmes : 30 % n’ont aucun problème, et les 70 % restants se répartissent en deux groupes. « Dans 40 % des cas environ, à la visite postnatale, on constate que les muscles du périnée sont légèrement distendus. Il peut y avoir des bruits d’air vaginaux (lors des rapports sexuels) et une incontinence (urinaire, anale ou aux gaz). Dans ce cas, en plus des exercices personnels que vous avez faits à la maison, débutez une rééducation, à raison de 10 à 15 séances, avec un professionnel », conseille Alain Bourcier, kinésithérapeute spécialiste de la rééducation du périnée.

Chez les 30 % restantes, les dégâts sur le périnée sont très importants. L’incontinence est bien présente et il peut y avoir un prolapsus (descente d’organes). Dans ce cas, la patiente doit faire un bilan périnéal dans un centre spécialisé, où on effectuera un examen radiologique, une exploration urodynamique et une échographie.

En décembre 2015, les recommandations des gynécologues (CNGOF) ont eu l’effet d’une (mini) bombe : « La rééducation périnéale chez les femmes sans symptômes d’incontinence à 3 mois n’est pas recommandée. […] Aucune étude n’a évalué la rééducation du périnée dans le but de prévenir une incontinence urinaire ou anale à moyen ou long terme », ont-ils déclaré. Mais pour Anne Battut, sage-femme, ces recommandations sont à considérer dans leur contexte. « Quand le CNGOF dit : « Il n’est pas recommandé de faire… », ça signifie que les études n’ont pas démontré que faire ce geste diminuait les risques. Mais il n’est pas interdit de le faire ! Bien au contraire ! », assure la professionnelle.

Ainsi, selon elle, toutes les femmes qui ont accouché devraient pratiquer une rééducation périnéale. Ce n’est pas l’avis de toutes les sages-femmes ou kinésithérapeutes, l’important est donc de prendre en considération l’avis du spécialiste qui vous suit à la suite de votre accouchement et votre ressenti personnel.

En fonction de la souplesse de leur périnée, certaines pourront faire une rééducation périnéale seules. Les besoins en rééducation seront déterminés lors de la visite postnatale (six semaines après la naissance) : le ou la médecin ou le ou la sage-femme évaluera la tonicité du périnée et prendra la décision de prescrire une éventuelle rééducation. Une épisiotomie, une déchirure, une césarienne ou l’allaitement (même si durant cette période, le vagin peut être plus sensible, voire douloureux) ne sont pas des contre-indications à la rééducation.

Les différentes méthodes de rééducation périnéale : comment se déroule une séance ?

Trois techniques complémentaires sont couramment employées : la manuelle, le biofeedback (rétrocontrôle) et l’électrostimulation.

  • La première consiste en un toucher vaginal, qui permet de comprendre comment fonctionnent tous les muscles du périnée et comment les entraîner ;
  • Avec la deuxième méthode, le travail périnéal se fait grâce à une sonde placée dans le vagin, elle-même reliée à un appareil sur lequel on peut suivre l’intensité des contractions. Il s’agit donc d’électrothérapie ;
  • Pour la troisième, on introduit une sonde dans le vagin rattachée à un appareil, qui envoie des impulsions électriques, provoquant des petites contractions.

À noter que la plupart des sondes vaginales ont un système « biofeedback » associé à l’électrostimulation. Les deux techniques sont ainsi combinées. Le recours à de l’électrothérapie sera envisagé en fonction des problèmes rencontrés par la patiente : le travail manuel a fait ses preuves en termes de renforcement musculaire, mais certains soucis répondent mieux à l’électrostimulation, comme l’urgenturie, le fait de ressentir un besoin soudain, impérieux et irrépressible d’uriner, qui mène souvent à de l’incontinence.

Si les symptômes persistent malgré une rééducation assidue auprès de professionnels de santé qualifiés, il faudra envisager la chirurgie. On peut bénéficier de l’implantation d’une bandelette sous-urétrale, de type TVT ou TOT. Qualifiée de “chirurgie mini-invasive”, il s’agit d’une pose, sous anesthésie locale, d’une bandelette autoadhésive au niveau du sphincter urétral. Elle permet d’arrêter les fuites urinaires à l’effort, et n’empêche pas d’avoir d’autres enfants par la suite. Une fois que le périnée sera bien tonique, on peut se remettre au sport.

Rééducation périnéale : quelle méthode choisir ?

Les méthodes employées diffèrent selon les praticiens. Ils peuvent soit opter pour l’une des techniques, soit les cumuler. Dans tous les cas, la rééducation débutera par la méthode manuelle, soit par un toucher vaginal qui permettra de constater l’état du périnée et d’adapter les exercices à faire et les outils à employer. Pascale Mathieu, présidente du Conseil national de l’ordre des kinésithérapeutes et fondatrice du premier poste de kinésithérapeute dans une maternité, indique que le toucher vaginal est indispensable pour « évaluer la fiabilité des muscles, autant sur l’intensité de la contraction, la répétitivité de celle-ci que sa tenue dans la durée. » Un examen à la main sera donc effectué à plusieurs reprises au cours de la rééducation afin de constater les progrès musculaires.

Comment rééduquer son périnée à la maison ?

La fausse inspiration thoracique

On peut de notre côté, dès le lendemain de l’accouchement, pratiquer la “fausse inspiration thoracique” comme conseillée par le Dr Bernadette de Gasquet, médecin et professeur de yoga, autrice de Périnée : arrêtons le massacre, aux éditions Marabout. Il s’agit d’expirer à fond : quand les poumons sont vides, il faut pincer son nez et faire comme si on prenait une inspiration, mais sans le faire. Le ventre se creuse. Cet exercice est à pratiquer deux ou trois fois de suite pour bien sentir les abdominaux et le périnée remonter. Il ne faut pas attendre pour pratiquer ces renforcements. Les jeunes accouchées peuvent sentir une sensation de pesanteur dans le ventre en position debout, comme si les organes n’étaient plus soutenus.

Les boules de geisha

Considérées comme des sex-toys, les boules de geisha peuvent aider à la rééducation. Ce sont des sphères, généralement au nombre de deux, reliées par un fil, à insérer dans le vagin. Elles peuvent être de différentes tailles, formes et matières (silicone, plastique, etc.). Elles s’insèrent avec un peu de gel lubrifiant et peuvent être portées pendant la journée. Ça remusclera le périnée de celles qui n’ont pas besoin de rééducation à proprement parler.

Les cônes vaginaux

Cet accessoire pèse environ 30 g et s’insère dans le vagin. Il est équipé d’une cordelette semblable à celle d’un tampon. Les formes et les poids différents permettent d’adapter les exercices en fonction de la capacité du plancher pelvien. Grâce à un mécanisme naturel, les cônes vaginaux perfectionnent les exercices de rééducation périnéale. On doit essayer de retenir ces poids en position debout.

Le fitness du périnée

Il existe des appareils d’électrostimulation neuromusculaire qui permettent de renforcer le périnée chez soi. Les 8 électrodes placées en haut des cuisses contractent et consolident la totalité des muscles du plancher pelvien.

Périnée, Cékoikes ?

Sage-femme ou kinésithérapeute spécialisé, quelles différences ?

Sages-femmes et kinés sont aussi compétents, mais agissent à des moments différents. Si un ou une sage-femme ne peut intervenir que dans le cadre du suivi de l’accouchement, les kinésithérapeutes peuvent aider au renforcement musculaire avant l’accouchement ou bien après.

Après l’accouchement, quand commencer la rééducation ?

La rééducation autonome (pratiquée par la patiente, en solo) peut commencer la 1re semaine qui suit l’accouchement. Souvent, il y a peu de réponses du périnée, mais il ne faut pas s’inquiéter et continuer, il est normal que celui-ci soit amorphe. Auprès d’une sage-femme, elle débute au bout d’un mois ou un mois et demi après l’accouchement. Néanmoins, selon Pascale Mathieu, « l’idéal est d’attendre 3 mois après l’accouchement, afin de laisser le temps aux organes pelviens de reprendre leurs places et de ne plus être à ce point influencés par les hormones, d’autant plus en cas d’allaitement ».

La rééducation abdominale ne doit commencer qu’une fois le périnée rétablit, au risque de le fragiliser encore plus. Enfin, il est tout à fait possible de lancer une rééducation des années après avoir accouché.

Rééducation périnéale : combien de temps dure-t-elle ?

Tout dépend de « l’état » du périnée. S’il n’a pas trop souffert, il faut compter entre 5 à 10 séances (la prescription est automatiquement de 10 mais, parfois, il en faut un peu plus ou un peu moins). Le rythme est d’environ deux séances par semaine pendant 15 jours à 1 mois. Mais il est possible que 20 séances ou plus soient nécessaires. Entre les séances, il est vivement conseillé de continuer à muscler le périnée même une fois les consultations en cabinet terminées.

N’hésitez pas non plus à voir avec votre sage-femme ou votre kiné comment agir en cas de cicatrice, plus ou moins douloureuse : il ou elle saura vous encourager à réapprivoiser cette zone de votre corps après à un accouchement et à vous apprendre à masser votre cicatrice afin de l’assouplir.

La rééducation du périnée est-elle remboursée ?

La Sécurité sociale rembourse à 100 % le nombre de séances nécessaires qui sont effectuées avec un ou une sage-femme ou avec un ou une kinésithérapeute.

Peut-on faire une rééducation préventive ?

On peut tout à fait envisager une rééducation préventive ! Elle permet d’avoir une meilleure conscience de soi et de son corps, ce qui peut aider pendant l’accouchement. De plus, après la naissance, la femme pourra commencer seule sa rééducation car elle saura exactement où contracter.

Pour ce faire, deux options sont possibles : soit la faire pendant les cours de préparation à l’accouchement soit la faire en cabinet. En revanche, la rééducation préventive ne doit pas se substituer à la postnatale.

Au quotidien, comment protéger son périnée ?

Certains sports – tennis, jogging, danse, fitness, équitation – ont un impact plus important sur le périnée (ils entraînent une pression abdominale très forte sur le périnée), à l’inverse du yoga, du stretching, du vélo, du golf ou de la natation. De même, en cas de bronchite, à cause de la toux chronique, de déménagement (le fait de porter des cartons) par exemple, ou de certaines pratiques professionnelles (beaucoup debout, poids à porter…) le périnée est très sollicité.

Le mieux est donc d’apprendre à verrouiller son périnée, qu’on soit enceinte ou pas, après avoir accouché ou pas, pour le protéger au maximum. « C’est tout simplement un muscle, rappelle Pascale Mathieu, donc pour le protéger, dès qu’on fait un effort, on le serre, et il deviendra plus fort ! »

Comment travailler, verrouiller ou muscler, le périnée ?

Pour apprendre à bien le contracter et donc à le verrouiller, l’idéal est de se placer devant un miroir en position assise sur le sol. En contractant l’anus, on remarque que la zone enserrant ce dernier, le vagin et l’urètre, se contracte et semble remonter vers l’intérieur du corps. C’est ainsi qu’on « verrouille » son périnée et qu’on le protège au maximum !

En vidéo : Périnée : comment le muscler correctement ?

Oui
il y a 11 jours
En soit c'est pas la phrase qui me gêne malgré qu'on doit partir en guerre à chaque fois. Non ça me gêne car c'est un homme qui parle mais depuis qua...
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Lire 2 arguments Oui
Photo de profil de Clemence T
36 points
Non
il y a 29 jours
Non cela ne me choque pas. Il faut arrêter de jouer les "précieuses ridicules"! C est une expression TRÈS maladroite mais qui exprime très bien son id...
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