Le post-partum

Dépression du post-partum : de quoi s’agit-il et comment la prendre en charge ?

Publié par Hélène Bour  |  Mis à jour le par Marion Bellal

On estime que 10 à 20 % des femmes souffrent d’une dépression après la naissance de leur enfant. Différente du baby-blues, la dépression du post-partum s’installe dans la durée, plus de 15 jours après l’accouchement. Les conséquences sur la nouvelle mère et sur son entourage sont notables. Le point avec Lucie Perifel, psychologue.

Avec Lucie Perifel, psychologue spécialiste de la périnatalité

L’Assurance maladie estime qu’en France, en 2022, 50 à 80 % des femmes qui ont accouché ont traversé un baby-blues et 10 à 20 % ont souffert d’une dépression post-partum. Celle-ci se développe plus tardivement, dans les quinze jours suivant l’accouchement. Crises de larmes, sautes d’humeur, faible estime de soi… Tous ces symptômes de la dépression doivent être pris en considération et nécessitent un suivi médical.

Définition. Comment savoir si on fait une dépression post-partum ?

« Je pensais être un monstre. Je focalisais sur ces pulsions de violence. Je pensais qu’on allait venir me retirer mon enfant », témoigne Marion, qui a été frappée par une dépression post-partum à la suite de son deuxième accouchement. Alors qu’environ 10 à 20 % des femmes en souffrent dans l’année qui suit leur accouchement, il est impératif de mieux détecter et prendre en charge la dépression du post-partum. Pour ce faire, l’Assurance maladie propose depuis le 1er juillet 2022 un entretien postnatal précoce, réalisé par un.e sage-femme ou un.e médecin entre la 4e et la 8e semaine après l’accouchement. Pensées dépressives, voire suicidaires, phobies d’impulsion… Il est indispensable de parler de toutes nos difficultés de jeune maman, sans tabou et sans risque.

La dépression postnatale est à distinguer du baby-blues. « L’intensité et la durée sont principalement ce qui distingue un baby-blues d’une dépression », relève Lucie Perifel, psychologue spécialiste de la périnatalité. En effet, le baby-blues se manifeste généralement dans les jours qui suivent la naissance. Il est souvent dû à la modification des taux d’hormones, après l’accouchement. Le baby-blues est passager et donne lieu à une forte émotivité et une crainte de ne pas pouvoir s’occuper de son bébé.

La dépression du post-partum évoque également ces symptômes, mais elle s’installe chez le parent - les pères aussi peuvent faire un baby-blues ou une dépression post-partum ! - au cours de la première année de vie de l’enfant, au moins quinze jours post-accouchement. Alors que le baby-blues ne dure pas plus de quelques jours, la dépression post-partum s’étale et envahit tous les pans de notre vie. Mais, insiste Lucie Perifel, « si le baby-blues ne se soigne pas, la dépression post-partum, si ! »

Combien de temps dure une dépression post-partum par rapport à un baby-blues ?

Si les symptômes du baby-blues se poursuivent au-delà de quinze jours, s’ils s’accroissent et s’installent dans la durée, il est probable qu’il s’agisse d’une dépression post-partum. À l’inverse du baby-blues, la dépression s’installe dans la durée et peut durer très longtemps, d’autant plus si aucun traitement n’est entrepris.

Quels sont les signes et symptômes de la dépression post-natale ?

Les principaux signes d’une dépression postnatale sont :

  • une profonde tristesse, sans raison apparente, et/ou un désintérêt pour tous les sujets ;
  • une fatigue permanente et des troubles du sommeil ;
  • des troubles de l’appétit ;
  • des pleurs fréquents, incontrôlables et inconsolables ;
  • une culpabilité vis-à-vis de son enfant : sentiment d’être un « mauvais parent », difficulté à établir le lien parent-enfant ;
  • une grande irritabilité et/ou susceptibilité ;
  • des sautes d’humeur ;
  • manifestation d’anxiété, voire des attaques de panique ;
  • isolement ;
  • pensées morbides ou suicidaires.

« En cas de dépression, la personne change radicalement, alerte la spécialiste. Sa tristesse, inexpliquée, peut se manifester de façon plus ou moins brutale, les tâches du quotidien lui sont difficiles à accomplir… Les pensées négatives envahissent tout. Tout adulte peut avoir des coups de mou, mais une dépression, notamment du post-partum, ça n’a rien à voir. »

« Pourquoi je fais une dépression après mon accouchement ? » : les causes et facteurs de risque

Il est impossible de prédire qui fera une dépression après la naissance. Néanmoins, certaines mamans sont d’emblée plus vulnérables que d’autres, notamment celles qui ont déjà connu un épisode dépressif pendant la grossesse, voire avant. Bien sûr, les modifications hormonales, le manque criant de sommeil, les nouvelles contraintes et immenses responsabilités… Toutes ces modifications conséquentes après la naissance de l’enfant jouent un rôle.

La dépression postnatale peut advenir si la grossesse ou l’accouchement ont été difficiles, quand une grossesse n’a pas été désirée ou lorsque des problèmes sont survenus chez le bébé à la naissance (prématurité, petit poids, hospitalisation…) ou après, par exemple, des difficultés à la mise en place d’un allaitement voulu et espéré.

Des facteurs socio-économiques sont aussi des risques : des problèmes de couple, une maman isolée, une période de chômage… Enfin, un événement stressant récent, comme un deuil ou une rupture conjugale a également une influence.

N’oublions pas que des parents adoptifs sont aussi susceptibles de subir une dépression post-partum.

Les conséquences de la dépression postnatale pour le bébé, la création du lien mère-enfant et le couple

Les conséquences d’une dépression après la naissance du bébé consistent essentiellement en une influence sur le développement psychoaffectif et comportemental de l’enfant. Les enfants de mères dépressives peuvent présenter des signes d’irritabilité ou d’anxiété, avec une difficulté à se détacher de leur mère et une peur des autres. Parfois, ils présentent un retard dans les apprentissages, notamment un retard de langage ou de la motricité. D’autres bébés souffrent de troubles digestifs (spasmes, rejets) ou de troubles du sommeil.

Des conflits au sein du couple peuvent naître de la dépression postnatale. Il est primordial de parler de sa souffrance et de ne pas s’isoler. La famille, le ou la partenaire, les amis proches, sont souvent d’une grande aide. L’association Maman blues, par exemple, vient en aide aux mères qui vivent difficilement leur maternité. Alors on n’hésite pas à se tourner vers ces associations prêtes à nous aider ! Bien souvent, un suivi psychologique est nécessaire pour remonter la pente.

#postpartum : J’ai le mal de mère

Comment se sortir de la dépression du post-partum : quels sont les différents traitements de la dépression postnatale ?

La psychothérapie

La thérapie de la mère, parfois effectuée avec son bébé en présence, avec un.e psychologue est, le plus souvent, la meilleure solution. La thérapie s’étend, en moyenne, de 8 à 10 semaines. Lors de ces séances, la ou le thérapeute va rechercher les sources du trouble dépressif, y remédier et permettre la restauration de la relation mère-enfant.

Lucie Perifel encourage tout parent qui a peur de souffrir d’une dépression post-partum à consulter : « On n’est jamais trop prudent, mieux vaut consulter, même s’il s’agit d’un baby-blues, rien que pour se rassurer ! Sentons-nous libre d’exprimer ce qu’on ressent, afin de recevoir une écoute bienveillante et pour que la personne qui reçoit la tristesse ou le mal-être puisse s’assurer que ça passe au bout de quelques jours. »

Les unités mère - enfant

En France, il existe 80 à 100 places dans des unités mère - enfant : les mamans peuvent y être hospitalisées à temps complet ou uniquement pour la journée. Dans ces unités, une équipe de soignants composée de pédopsychiatres, psychologues, puéricultrices et infirmières répond à ses besoins pour endiguer la dépression et établir ou rétablir le lien d’attachement avec son bébé, nécessaire à son développement durant ses premiers mois de vie (et après).

Les interventions à domicile

Certaines unités parents-enfant ont mis en place un système de soins psychologiques à domicile pour pallier le manque de places des unités parents-enfants. Ces soins sont effectués par une infirmière qui établit un travail psychologique avec la mère et surveille la santé et les besoins du bébé.

Dépression du post-partum : le témoignage de Marion

« L’effondrement a eu lieu après la naissance de mon 2e enfant. J’avais perdu un premier bébé in utero donc cette nouvelle grossesse, évidemment, je l’appréhendais. Mais dès la première grossesse, je me posais beaucoup de questions. J’étais inquiète, je sentais que l’arrivée d’un enfant allait être problématique. Et quand ma fille est née, j’ai sombré peu à peu dans la dépression. Je me sentais inutile, bonne à rien. Malgré cette difficulté, j’ai réussi à créer le lien avec mon bébé, il était allaité, recevait beaucoup d’amour. Mais ce lien n’était pas serein. Je ne savais pas comment réagir face aux pleurs. Dans ces moments-là, je perdais complètement pied. Je m’emportais facilement et ensuite je culpabilisais. Quelques semaines après l’accouchement, une personne de la PMI m’a rendu visite pour savoir comment ça se passait. J’étais au fond du gouffre, mais elle n’a rien vu. Je cachais ce désespoir par honte. Qui aurait pu s’en douter ? J’avais « tout » pour être heureuse : un mari qui s’impliquait, de bonnes conditions de vie. Résultat, je me suis repliée sur moi-même. Je pensais être un monstre. Je focalisais sur ces pulsions de violence. Je pensais qu’on allait venir me retirer mon enfant.

À quel moment ai-je décidé de réagir à ma dépression post-partum ?

Quand j’ai commencé à avoir des gestes brusques envers mon enfant, quand j’ai eu peur de la violenter, j’ai réagi et compris que je souffrais d’une dépression post-partum. J’ai cherché de l’aide sur Internet et je suis tombée sur le site Maman blues. Je me souviens très bien : je me suis inscrite sur le forum et j’ai ouvert un sujet « hystérie et crise de nerfs ». J’ai commencé à discuter avec des mères qui comprenaient ce que je traversais. Sur leurs conseils, je suis allée voir un psychologue dans un centre médico-social. Toutes les semaines, je voyais cette personne pendant une demi-heure. À l’époque, la souffrance était telle que je pensais au suicide, que je voulais être hospitalisée avec mon bébé pour qu’on me guide. Progressivement, j’ai remonté la pente. Je n’ai pas eu besoin de prendre un traitement médicamenteux, c’est la parole qui m’a aidée. Et aussi le fait que mon enfant grandisse et, peu à peu, commence à s’exprimer.

En parlant avec ce psy, beaucoup de choses enfouies sont remontées à la surface. J’ai découvert que ma mère avait elle aussi eu une difficulté maternelle après ma naissance. Ce qui m’était arrivé n’était pas anodin. En revenant sur mon histoire familiale, j’ai compris pourquoi j’avais basculé. Évidemment quand mon troisième enfant est né, j’ai eu peur que mes vieux démons resurgissent. Et ils sont revenus. Mais j’ai su les éloigner en reprenant un suivi thérapeutique. Comme certaines mamans ayant vécu une dépression du post-partum, une de mes inquiétudes aujourd’hui est ce que mes enfants retiendront de cette difficulté maternelle. Mais je crois que tout va bien. Ma petite fille est très épanouie et mon garçon est un grand rieur ! »

En vidéo : « Il n’y a rien de pire que l’isolement en post-partum », Sans Filtre avec Ève Simonet

Oui
il y a 20 heures
En soit c'est pas la phrase qui me gêne malgré qu'on doit partir en guerre à chaque fois. Non ça me gêne car c'est un homme qui parle mais depuis qua...
Lire plus
Lire 2 arguments Oui
Photo de profil de Clemence T
36 points
Non
il y a 19 jours
Non cela ne me choque pas. Il faut arrêter de jouer les "précieuses ridicules"! C est une expression TRÈS maladroite mais qui exprime très bien son id...
Lire plus
Lire 1 arguments Non

Sujets associés