Post-partum, comment ça se passe ?

Publié le par Estelle Hersaint

Maman et son bébé
© Damircudic / Getty Images

Il n’existe pas de définition toute faite du post-partum, puisqu’il est différent pour chaque femme. Classiquement, on le définit comme la période qui suit l’accouchement. C’est même l’étymologie du terme, puisque « post-partum », en latin, signifie littéralement « après l’accouchement ». Combien de temps dure cette période ? On ne sait pas vraiment. Selon l’OMS, il dure 28 jours après la naissance. Les médecins estiment qu’il s’étend jusqu’au retour de couches, soit six semaines environ. En France, la loi nous octroie 10 semaines de congé postnatal avant de reprendre le travail (6 semaines avant la naissance, 10 semaines après). A partir du troisième enfant, le congé maternité dure 26 semaines au total (8 semaines avant et 18 semaines après).

La sage-femme Anna Roy, papesse du post-partum, pense pour sa part qu’il faut bien trois ans avant de se remettre complètement. Retenons que pour chaque femme, le vécu du post-partum et sa durée seront différents.

Parce qu’entre la grossesse, l’accouchement, et la découverte du métier de parents, il est normal qu’on mette un peu de temps avant de trouver et retrouver ses repères. Lochies, tranchées, rééducation du périnée, montées de lait, allaitement… Tout un nouveau vocabulaire s’offre à nous ! Après l’accouchement, le corps connaît bien des bouleversements.

Que se passe-t-il juste après avoir accouché ?

Une fois bébé dans nos bras, et de retour dans la chambre de la maternité, nous ferons l’objet d’une surveillance étroite, surtout durant les premières 24 heures, durant lesquelles une hémorragie (hémorragie de la délivrance) peut survenir.

Si vous avez eu une déchirure ou d’épisiotomie, l’équipe médicale viendra ensuite vérifier que la blessure cicatrise bien et nous apportera les soins et les conseils nécessaires pour la suite.

Les premiers instants dans la chambre sont souvent intenses car nous recevrons beaucoup d’informations sur bébé et les soins à lui apporter. Il sera placé rapidement dans nos bras, en peau à peau de préférence. Idem pour le co-parent. Une auxiliaire de puériculture ou une sage-femme en profitera pour vérifier qu’il est en bonne santé, qu’il réagit bien aux stimulations. On pense aussi à le couvrir car notre bébé est vulnérable au froid. Le petit malin aura aussi sûrement faim et essayera de téter. Si nous ne souhaitons pas allaiter, la sage-femme nous proposera peut-être une tétée d’accueil, afin que bébé puisse profiter du premier colostrum, très riche sur le plan nutritionnel et immunitaire. Nous sommes bien sûr libres de refuser et de passer directement au biberon.

Rapidement, on nous apportera aussi à manger, car si bébé doit se nourrir, nous aussi !

Si nous nous sentons bien, nous pouvons essayer de nous lever, faire quelques pas et éventuellement de prendre une douche.

Il est possible de recevoir des visites à la maternité. Mais aucune obligation, c’est à nous de décider si on a envie de voir du monde ou si on préfère rester dans son cocon.

Quand peut-on rentrer à la maison ?

Si tout le monde est en bonne forme, le retour à la maison se fait souvent soit :

  • Un ou deux jours après un accouchement par voie basse
  • Dans les 4 jours après une césarienne

Évidemment, c’est un peu différent si nous accouchons à domicile.

Comment notre corps réagit-il après l’accouchement ? A quels types de complications pouvons-nous nous attendre ? Comment soigner mon corps pour qu’il récupère plus vite ?

L’accouchement est un exercice sacrément exigeant dont le corps doit se remettre. Juste après avoir tenu bébé dans nos bras, et une fois de retour dans notre chambre, l’euphorie de la découverte laisse place à de nouvelles sensations, plus corporelles. Bien sûr, les suites de couches sont vécues différemment selon les mamans et diffèrent selon les accouchements.

Les contractions utérines (tranchées)

Les contractions perdurent plusieurs semaines après l’accouchement : c’est ce qu’on appelle les tranchées. Une fois que bébé est là, les organes se remettent doucement en place à l’intérieur de notre corps, et l’utérus se contracte pour reprendre sa taille initiale. Ce processus provoque des douleurs similaires à des contractions, proche des crampes menstruelles. Elles peuvent aussi être plus fortes chez les mamans dont ce n’est pas le premier enfant.

Pour nous soulager, il est possible de prendre un antalgique (avec l’accord de son médecin). Si la douleur est trop importante ou si on a de la fièvre, mieux vaut consulter un professionnel de santé.

Le vagin et le périnée douloureux

Sans surprise, après un accouchement, notre vulve et notre vagin sont douloureux, surtout s’il y a eu déchirure ou épisiotomie. Ces douleurs peuvent durer plusieurs semaines et sont plus importantes dès que l’on s’assied ou marche.

Pour nous soulager, il est possible d’appliquer sur la blessure des poches de glace. Un oreiller ou une bouée spécifique peuvent aussi nous aider à rester en position assise. En post-partum, le choix des vêtements et des sous-vêtements agréables à porter (en coton pas exemple) est aussi important pour un plus grand confort.

Une bonne hygiène est impérative pour que la zone cicatrise correctement : on préfère les douches au bain, en utilisant un savon doux et sans parfum. On sèche aussi bien la zone en tapotant doucement. Aux toilettes, on s’essuie avec délicatesse, de l’avant, vers l’arrière. D’autres soins locaux pourraient aussi être pratiqués selon notre état, comme l’application de crème ou une toilette spécifique. 

Toutefois, si les douleurs s’aggravent, que notre vulve gonfle, rougit ou qu’on observe la présence d’un écoulement suspect, il peut s’agir d’une petite infection. Dans ce cas, il faut consulter son médecin.

Les pertes vaginales (lochies)

Juste après avoir accouché, et quel que soit le type d’accouchement, nous aurons des pertes vaginales (lochies). Les 3 ou 4 premiers jours, il s’agit de pertes sanguines, rouge clair et abondantes, avec parfois, la présence de caillots. Ces saignements diminuent au bout d’une petite semaine et changent de couleur, passant du rouge vif au brun puis au blanc / jaunâtre. Ces écoulements durent en moyenne 6 semaines après l’accouchement.

Afin de mieux les supporter, il est conseillé d’utiliser des serviettes hygiéniques (à changer régulièrement) et d’éviter les tampons.

Si les saignements ne stoppent pas, sont de plus en plus abondants et ont une odeur désagréable, il faudra rapidement contacter notre médecin.

Les fuites urinaires

Après un accouchement par voie basse, toute la région du vagin est extrêmement sensible. Aller faire pipi peut être douloureux et provoquer une sensation de brûlure. De la même manière, l’anesthésie et les blessures causées par la naissance peuvent entraîner des complications urinaires. Certaines femmes peinent à vider leur vessie, d’autres, peuvent avoir des fuites au moindre rire ou éternuement.

En cas de douleurs, on peut appliquer des poches de glace sur la région afin d’apaiser les tiraillements. Si on rencontre des difficultés à uriner, il est important de boire beaucoup d’eau. Et en cas de fuites, la situation s’améliorera avec le temps, notamment grâce à des exercices de renforcement du périnée. Les exercices de Kegel peuvent d’ailleurs aider.

Hémorroïdes et constipation

Il peut arriver qu’on ait du mal à aller aux toilettes et qu’on soit constipée, les jours suivant l’accouchement. Pour aider, mieux vaut privilégier les aliments frais, les fibres (pruneau, kiwi, pois chiches, artichaut, lentilles, etc.) et éviter les plats tout préparés. Et surtout : on s’hydrate beaucoup ! Notre médecin peut aussi nous prescrire certains médicaments pour ramollir les selles et faciliter leur passage, car bien sûr, il ne faut pas pousser au risque de se blesser ou d’avoir mal.

Pousser pendant l’accouchement peut aussi provoquer des hémorroïdes. Ce sont des veines dans la région de l’anus et du rectum qui enflent et se dilatent, entraînant des douleurs. L’application de crèmes spécifiques soulage et participe à la guérison. En attendant, les bouées et autres oreillers pour diminuer la douleur quand on s’assoie seront bien utiles !

L’allaitement 

A nous de voir si nous souhaitons ou non allaiter notre bébé.

Nos seins risquent d’être douloureux et enflés les premiers jours qui suivent l’accouchement. Une montée de lait arrive souvent autour du 3e jour après la naissance et peut déclencher des douleurs. Pour nous soulager, il est conseillé de poser délicatement des poches de glace sur nos seins, de porter un soutien-gorge adapté et éventuellement de prendre des analgésiques. Dans tous les cas, n’hésitons pas à en parler à votre sage-femme, car aujourd’hui, des solutions existent pour nous soulager, surtout quand on ne souhaite pas allaiter.

Si on choisit d’allaiter notre enfant, il est le plus souvent recommandé de nourrir son bébé uniquement de lait maternel pendant les 6 premiers mois, avant de le compléter avec une autre alimentation pendant la première année. Après un an, c’est à nous de voir si on souhaite ou non continuer cet allaitement mixte. Dans tous les cas, c’est un choix personnel qui dépend de la maman.

Il est possible qu’on connaisse aussi quelques désagréments. Car au-delà de la connexion créée avec bébé lors de l’allaitement, mais aussi des bienfaits nutritionnels que cela lui apporte, en parallèle, il faudra faire attention aux crevasses et autres fissures aux mamelons.

Comment récupérer après une césarienne ?

Le corps peut mettre un peu plus de temps à récupérer après une césarienne. D’importantes douleurs peuvent persister au niveau du ventre, plusieurs jours (voire semaines) après la naissance de bébé.

On s’économise donc le plus possible afin de rapidement se remettre. Mieux vaut éviter toute activité physique, privilégier les douches au bain, se reposer au maximum le temps que la plaie cicatrise et que le corps retrouve de l’énergie. La peau de notre ventre peut tirer et être sensible.

Pendant quelques semaines, il faudra prendre soin de notre plaie et vérifier qu’elle ne présente aucune inflammation ou infection. Souvent, les points se décollent tout seul au bout de quelques jours. S’il s’agit d’agrafes, elles devront être retirées par un soignant.

En cas d’inquiétude concernant notre ventre, il ne faut pas hésiter à consulter notre sage-femme ou médecin, surtout si la plaie devient très rouge, si du liquide s’écoule ou encore que la douleur augmente.

Quelles conséquences ma nouvelle maternité peut-elle avoir sur ma santé mentale ?

Les bouleversements hormonaux et le flot d’émotions lorsqu’on rencontre bébé ne sont pas anodins après un accouchement.

Beaucoup de mamans ressentent ainsi une certaine tristesse, un sentiment d’anxiété, voire des sautes d’humeur lors des premières semaines. Une grande solitude et l’impression que personne ne nous comprend peuvent aussi nous envahir. C’est ce qu’on appelle souvent le « baby blues ». Cette phase ne dure généralement pas et serait provoquée par la chute drastique des hormones de grossesse.

Si ce sentiment perdure et que nous commençons à en souffrir, n’hésitons pas à consulter notre sage-femme. Car c’est peut-être le signe d’une dépression post-partum. Contrairement au baby blues, la dépression post-partum peut durer plusieurs mois. Si les hormones peuvent jouer un rôle dans son déclenchement, elle est davantage causée par une grande fatigue, un manque de soutien, un accouchement traumatique, un sentiment de solitude, une perte de repères, un sentiment de culpabilité, etc. Alors si nous ressentons une profonde tristesse, des difficultés à nous occuper de bébé, une fatigue accablante, des pleurs incessants… Dans ces cas-là, il est plus que nécessaire de se faire accompagner par un professionnel de santé comme un psychologue.

En parallèle, il faut aussi s’habituer à notre corps qui a radicalement changé : du jour au lendemain, la sensation de ne plus porter bébé dans son ventre peut bouleverser certaines femmes. A cela, s’ajoute le stress et la fatigue. Un incontournable puisqu’en plus l’accouchement, s’ajoute les nuits courtes, les bouleversements émotionnels, la découverte de la maternité, la vie à trois (ou plus !).

Dans ces conditions, il est primordial de prendre soin de nous. Prendre soin de son corps d’abord grâce à une alimentation équilibrée, et des moments de détente (pourquoi pas avec un massage ?) afin de se reconnecter à soi.

Dans les premiers temps, il est conseillé de dormir pendant que bébé dort. Peu importe que notre journée ne ressemble plus à rien, l’essentiel, c’est d’arriver à se reposer (surtout si nous allaitons). Nous reprendrons un rythme normal progressivement par la suite. Dans les premiers temps, essayons de limiter les visites. C’est peut-être l’occasion de profiter de ces quelques semaines pour nous créer un cocon familial doux et trouver notre équilibre à trois (ou plus). Enfin, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide, que ce soit pour les repas, les tâches ménagères ou la prise en charge des autres enfants.

Quand peut-on reprendre le sport ou une quelconque activité physique ?

Notre corps change pendant et après une grossesse. En moyenne, une femme enceinte prend entre 12 et 15 kg (un chiffre très variable d’une femme à l’autre). Après l’accouchement, elle perd environ 5 kg (poids du bébé, placenta et liquide amniotique). Toutefois, le ventre demeure gonflé plusieurs semaines et reste flasque quelque temps. C’est ce qu’on appelle classiquement « un tablier de grossesse ».

Pour certaines, il n’est pas compliqué de voir son corps changer mais pour d’autres, c’est plus difficile à accepter. Pour se sentir bien dans son corps ou pour perdre du poids, il est possible de reprendre le sport après un accouchement.

Toutefois, il est préférable d’attendre plusieurs semaines après l’arrivée de bébé avant de reprendre le sport. Notre corps a d’abord besoin de récupérer avant de se dépenser. Afin de ne pas se blesser et de prévenir les risques de fuites, il faut reprendre l’exercice graduellement et calmement. Nos muscles (abdominaux et pelviens notamment), particulièrement sollicités durant l’accouchement doivent d’abord être renforcés avant de commencer toute activité sportive. De nombreux exercices de rééducation périnéale existent et des professionnels de santé spécialisés peuvent nous accompagner dans cette démarche. N’hésitons pas à demander conseil à notre sage-femme ou notre médecin.

En plus d’une rééducation abdomino-pelvienne adaptée, commençons par reprendre nos activités quotidiennes calmement. Ensuite, si nous récupérons correctement de notre accouchement, nous pouvons commencer une activité sportive, de préférence douce et pendant un temps court (15 / 20 minutes maximum au début). Le yoga, la gym ou la marche sont de bonnes pistes… Pour la course, il faudra patienter un peu.

Afin que les résultats de nos efforts durent, mieux vaut privilégier une perte de poids progressive et non rapide. Inutile d’essayer de perdre 10 kg en un mois. Entre 1 et 2 kg par mois suffisent pour rester en bonne santé tout en réussissant à adopter un mode de vie équilibré. L’idéal est de manger sainement tout en reprenant une activité physique régulière.

Retrouver son poids de forme peut prendre du temps alors patience : même en pratiquant régulièrement, notre ventre peut mettre plusieurs mois avant de retrouver sa taille initiale.

Quand peut-on avoir des relations sexuelles à nouveau ? 

Il n’y a pas vraiment de règles spécifiques : on peut reprendre les relations sexuelles quand on se sent prête. Un mois, deux mois, trois mois, c’est à nous de voir. La seule condition, c’est d’attendre que la zone soit bien cicatrisée et non douloureuse afin de pleinement profiter du moment. On conseille en général d’attendre entre 4 et 6 semaines.

En attendant, si nous ressentons l’envie de partager des moments intimes avec notre partenaire mais que nous ne pouvons pas ou ne souhaitons pas de relations avec pénétration, c’est peut-être l’occasion de tester d’autres pratiques. Car le sexe ne se résume pas à cela ! Sexe oral, caresses, baisers, câlins et jeux coquins… Les options sont multiples.

C’est aussi une période où les hormones et le désir peuvent ne pas être raccord : la communication et le dialogue sont donc essentiels afin que notre couple traverse au mieux cette période de potentielle disette, et pour éviter les frustrations.

A noter toutefois que c’est à nous, et à nous seule de décider quand nous nous sentons prête à reprendre les câlins. Alors inutile de culpabiliser parce que notre libido n’est pas encore au rendez-vous, ou parce que notre corps nous fait souffrir. Notre conjoint doit être capable de comprendre qu’après la naissance d’un enfant, on a besoin de temps pour récupérer et nous accompagner dans ce moment charnière.

Et la contraception ?

On pense rarement qu’il est possible de retomber enceinte immédiatement après avoir eu un bébé. Et pourtant : il est tout à fait possible de retomber enceinte après un accouchement, et ce, avant même notre retour de couches (retour des règles). Alors si on souhaite se reposer un peu avant une nouvelle grossesse, mieux vaut penser à sa contraception.

Sauf contre-indication médicale, la prise d’une pilule est possible le plus souvent dans les 21 jours suivant l’accouchement. Un stérilet au cuivre ou hormonal peut être posé dans les quatre semaines.

Si on a fait le choix d’allaiter, la contraception est un peu différente néanmoins. La méthode « MAMA » (c’est-à-dire méthode de l’allaitement maternel et de l’aménorrhée) est par exemple une méthode naturelle appréciée mais pas infaillible. Elle repose sur la libération d’une hormone lors de la tétée, la prolactine, qui bloque l’ovulation.

La pilule quand elle est oestroprogestative n’est pas recommandée dans les 6 mois qui suivent un accouchement.

Certaines mamans connaissent aussi une sécheresse vaginale : il ne faut pas hésiter à utiliser un gel lubrifiant à base d’eau, surtout si on utilise des préservatifs.

Et si nous peinons à reprendre une vie sexuelle épanouie, que nous sentons une gêne, une douleur, une réelle insatisfaction, n’hésitons pas à discuter de la situation avec notre sage-femme, un sexologue ou un spécialiste en rééducation périnéale.

Les jours, mois, semaines (voire années) suivant un accouchement sont une période bouleversante à tout point de vue : on apprend à être maman, notre corps récupère, nos hormones et nos émotions sont en ébullitions. Alors le mot d’ordre à retenir : prenons-soin de nous et faisons-nous confiance. On fait de notre mieux.