L’hémorragie de la délivrance : 1ère cause de mortalité maternelle

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le par

C’est une nouvelle encourageante : la mortalité maternelle par hémorragie de la délivrance recule en France selon une enquête de l’Inserm. Cette complication de l’accouchement reste néanmoins la première cause de décès maternel en France. On fait le point.

Hémorragie de la délivrance : une complication grave de l’accouchement

L’hémorragie du post-partum, également appelée hémorragie de la délivrance, est la première cause de mortalité maternelle en France. Cette complication, dont l’issue n’est heureusement pas toujours dramatique, concerne environ 5 à 10 % des accouchées. L’hémorragie se produit au moment de la délivrance ou peu de temps après. Une fois que le bébé est sorti, le placenta se détache progressivement pour être expulsé. Cette phase s’accompagne de saignements modérés qui cessent mécaniquement lorsque l’utérus commence sa rétractation. On parle d’hémorragie de la délivrance lorsque la maman perd beaucoup de sang, plus de 500 ml. Le plus souvent, l’hémorragie est modérée au départ puis s’aggrave dans les heures suivant l’accouchement.
La « mort maternelle » est définie comme « le décès survenu au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours à un an après la fin de la grossesse, pour une cause quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivés, mais ni accidentelle ni fortuite ».

Baisse de la mortalité maternelle par hémorragie

Selon le rapport de l’Inserm « Mortalité maternelle en France» publié en novembre 2013, la mortalité maternelle diminue dans l’hexagone en raison notamment d’une baisse des décès liés aux hémorragies de la délivrance. Ces derniers ont chuté de moitié depuis le précédent rapport (8 % contre 16 % en 2004-2006). Un signe positif qui montre que la France, longtemps mauvaise élève de l’Europe, commence à rattraper son retard. Pour le professeur Gérard Lévy, qui a présidé le Comité national d'experts sur la mortalité maternelle, ces chiffres ne tiennent pas tant à des progrès techniques qu’à un meilleur suivi des protocoles de la part des professionnels de santé.

« Nous menons une action intensive depuis 10 ans pour informer les gynécologues, obstétriciens et sages-femmes sur la bonne ligne de conduite à adopter dans ce contexte d’urgence qu’est l’hémorragie de la délivrance », explique-t-il.

Ce  travail de fond, mené par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français et la Direction générale de la santé, a donné des recommandations cliniques publiées en 2004.  Les soins à prodiguer dans le contexte de l’hémorragie obstétricale y sont détaillés très précisément quart d’heure par quart d’heure.

50 % des décès sont considérés comme évitables

Mais l’amélioration doit encore se poursuivre. L’autre enseignement du rapport de l’Inserm, c’est que plus de la moitié des décès maternels ont été jugés « évitables », c’est-à-dire pour lesquels une  modification des soins ou de l’attitude de la patiente aurait pu changer l’issue fatale. Ce taux a certes baissé mais il reste encore trop élevé. D’autant que ce sont les décès par hémorragies, première cause de mortalité maternelle, qui présentent la plus grande proportion de « soins jugés non optimaux » (81 %). Pourquoi ? Bien souvent, il s’agit d’erreur d’appréciation. 

« L’hémorragie est parfois sous-estimée, la réaction trop tardive ou la transfusion insuffisante », déplore le professeur Gérard Lévy. « Or plus on perd de temps, plus le pronostic s’altère et les chances de survie diminue. »

C’est pourquoi, il est indispensable que les professionnels connaissent les bonnes pratiques lorsque une hémorragie survient après l’accouchement. Et également qu’ils aient l’habitude de prendre en charge ce type de complication.

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