Un accouchement en temps réel

Publié par La rédaction  |  Mis à jour le

Séverine nous raconte la naissance de son petit garçon, Théo. Des moments intenses, riches en émotions…

La naissance de Théo, heure par heure

Samedi 11 septembre, il est 6h30. Je me réveille, je vais aux toilettes et me recouche. A 7h, j'ai l'impression d'avoir mon pyjama trempé, je retourne aux toilettes et là je ne peux pas me contrôler... je commence à perdre les eaux !
Je vais voir Sébastien, le papa, et lui explique que l'on peut y aller. Il va chercher les sacs à l'étage et dit à ses parents qui étaient présents que nous partons à la maternité. On s'habille, je prends une serviette pour ne pas inonder la voiture, je me coiffe et hop, on part ! Colette, ma belle-mère, me dit avant de partir qu'elle l'avait senti le soir, que j'avais la mine fatiguée. Nous partons pour la maternité de Bernay... Nous allons bientôt faire connaissance…

7h45 :

Arrivée à la maternité, où nous sommes accueillis par Céline, la sage-femme qui m'ausculte et pose le monitoring. Bilan : c'est bien la poche qui est rompue. J’ai des contractions de fin de grossesse que je ne sens pas, et le col est ouvert à 1 cm. Du coup, ils me gardent, ne provoquent rien avant demain matin, et j'aurais un antibiotique si je n'accouche pas avant 19h.

8h45 :

Je suis dans ma chambre, où j'ai le droit à un petit déjeuner (pain beurre, confiture et café au lait). On mange aussi les pains au chocolat que nous avons pris à la maison, et Sébastien a également droit à un café. Il reste avec moi, nous en profitons pour passer un coup de fil à mes parents pour leur dire que je suis à la maternité. Il retourne à la maison pour déjeuner avec ses parents et ramener quelques affaires oubliées.

11h15 :

Céline revient dans la chambre pour poser le monitoring. Ça commence à bien contracter. Je mange un yaourt et une compote, je n'ai pas le droit à plus car l'accouchement approche. Je vais prendre une douche chaude, cela me fait du bien.

13h00 :

Sébastien est de retour. Ça commence sérieusement à me faire mal, je ne sais plus comment me placer et je n'arrive plus à respirer correctement. J'ai envie de vomir.

 

16h, on m'emmène en salle de travail, le col s'ouvre doucement, on me répond gentiment que pour la péridurale, c'est trop tard ! Comment ça trop tard, je suis là depuis mes 3 cm ! Bon, pas grave, même pas peur !

17h, le gynécologue (qui doit voir sa journée se terminer et s'impatienter, soyons médisantes) arrive et m'examine. Il décide de rompre la poche des eaux pour accélérer le processus.

Il s'exécute donc, toujours aucune douleur, tout va bien.
Une contraction arrive, mon homme me l'annonce en surveillant le monitoring, merci chéri, heureusement que tu es là, je serais passée à côté sinon !

Sauf que là, la chanson a changé ! Je ne rigole plus du tout, les contractions s'accélèrent, et cette fois, ça fait mal !
On me propose de la morphine, qui induira que mon bébé parte en couveuse pendant 2h après l'accouchement. Après un héroïque refus, je me ravise et la réclame. Morphine + masque à oxygène, je suis zen, un peu trop, je n'ai qu'une envie : aller dormir, débrouillez-vous sans moi !

Bon apparemment ça n'est pas possible.

19h, le gynécologue revient et me demande si je ressens l'envie de pousser. Pas du tout !
20h, même question, même réponse !

21h, le cœur du bébé ralentit, on s'affole autour de moi, une injection en vitesse, et tout semble rentrer dans l’ordre.
Sauf que le liquide amniotique est teinté (de sang), que bébé est toujours bien perché tout en haut de l'utérus et ne semble pas du tout pressé de descendre, je suis dilatée à 8 cm, et ça ne bouge plus depuis un bon moment.

Le gynécologue fait les 100 pas entre la salle de travail et le couloir, j'entends pêle-mêle "césarienne", "anesthésie générale", " rachi-anesthésie", " péridurale "
Et pendant ce temps-là, les contractions reviennent toutes les minutes, je souffre, j'en ai marre, je veux que ça se termine, et que quelqu'un prenne enfin une décision !

Enfin on m'emmène au bloc, le papa se retrouve abandonné dans le couloir. J'ai droit à une rachi-anesthésie, qui me redonne le sourire, je ne sens plus les contractions, c'est du bonheur !
22h17, mon petit ange sort enfin, poussé par la sage-femme et attrapé par le gynécologue.
A peine le temps de l'apercevoir qu'on l'emmène au bain avec son papa pour 1er témoin ému.

Un petit tour en salle de réveil et je regagne ma chambre, sans mon fils comme prévu, à cause de la morphine.

Des retrouvailles émouvantes

J'ai droit à 5 minutes avec mon bébé pour lui dire au revoir, et il part, loin. Sans que je sache si je le reverrai.
Terrible attente, épreuve insoutenable. Il ne sera opéré que le jeudi matin d'une fistule omphalo-mésentérique, une sorte de jonction entre l'intestin et le nombril, censée se refermer avant la naissance, mais qui a oublié de faire son boulot chez mon petit trésor. Un cas sur 85000 si ma mémoire est bonne. On m'avait annoncé une laparotomie (grande ouverture en travers de l'abdomen), finalement le chirurgien est passé par voie ombilicale.

23h, le papa rentre se reposer à la maison.
Minuit, l'infirmière rentre dans ma chambre, suivie par la pédiatre, et m'annonce sans ambages " Ton bébé a un problème ". Le sol s'effondre, j'entends dans un brouillard la pédiatre m'annoncer que mon enfant perd du méconium (1éres selles de l'enfant) par le nombril, que c'est extrêmement rare, qu'elle ne sait pas si son pronostic vital est en jeu ou non, et que le SAMU va arriver pour l'emmener en unité de néonatalogie à l'hôpital ( j'ai accouché en clinique) , puis qu'il partira demain pour un autre hôpital équipé d'une équipe de chirurgie pédiatrique, à plus de 100 km de là.
En raison de la césarienne, je n'ai pas le droit de l'accompagner.

Le monde s'écroule, je pleure à n'en pas finir. Pourquoi nous ? Pourquoi lui ? Pourquoi ?

J'ai droit à 5 minutes avec mon bébé pour lui dire au revoir, et il part, loin. Sans que je sache si je le reverrai.
Terrible attente, épreuve insoutenable. Il ne sera opéré que le jeudi matin d'une fistule omphalo-mésentérique, une sorte de jonction entre l'intestin et le nombril, censée se refermer avant la naissance, mais qui a oublié de faire son boulot chez mon petit trésor. Un cas sur 85000 si ma mémoire est bonne. On m'avait annoncé une laparotomie (grande ouverture en travers de l'abdomen), finalement le chirurgien est passé par voie ombilicale.

Le vendredi je suis autorisée à retrouver mon enfant, je pars allongée en ambulance, trajet long et douloureux, mais enfin je vais revoir mon bébé.

Le mardi d'après, on rentrait tous à la maison, en ayant soigné avant ça une magnifique jaunisse !

Un périple qui, depuis, a laissé des traces, non pas physiques, mon grand garçon ne garde aucune séquelle de cette "aventure" et la cicatrice est invisible pour qui ne sait pas, mais psychologiques pour moi. J'ai toutes les peines du monde à être séparée de lui, je vis dans l'angoisse, comme toutes les mères qu'il lui arrive quelque chose, je suis une mère poule, trop peut-être, mais surtout pleine d'amour que mon ange me rend au centuple.

Aurélie (31ans), maman de Noah (6 ans et demi) et Camille (17 mois)

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