Etre présent ou non à l'accouchement : des pères témoignent

Mis à jour le

Pour ou contre la présence du père à l'accouchement ? C'est à lui de décider...

Papa à l’accouchement

Elle se fait bien rare la silhouette du père qui attend, stressé dans le couloir, la naissance de son enfant. Les années 1950 ont ouvert aux hommes les portes des salles d’accouchement. La présence du père à l'accouchement est aujourd’hui quasi prescrite, voire ordonnée.

Phénomène de société
Confrontés à une véritable pression sociale, les futurs pères ont tendance à s’y « soumettre », alors que leur participation n’a finalement rien d’obligatoire. Cela doit rester le choix du couple, une décision mûrement réfléchie, forgée au cours de discussions et d’interrogations, l’important restant de savoir pourquoi on y va.
C’est un fait, les femmes en quête de soutien n’hésitent plus à solliciter la présence du papa à l'accouchement, rendue encore plus nécessaire par l’éloignement familial qui caractérise la société actuelle. Pas de contre-indications à ça, au contraire… mais à condition que les futurs pères le désirent vraiment et qu’ils y soient suffisamment préparés.

Quand la mère refuse la présence du père à l'accouchement...
Certaines femmes préfèrent ne pas voir leur homme lors de l'accouchement pour le "protéger" ,par peur aussi de sa réaction. D’autres préfèreront le soutien d’une autre femme, une mère, d’une sœur. C'est un choix qui doit être respecté et discuté au sein du couple. 

Papa spectateur ou acteur ?

Même si l’accouchement fait partie de ces moments magiques et tant attendus que l’on ne cesse de s’imaginer, les images violentes qu’il véhicule parfois peuvent surprendre, voire choquer, et dépasser tout ce que les pères s’étaient représenté jusque-là. « Ce fut une étape importante et magnifique de ma vie, mais aussi traumatisante », reconnaît Thierry qui a filmé l’accouchement de sa femme. « Je n’étais pas préparé à une telle violence. » Pour Raphaël, « rien ne vaut le vécu ». Voir arriver sa fille les yeux grands ouverts fut le plus beau jour de sa vie ! Du côté de Ludovic, c’est la surprise et l’émerveillement : « Quand j’ai vu cette grosse tête de bébé dans ce tout petit sexe, je me suis demandé comment elle était capable de ça. J’ai été pris d’un amour fou et d’une énorme tendresse pour elle tellement c’était fabuleux. »

Papa à l'accouchement, souvent perdu !

L’accouchement peut aussi plonger les papas dans un univers où ils ont bien du mal à trouver leur place, assaillis par un sentiment d’impuissance pour certains. Comme Christophe, qui ne savait pas quoi faire pour soulager sa compagne, pensant qu’il n’arriverait même pas à rester jusqu’au bout et tombant en larmes à l’arrivée de son petit. Ou Hervé, dont la femme a accouché sans péridurale, « avec des cris de souffrance et des mots très forts. » Résultats : pour une minorité, cet instant se charge de regret de ne pas s’être abstenu, même si, avec le temps, tout s’estompe…

Des pères plus ou moins actifs à l'accouchement

Pendant l'accouchement, si les papas ont envie de bouger, de s’asseoir, de sortir même… libre à eux ! "Je ne pensais pas regarder", avoue Franck, "mais quand le gynéco a dit "je vois les cheveux", je n’ai pu m’en empêcher. J’étais anxieux, impatient, fou de joie." Bruno, lui, souhaitait "être transparent tout en continuant à assister…" C’est à cet instant qu’il a enfin compris le bonheur que ses parents ont éprouvé avec leurs trois enfants.

Chacun participe à la hauteur de ses moyens, soutenant la future maman, assurant la liaison avec les professionnels ou s’impliquant comme un membre de l’équipe. Souvent, d’ailleurs, quand les pères se sentent "dans le coup", avec le sentiment d’aider leur femme (et leur enfant !), leurs angoisses disparaissent aussitôt. Mais pas de quiproquo : leur présence en salle d’accouchement n’est pas pour autant un gage de paternité…

Un moment inoubliable !
"Un mélange d’anxiété, de hâte et de bonheur intense ! Pour rien au monde je n’aurais manqué de si beaux moments. Une émotion qui m’a envahi durant tout le travail et submergé au moment de la délivrance, et qui me fait davantage aimer et respecter mon épouse."
explique Sébastien.

"A la vue d’un tel miracle, la première phrase qui m’est venue en tête : chapeau bas Mesdames !"
Pierre, par Internet 

L’accouchement ne fait pas devenir père

Symboliquement, en coupant le cordon à la naissance, l’homme marque pour la première fois sa place, séparant le corps du bébé de celui de sa mère. Mais c’est surtout en donnant leur nom (et non leur corps !) que les hommes se reconnaissent davantage en tant que pères.Comme disait Freud : "la maternité est un processus sensoriel, la paternité est un processus de pensée."
Phénomène essentiellement culturel, la présence des pères lors de l’accouchement fait partie des rites de la société actuelle. Ni un bien, ni un mal, elle prend sa pleine valeur uniquement lorsque le papa a envie d’y participer, en accord avec sa conjointe. Rendez-vous dans quelques années pour voir si la tendance a évolué…

Les pères en parlent !
Certaines maternités, dans les grandes villes notamment, organisent des ateliers de paroles pour futurs papas, les aidant à extérioriser leurs angoisses et se préparer à l’accouchement. 

A chaque père sa manière de vivre l'accouchement

Le jour de l'accouchement, dans quel groupe le papa va-t-il se situer ?

Les accompagnateurs
Ces pères adoptent une attitude maternelle (paroles et gestes tendres, écoute, protection, soutien…), restant au chevet de leur compagne qui apprécie leur présence pendant l'accouchement, surtout si elle ne peut bénéficier de celle de sa mère.

Les meneurs
Ce sont souvent les pères qui insistent pour être présents à l’accouchement. Ils s’identifient à leur femme, minutent les contractions, respirent comme elle, poussent... participant activement à la naissance.

Les admirateurs
ces pères ne veulent rien manquer de l'accouchement et surtout pas la sortie du bébé. L’occasion pour eux de contempler une scène qui les fascine depuis leur tendre enfance et voir ce qui a toujours été interdit : le sexe de leur propre mère. En s’identifiant facilement à l’enfant en train de naître, ils revivent en quelque sorte leur propre naissance.

Les vidéo-amateurs
Ce sont les pères qui filment ou prennent des photos à tout va pendant l'accouchement, pour finalement se protéger derrière leur objectif. Ils ne sont pas prêts à regarder la scène sans "intermédiaire". Certains le font aussi à la demande de leur compagne, qui veut garder un souvenir.

Les déserteurs
Confrontés à leur impuissance devant le corps maternel, ces pères mal à l’aise ne trouvent pas leur place lors de l'accouchement, choqués parfois par le sexe de leur femme ou se sentant coupables de leurs souffrances. Pour échapper à cette situation insupportable, ils développent inconsciemment des défenses dites "névrotiques" : besoin de sortir pour manger, obligations professionnelles, malaise, crise de tétanie….

Sujets associés