Que ressent le bébé pendant l’accouchement ?

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le par Barbara BenattasseAvec Myriam Szejer, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent et Benoît Le Goëdec, sage-femme.

Comment le bébé vit-il la transition naturelle qu’est l’accouchement ? Quel souvenir garde-t-il de la naissance ? Les éclairages de Myriam Szejer, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent et Benoît Le Goëdec, sage-femme.

Bien au chaud, niché dans l’utérus de sa mère, le fœtus se construit et s’éveille au monde durant les neuf mois de la grossesse. Puis, vient le temps de l’accouchement : une étape qui se termine et une vie qui commence !

L’accouchement côté bébé : comment le vit-il ?

Le temps est heureusement loin où on considérait le fœtus comme un amas de cellules sans intérêt. Les chercheurs se penchent de plus en plus sur la vie anténatale et découvrent chaque jour les incroyables compétences que le futur bébé développe in utero. Le fœtus est un être sensible, qui a une vie sensorielle et motrice bien avant la naissance. Mais si l’on sait désormais beaucoup de choses sur la grossesse, la naissance cache encore bien des mystères !

Est-ce que le futur bébé a mal pendant l’accouchement ?

Que perçoit notre futur bébé pendant l’accouchement ? Existe-t-il une douleur fœtale dans ce moment si particulier ? Et si oui, comment est-elle ressentie ? Surtout, enfin, cette sensation est-elle mémorisée et peut-elle avoir des conséquences sur l’enfant ?

C’est vers le 5e mois de la grossesse que des récepteurs sensoriels apparaissent sur la peau du fœtus. Est-il pour autant capable de réagir aux stimulations extérieures ou intérieures, telles que le toucher, les variations de température ou encore la luminosité ? Non, il devra encore patienter quelques semaines. Ce n’est qu’au troisième trimestre que les voies de conduction pouvant transmettre les informations jusqu’au cerveau sont actives.

À ce stade et donc a fortiori au moment de la naissance, le bébé est capable de ressentir une douleur.

Est-ce que notre futur bébé peut bouger pendant les contractions et l’accouchement ?

Un futur bébé qui dort lors de l’accouchement

Au terme de la grossesse, l’enfant est prêt à faire sa sortie. Sous l’effet des contractions, il descend progressivement dans le bassin, qui forme une sorte de tunnel. Il effectue divers mouvements, modifie plusieurs fois son orientation pour contourner les obstacles tandis que, parallèlement, le col se dilate. La magie de la naissance est en train d’opérer.

Alors qu’on pourrait le croire malmené par ces violentes contractions, il est pourtant en train de dormir ! La surveillance du rythme cardiaque pendant l’accouchement permet d’affirmer que le bébé somnole durant le travail et ne se réveille qu’au moment de l’expulsion. Certaines contractions très intenses, notamment lorsqu’elles ont été stimulées dans le cadre d’un déclenchement, peuvent toutefois le réveiller.

S’il dort, c’est qu’il est serein, qu’il ne souffre pas… Ou bien c’est que le passage d’un monde à l’autre est une telle épreuve qu’il préfère ne pas être éveillé. Théorie partagée par certains professionnels de la naissance, à l’instar de Myriam Szejer, pédopsychiatre et psychanalyste en maternité : « On peut penser que les sécrétions hormonales entraînent une sorte d’analgésie physiologique du bébé ».

Quelque part, le fœtus s’endort pour mieux supporter la naissance. Il n’empêche que même assoupi, le bébé réagit à l’accouchement par différentes variations cardiaques. Lorsque sa tête appuie sur le bassin, son cœur ralentit. À l’inverse, quand les contractions enroulent son corps, son rythme cardiaque s’emballe. « La stimulation fœtale entraîne une réaction, mais tout cela ne nous dit rien sur la douleur », affirme Benoît Le Goëdec, sage-femme.

Quant à la souffrance fœtale, celle-ci n’est également pas l’expression d’une douleur en tant que telle. Elle correspond à une mauvaise oxygénation du bébé et se manifeste par des anomalies du rythme cardiaque.

L’impact de la naissance : à ne surtout pas négliger

La tête une fois dégagée, la sage-femme sort une épaule, puis l’autre. Le reste du corps de l’enfant suit sans difficulté. Votre enfant vient de naître. Pour la première fois de sa vie, il respire, il pousse un immense cri, vous découvrez son visage.

Que ressent le bébé lorsqu’il arrive dans notre monde ? « Le nouveau-né est d’abord surpris par le froid, il est à 37,8 °C dans le corps de la femme et il ne fait pas cette température-là dans les salles d’accouchement, encore moins dans les blocs opératoires, souligne Myriam Szejer. Il est également ébloui par la lumière, car il n’y a jamais été confronté. »

L’effet de surprise est amplifié en cas de césarienne. « Toute la mécanique du travail pour le bébé n’a pas eu lieu, il est cueilli alors même qu’il n’avait pas donné de signe qu’il était prêt. Cela doit être extrêmement déroutant pour lui », poursuit la spécialiste.

Parfois l’accouchement ne se passe pas comme prévu. Le travail traîne, le bébé a des difficultés à descendre, il faut l’extraire à l’aide d’un instrument. Dans ce type de situation, « on prescrit souvent un antalgique pour soulager l’enfant, observe Benoît Le Goëdec. Preuve que dès qu’il est dans notre monde, on considère bien qu’il y a eu douleur. »

Un traumatisme psychologique pour le bébé ?

Au-delà de la douleur physique, il y a le traumatisme psychologique. Lorsque le bébé est né dans des conditions difficiles (hémorragie, césarienne d’urgence, accouchement prématuré), la maman peut transmettre inconsciemment son stress à l’enfant au cours de l’accouchement et dans les jours qui suivent. « Ces bébés se retrouvent comme happés dans l’angoisse maternelle, explique Myriam Szejer. Ils dorment tous le temps pour ne pas la déranger ou alors ils sont très agités, inconsolables. Paradoxalement, c’est une manière pour eux de rassurer la mère, de la maintenir vivante. »

Assurer une continuité dans l’accueil du nouveau-né

Rien n’est définitif. Et le nouveau-né possède lui aussi cette capacité de résilience qui fait que, dès lors qu’il est blotti contre sa mère, il retrouve confiance et s’ouvre sereinement au monde qui l’entoure. Les psychanalystes ont insisté sur l’importance de l’accueil du nouveau-né et les équipes médicales y sont aujourd’hui particulièrement attentives. Les spécialistes de la périnatalité s’intéressent d’ailleurs de plus en plus aux conditions d’accouchement pour interpréter les différents maux des jeunes enfants et des adultes.

« Ce sont les circonstances de la naissance qui peuvent être traumatiques, et non la naissance elle-même », assure Benoît Le Goëdec. La lumière vive, l’agitation, les manipulations, la séparation maman-bébé… « Si tout va bien, il faut favoriser l’évènement naturel que ce soit dans les positions d’accouchement ou dans l’accueil du bébé. »

Qui sait, peut-être que l’enfant ne mémorisera pas les efforts considérables nécessaires pour naître, s’il est accueilli dans un climat de douceur. « L’essentiel est de lui assurer une continuité avec le monde qu’il vient de quitter », confirme Myriam Szejer. La psychanalyste rappelle l’importance des mots à adresser au nouveau-né, en particulier si la naissance a été difficile. « C’est important de raconter au bébé ce qui s’est passé, pourquoi il a dû être séparé de sa mère, pourquoi cet affolement en salle de naissance… ». Rassuré, l’enfant retrouve ses repères et peut alors démarrer une vie tranquille !

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il y a 2 mois
Une exposition aux écrans avant 3 ans aura un impact sur la santé de l'enfant. Elle entrave le développement cognitif et moteur de l'enfant, voire mêm...
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Non
il y a 2 mois
Encore un peu moins de Liberté! Encore une façon de nous dire comment penser, ce qui est bien ou pas pour nos enfants,par contre interdire les pestici...
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