L’épisiotomie, comment ça se passe ?

Publié par Ysabelle Silly et Isabelle Hallot  |  Mis à jour le par Marion Bellal Avec Philippe Deruelle, professeur des universités-praticien hospitalier de gynécologie obstétrique aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg.

Une épisiotomie est une intervention destinée à faciliter le passage du bébé et à éviter les déchirures. Parfois nécessaire, elle n’est plus pratiquée systématiquement et vous avez le droit de la refuser. Explications.

Avec Philippe Deruelle, gynécologue obstétricien, professeur des universités — praticien hospitalier aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg.

Lors d’un accouchement, une épisiotomie consiste à inciser le périnée pour faciliter la sortie du bébé. Cet acte chirurgical repose sur une incision d’environ 4 à 6 cm au niveau de l’ouverture du vagin, de manière verticale ou oblique. De cette façon, le dégagement de la tête du bébé est facilité durant l’accouchement, sans que des déchirures incontrôlables n’aient lieu.

Le recours à l’épisiotomie est de plus en plus rare en France. En 2021, elles n’ont été nécessaires que pour 8,3 % des accouchements, assure l’enquête nationale périnatale menée par Santé publique France et l’Inserm. En comparaison, environ 35 % des femmes ont subi une épisiotomie lors de leur premier accouchement et 10 % pour les accouchements suivants (soit 20,1 % sur l’ensemble des accouchements), d’après l’Enquête périnatale de 2016. Ces données étaient déjà en baisse par rapport à la même enquête publiée en 2010 : une épisiotomie était alors pratiquée pour 44 % des primipares (premier accouchement) et 14 % des multipares (deuxième, troisième… accouchement).

Est-ce que l’épisiotomie est obligatoire ?

L’épisiotomie n’est pas systématique, mais elle est pratiquée quand la naissance risque d’entraîner des déchirures du périnée.

Quelles sont les indications de l’épisiotomie ?

Cette intervention est censée prévenir le risque de déchirure du périnée et éviter l’incontinence urinaire ou anale, ainsi que le prolapsus, c’est-à-dire la descente d’organes. Mais plusieurs études démontrent que l’épisiotomie ne prévient en rien ces trois risques. L’intervention serait même plus risquée qu’une déchirure naturelle, car l’incision est souvent plus grande, nécessite des fils de suture, entraîne des saignements importants et cicatrise moins vite.

Dès 2005, le Collège des gynécologues français a publié desrecommandations pour limiter cette pratique. L’équipe médicale ne doit effectuer une épisiotomie que lorsqu’elle la juge vraiment nécessaire. Dans un communiqué publié en décembre 2017, la Haute Autorité de Santé (HAS) a de nouveau appuyé ses préconisations en rappelant qu’il n’est pas nécessaire « de réaliser d’épisiotomie systématique, y compris chez la primipare, et en cas d’antécédent de déchirure périnéale sévère. »

L’épisiotomie est-elle douloureuse ?

Toutefois, si une épisiotomie est nécessaire, soyons rassurée : l’incision ne fait quasiment pas souffrir. D’abord parce que, sous péridurale, toutes les douleurs sont amoindries. De plus, parce que le praticien incise en principe pendant une contraction, qui capte déjà toute notre attention !

Combien de temps durent les douleurs après l’épisiotomie ?

La suture est, en revanche, plus douloureuse, mais elle fait l’objet d’une anesthésie locale à la xylocaïne, ou locorégionale, réalisée en même temps que la péridurale. C’est durant les premiers jours, et parfois les premières semaines, que l’épisiotomie est la plus gênante. Dans la majorité des cas, ce n’est pas l’épisiotomie qui occasionne le plus de douleurs après l’accouchement.

Accouchement : est-ce que l’épisiotomie prévient les risques de déchirure ?

Il existe un risque de déchirure du sphincter lorsque l’épisiotomie n’est pas réalisée, alors qu’elle est nécessaire. Cette complication peut engendrer des problèmes d’incontinence anale chez la future mère. L’épisiotomie doit notamment agir en prévention d’un risque de déchirure du 3ème ou 4ème degré, c’est-à-dire jusqu’à l’anus, ce qui survient dans moins de 5 % des cas.

En combien de temps cicatrise une épisiotomie ?

En règle générale, la partie visible de l’épisiotomie (la peau) cicatrise très vite, soit entre 8 et 10 jours environ. C’est plus long à l’intérieur : il faut compter entre 12 et 18 mois pour que tout soit bien cicatrisé… D’où une gêne, voire une sensation douloureuse, qui peut parfois perdurer plusieurs mois après l’accouchement. Les premiers jours, il est possible de rencontrer des difficultés à s’asseoir et même à bouger. Il est important de l’indiquer à l’équipe médicale, qui nous donnera un traitement anti-inflammatoire pour nous soulager.

L’épisiotomie est-elle obligatoire pour un premier bébé ?

Une épisiotomie n’est absolument pas indispensable lors d’un premier accouchement. En général, elle peut être pratiquée lorsque le bébé a un poids supérieur à la moyenne, si sa tête est trop grosse, ou si son rythme cardiaque diminue et qu’il faut accélérer sa sortie. Cette intervention est également envisagée si le bébé est en siège par exemple ou si le périnée de la mère est fragile.

Périnée, Cékoikes ?

Peut-on refuser une épisiotomie ?

Aucun acte médical, ni aucun traitement thérapeutique, ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne. Ainsi, nous pouvons refuser de subir une épisiotomie. Il est important d’en discuter au préalable avec notre gynécologue ou notre sage-femme. On peut également mentionner notre refus dans notre projet de naissance.

La péridurale a-t-elle une incidence sur l’épisiotomie ?

Péridurale et épisiotomie ne sont pas liées. Une femme qui est sous péridurale n’aura pas forcément une épisiotomie. Néanmoins, il est certain que la péridurale, dans la mesure où elle insensibilise la zone périnéale, peut conduire à des poussées mal dirigées, qui étirent trop le périnée. Par conséquent, l’épisiotomie peut devenir nécessaire.

Le massage du périnée permet-il d’éviter l’épisiotomie ?

Pour assouplir le périnée et le rendre un peu plus extensible le jour J, le professeur Deruelle conseille « de le masser quelques semaines avant l’accouchement avec une huile végétale durant une dizaine de minutes. Ce massage intime permettrait de diminuer légèrement le risque d’avoir une épisiotomie. Néanmoins, cela nécessite d’être à l’aise avec son corps, ce qui n’est pas donné à toutes les futures mamans ».

Cicatrisation : quels soins à réaliser après une épisiotomie ?

Il est préconisé de bien nettoyer la cicatrice après les passages aux toilettes, pour réduire les risques de brûlure ou d’infection après une épisiotomie. Une consultation médicale s’impose quand la maman présente des pertes vaginales malodorantes ou de couleur inhabituelle. Ces deux signes peuvent alerter sur une potentielle infection, qui retardera la cicatrisation.

Quelles sont les conséquences de l’épisiotomie sur la vie sexuelle ?

Concernant les rapports sexuels, il est recommandé d’éviter d’en avoir pendant un mois à six semaines après une épisiotomie. L’acte sexuel risque d’être douloureux et pourrait entraîner une réouverture de la cicatrice et provoquer des complications. Lors de la consultation postnatale, le ou la médecin ou le ou la sage-femme regardera comment a évolué la cicatrice de l’épisiotomie, et indiquera aux parents s’ils peuvent reprendre leur vie sexuelle.

En vidéo : Comment éviter l’épisiotomie ?

Oui
il y a 1 jour
En soit c'est pas la phrase qui me gêne malgré qu'on doit partir en guerre à chaque fois. Non ça me gêne car c'est un homme qui parle mais depuis qua...
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Lire 2 arguments Oui
Photo de profil de Clemence T
36 points
Non
il y a 20 jours
Non cela ne me choque pas. Il faut arrêter de jouer les "précieuses ridicules"! C est une expression TRÈS maladroite mais qui exprime très bien son id...
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