La grossesse et l’accouchement à travers le monde

Publié par Laurence Yème  |  Mis à jour le

Elles vivent à l'étranger avec leur tribu, pour quelques années ou davantage. Mamans expatriées, elles livrent leurs impressions sur la naissance et la maternité dans le pays qui les accueille.

Maternité, comment ça se passe ailleurs ?

Au cœur de l’ex-Yougoslavie, en Bosnie, une grossesse est toujours un grand bonheur dans le clan familial. Tiphaine y a donné naissance à son premier enfant : « On fait une ou deux échographies et l’on peut connaître le sexe de l’enfant », explique-t-elle. « La future maman cesse de travailler un mois avant terme et perçoit l’intégralité de son salaire pendant son congé maternité de 12 mois ! »


En France, tous les frais d’un accouchement dans le public sont pris en charge à 100 %, par la Sécurité sociale, dès le 6e mois.Aux États-Unis, fonder une famille a un coût : « Bien assurés, votre accouchement revient à environ 550 $ », souligne Gaëlle. De fait, le suivi de grossesse semble plus léger, car « les assurances restreignent les remboursements et donc les actes », explique-t-elle. « Deux échographies contre trois minimum en France. Idem pour les examens médicaux : celui de la toxoplasmose n’existe tout simplement pas ! » En France, une maman reste 3 à 5 jours à la maternité, le temps que l’enfant reprenne du poids et que la montée de lait soit amorcée. Les médecins américains estiment que s’il y avait un souci, il serait détecté dans les 48 heures ; que 2 jours sont donc suffisants. Tout dépend des Etats, mais « à New York, on bénéficie d’un congé maladie de 6 semaines après l’accouchement, payé à 60 %, que les mamans prolongent souvent par un congé sans solde. Beaucoup cessent de travailler pour élever leur enfant », ajoute Séverine.

L’Iran ou le Moyen-âge de la maternité

« Un gouffre culturel et médical nous sépare de la France ! » Aurélie a vécu sa première grossesse à Yazd, en Iran. « Seule une partie aisée de la population semble avoir accès aux soins. Pour ma première échographie, l’obstétricienne m’a présenté avec fierté une vieille bécane venue de Russie, en fonction depuis 1990, et l’on m’a donné des médicaments contre les nausées, déconseillés aux femmes enceintes ! Les Iraniennes avaient sur moi un regard agressif, parce que mes vêtements n'étaient pas assez amples. Ayant beaucoup  de contractions, j’ai dû finir ma grossesse en France, version tout confort ! »

Accouchement naturel : l’Allemagne en avance

« Accoucher, c’est la chose la plus naturelle du monde ! » Isabelle vit en Allemagne : « Ici, j’ai trouvé l’accouchement bien moins médicalisé – pour ne pas dire anxiogène – qu’en France. Honte aux hôpitaux qui effectuent plus de 35 % de péridurales ! Tout est fait pour être à l’aise pendant le travail : chaise d’accouchement trouée, bain, liane où s’accrocher, etc. Huit heures après l’accouchement, je suis rentrée chez moi. »

Si ce genre de pratiques émergent dans certaines cliniques et hôpitaux, c’est loin d’être une généralité dans l’Hexagone, ni chez nos voisins américains. « J’ai vécu un accouchement aussi médicalisé aux États-Unis qu’en France », soutient Gaëlle du New Jersey. « Mais pour tout acte médical, le gynécologue demande d’abord l’avis de la future maman. Ils ont tellement peur du procès qu’ils ne prennent jamais de risques ! »

Des rituels symboliques autour de la naissance

« En Bosnie, si l’état des hôpitaux laisse à désirer, il n’y a pas pour autant de réels problèmes d’hygiène. En revanche, on demande parfois aux patients de venir avec leurs médicaments ! Par tradition, le père comble la sage-femme de cadeaux et attend tranquillement la naissance dans un café, avec des amis », raconte Tiphaine. Pas de péridurale, qui a encore mauvaise presse, mais les choses ont l’air d’évoluer. Le nouveau-né est emmailloté et la maman reste cinq à dix jours à la maternité. Il est aussi coutume, lorsqu’on va la visiter, de glisser un billet sous l’oreiller du nourrisson, comme vœu de prospérité. C’est « babina » !


Si Tahiti est en Polynésie française, l’éloignement et son statut en font une toute autre France. Virginie y a vécu quatre ans avec ses enfants : « Ici, on obtient ses rendez-vous médicaux beaucoup plus rapidement et le corps médical est tout aussi compétent. À la maternité, j’ai partagé ma chambre avec une jeune maman qui confiait son nouveau-né à une famille d’accueil, en vue d’une future adoption. C’est un enfant « fa’a’amu » : un « don » d’enfant perçu comme un cadeau fait d’une famille à une autre. Elle avait l’air très heureuse, c’est quelque chose qui m’a beaucoup marquée. »

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