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Accouchement à domicile : le témoignage de Cécile

Publié par Isabelle Blin  |  Mis à jour le par Esther Buitekant

En collaboration avec Benoît Le Goëdec (sage-femme, auteur du Guide de l'accouchement, ed.Larousse.)

Cécile a accouché à domicile de sa petite fille, Mélissa. Elle raconte à parents.fr les étapes heure par heure de cette aventure mémorable. Témoignage.

En 2022, seulement 89 sages-femmes formées à l’AAD (Accouchement Accompagné à Domicile) exerçaient en France. Et si aucune loi n’interdit aux couples de donner naissance à leur enfant à la maison, ces accouchements sont encore largement minoritaires. Seulement les chiffres de l’Association professionnelle de l’accouchement accompagné à domicile (APAAD). 1001 femmes ont accouché chez elles en 2022, plus 151 femmes qui l’auraient souhaité mais ont été transférées pendant le travail. Le rapport indique que les causes de ces transferts étaient principalement liées à la non-progression du travail et au besoin de soulagement de l’intensité des contractions.

Accouchement naturel : pourquoi choisir d’accoucher à domicile ?

Les couples qui font le choix de donner naissance à leur bébé à domicile expriment différentes motivations : le souhait d’un accouchement naturel et le moins médicalisé possible, d’une naissance calme et avec le moins de monde possible, la volonté d’accoucher dans un environnement familier et dans le cocon de la maison. Certaines femmes décident d’accoucher à domicile pour un deuxième bébé après un premier accouchement très médicalisé et parfois traumatisant.

Qu’est-ce qu’un accouchement non assisté ?

Si les accouchements à domicile sont rares, les accouchements à domiciles non assistés le sont encore plus. On parle d’accouchement non assisté lorsque la naissance se déroule sans la présence d’un ou d’une sage-femme pour accompagner l’accompagner.

Comment se passe un accouchement en maison de naissance ?

Alors que ce type de lieu est très répandu dans d’autres pays, il n’existe en France que 8 maisons de naissance, attenantes à une maternité partenaire, sur l’ensemble du territoire. Comme le détaille le ministère de la Santé, les maisons de naissance sont « des structures autonomes qui, sous la responsabilité exclusive de sages-femmes, accueillent les femmes enceintes dans une approche personnalisée du suivi de grossesse jusqu’à leur accouchement ». L’accouchement en maison de naissance s’adresse aux femmes enceintes sans facteur de risque connu et qui souhaitent un accouchement physiologique et peu médicalisé. La naissance est accompagnée par une sage-femme, en respectant le rythme de la future maman et de son bébé. L’accouchement a toujours lieu sans péridurale.

Accouchement à domicile : le témoignage de Sandrine, maman de Mélissa

7 h 20 : début des contractions

Jeudi 27 décembre, 7 h 20. Je suis réveillée. Une douleur apparaît dans mon bas-ventre. Je commence à m’y habituer, ça fait déjà un moment que ça travaille en prévision de la naissance. C’est plus douloureux que d’habitude, et plus long. Cinq minutes après, on recommence le même cycle, et un autre, etc. Je me lève, je me fais couler un bain. Ça continue, mais petit à petit, la contraction et la douleur s’associent. Deux heures que ça se contracte… Au fait… « Bon anniversaire mon cœur ! Mais ne stresse pas comme ça ! ». On donne le petit-déjeuner aux enfants, on les habille. Ensuite, j’appelle Catherine, la sage-femme. Elle sera là vers 11 h 30.
En attendant, je sors René et Romy du lit. Ce sont eux qui vont s’occuper des enfants pendant l’accouchement. On profite du temps qui passe entre deux contractions pour organiser la salle à manger. On fait de la place pour que je puisse bouger à mon gré. René arrive et repart avec les enfants. On reste entre nous, on tourne un peu en rond, alors on fait un peu de rangement (entre deux contractions), histoire de ne pas trop « réfléchir », de laisser faire les choses.

11 h 40 : arrivée de la sage-femme

Catherine arrive. Elle met dans un coin son matériel et m’examine : « Entre 4 et 5, c’est pas mal… », dit-elle. Très rapidement, les contractions se rapprochent, se font plus intenses. Je marche entre deux. Elle me conseille de m’appuyer en me penchant en avant lors des contractions… Le bébé a son dos contre mon dos, c’est pour ça que les contractions finissent par le dos. À mon changement de comportement, elle voit tout de suite que le bébé s’engage dans le bassin… Je confirme, parce que là, les sensations changent vraiment ! Elle me masse le dos avec des huiles essentielles, Pierre m’aide à supporter les contractions quand je suis penchée en avant. Vers 14 h 30, je trouve enfin ma position. Je commence à avoir du mal à rester sur mes jambes, alors je pars m’appuyer sur le canapé. À genoux. Ça me permet de garder la position penchée en avant. En fait, je ne la quitte plus cette position…

13 heures : je perds les eaux

Là, très clairement, j’entre dans une nouvelle phase. J’ai l’impression que c’est très long, alors qu’en fait, tout va aller très vite. C’est seulement à partir de ce moment que Catherine sera très présente. Jusque-là, elle restait vraiment discrète. Autour de moi, tout se met en place : un espace pour après la naissance, une bassine d’eau chaude (pour le périnée… Du bonheur !)… Bon, j’avoue, je n’ai pas tout suivi, hein ! Pierre me tient la main, mais en fait, j’ai besoin de me concentrer sur moi. Je me referme un peu. Catherine m’encourage, m’explique que je dois accompagner mon bébé, ne pas le retenir. C’est très dur à faire… Accepter de le laisser descendre, étape par étape. Ça fait mal ! J’ai parfois envie de pleurer, à d’autres moments de hurler. Je me surprends à râler (au sens propre du terme, pas à faire preuve de mauvais caractères…) à chaque contraction, en essayant de l’accompagner. Je fais confiance à Catherine et pousse, comme elle me le conseille (« ça soulage de pousser… »). Quand elle me dit : « vas-y, c’est la tête », je crois que la tête commence à se voir. J’ai les jambes qui tremblent, je ne sais plus comment me tenir. À ce moment-là, je ne contrôle plus grand-chose… « Si tu peux te lâcher, mets ta main, tu vas la sentir ! » Je ne peux pas, j’ai l’impression que je vais tomber si je lâche le canapé ! Une contraction… Une longue contraction qui brûle, mais qui m’oblige à laisser sortir la tête (à la pousser…), et les épaules… Physiquement, un grand soulagement : le corps est sorti. Et je l’entends crier… Mais alors tout de suite !

13 h 30 : Mélissa est là !

Il est 13 h 30… J’attrape mon bébé. Je ne sais même pas comment bien la prendre. Pierre est debout « C’est Mélissa ! ». Mon bébé va bien. Je l’ai dans les bras… Les heures qui suivent. On ne lave pas Mélissa. On l’essuie. Je m’installe sur le canapé, aidée par Pierre et Catherine. Je l’ai tout contre moi, je lui fais des bisous, la caresse. Quand le cordon cesse de battre, Pierre le coupe. Je mets ma fille au sein vers 14 heures…

Vous avez envie d’en parler entre parents ? De donner votre avis, d’apporter votre témoignage ? On se retrouve sur https://forum.parents.fr.

Oui
il y a 1 mois
Il me traumatise, même. Beaucoup de gens ne veulent pas le reconnaître, et pourtant c'est un devoir de le dire. Parce que depuis des décennies, l'é...
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Lire 5 arguments Oui
Photo de profil de Clemence T
37 points
Non
il y a 2 mois
Non cela ne me choque pas. Il faut arrêter de jouer les "précieuses ridicules"! C est une expression TRÈS maladroite mais qui exprime très bien son id...
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