Un accouchement à domicile, comment ça se passe ?

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Accoucher chez soi, en tout intimité, avec sa sage-femme et bien sûr son conjoint ou conjointe. C'est tout. Cette idée séduit de nombreuses futures mamans. En France, 36 % des femmes souhaitent accoucher à domicile, selon un récent sondage de l'Ifop. L'accouchement à domicile reste toutefois rare puisqu'il représente 0,2 % des naissances. 

D'ailleurs, selon le code civil de 1804, chaque femme a le droit d'accoucher où et comme elle l'entend. Et encore actuellement, aucun texte de loi ne prohibe l'accouchement à domicile (AAD). C'est donc autorisé. Une femme peut accoucher chez elle par « accident », mais aussi par choix, en étant accompagnée par une sage-femme (« accouchement assisté à domicile ») ou non (« accouchement non assisté »).

L'accouchement à domicile en pratique

Les futurs parents doivent être tous les deux motivés tout en ayant conscience que l'on sera peut-être, à un moment ou un autre, obligé d'aller accoucher dans une maternité en cas de complication. 

Première chose : trouver près de chez soi LA sage-femme libérale ou LE médecin qui pratique des accouchements à domicile, et qui a contracté les assurances nécessaires. Dans certaines régions, cela peut relever de l'exploit. En effet, si vous souhaitez ce type d'accouchement, il faudra vous armer de patience (et d'optimisme) puisque seules 100 sages-femmes sont spécialisées en accouchement à domicile (AAD) sur les 23 500 sages-femmes en activité. De nombreuses régions ne sont donc pas couvertes ou très peu. On compte environ 1000 refus chaque année. 

Stratégie la plus efficace : le bouche-à-oreille... On peut aussi contacter une sage-femme libérale. Elle vous orientera peut-être vers l'une de ses consœurs qui pratiquent des accouchements à domicile. Sinon, rendez-vous sur le site de l'apaad où toutes les sages-femmes sont référencées. Dans tous les cas, votre domicile doit se situer à distance raisonnable en voiture d'une structure hospitalière (en moyenne 30 minutes). 

Pour mener à bien ce projet et que cette naissance se déroule dans les meilleures conditions, la sage-femme choisie doit inspirer une totale confiance, c'est indispensable. Avec elle, vous aller discuter et créer votre projet d'accouchement : vos attentes, les raisons pour lesquelles vous souhaitez accoucher à la maison, la connaissance des responsabilités liées. La sage-femme doit quant à elle vous informer des risques, de la procédure à suivre, vous accompagner de son mieux et assurer un suivi médical adapté. 

Le suivi médical pour un accouchement à domicile

Dès le premier entretien, la sage-femme énonce normalement aux futurs parents toutes les circonstances qui rendront impossible l'accouchement à domicile. Il faut en effet y renoncer en cas de grossesse gémellaire, de présentation par le siège, de menace d'accouchement prématuré, d'antécédents de césarienne, d'hypertension ou de diabète de la maman. Dans ce cas, la femme et son bébé ont besoin d'une surveillance médicale plus intensive et de soins particuliers qui doivent être faits à l'hôpital.

La sage-femme surveillera ainsi tout au long de la grossesse la bonne santé de la maman. Il faut que sa grossesse reste physiologique (comme dans 80 % des grossesses en France) et toute complication / pathologie doit être signalée à la maternité la plus proche, qui, si besoin, reprendra votre dossier. 

Comme à la maternité, la future maman a le droit à une consultation mensuelle, d'une heure environ, et à trois échographies au moins. Elle est également soumise aux examens de dépistage obligatoires : toxoplasmose, rubéole, groupe sanguin, marqueurs sériques... Quant à la préparation à la naissance, on peut choisir de la faire avec une autre sage-femme si on le souhaite.

Le jour de l'accouchement à domicile

On prépare tout à la maison. À son arrivée, la sage-femme aura besoin d'une alèse plastifiée, de serviettes éponge et d'une bassine. Pour le reste, on ne se préoccupe de rien. Dès notre appel, elle nous rejoindra avec son propre matériel : monitoring pour écouter le rythme cardiaque du bébé, produits de perfusion, instruments de réanimation, etc. En revanche, la péridurale est bien sûr impossible ! 

On est chez nous, alors on peut choisir la pièce et la position dans laquelle on souhaite accoucher. Le conjoint est bien évidemment au côté de la maman et peut l'aider via un soutien moral, des massages ou simplement sa présence. La sage-femme est à nos côtés pour nous soutenir, nous conseiller et nous accompagner, tout en veillant au bon déroulement de l'accouchement. Elle peut aussi, en cas de complication (hémorragie, césarienne...), demander notre transfert dans une maternité. De notre côté, on peut changer d'avis jusqu'à la dernière minute. 

Pour que l'accouchement puisse se dérouler dans la continuité même en cas de complications, et garantir notre santé et celle de notre enfant, la sage-femme a généralement un accord avec une maternité située à proximité. Il est important que le projet soit connu par cette dernière pour que l'on puisse être accueillie dans les meilleures conditions au cas où l'accouchement ne pourrait finalement pas se faire à domicile. 

Comment faire si bébé arrive sans prévenir ? 

Qu'on ait choisi ou non d'accoucher à domicile, il peut arriver que bébé décide de naître rapidement et sans prévenir, sans qu'on l'ait voulu. À l'inverse d'un accouchement à domicile assisté par une sage-femme, la future maman peut alors vivre un accouchement non assisté (ANA)

Même si ces accouchements restent exceptionnels, il peut arriver que certaines femmes accouchent seules chez elles ou dans leur voiture, en chemin pour la maternité. Si ça arrive, pas de panique : appelez les secours qui sauront vous guider et intervenir aussi vite que possible. Techniquement, même si ce n'est pas toujours confortable, toutes les femmes ont la possibilité d'accoucher de façon physiologique seule et les complications sont rares. 

Les jours suivant l'accouchement

Ce n'est pas parce que l'on est chez soi que l'on va aussitôt reprendre nos activités. Notre corps doit se remettre de ce grand évènement et prendre le temps de se reconstruire. 

Notre conjoint doit anticiper et prévoir d'être à la maison pendant au moins une semaine pour prendre en charge la quasi-totalité des tâches domestiques. L'occasion de se reposer et de profiter de ces nouveaux moments à trois, souvent chargés d'émotions. 

La sage-femme nous a laissé son numéro de téléphone, on peut l'appeler en cas de problème. Elle va aussi venir nous rendre visite tous les jours pendant 3 ou 4 jours, puis tous les deux ou trois jours ensuite, pour s'assurer que tout va bien, pour bébé comme pour vous. 

Un accouchement à domicile : combien ça coûte ? 

Un accouchement à domicile coûte un peu plus cher que d'accoucher dans une maternité publique, mais moins que dans le privé. Certaines sages-femmes adaptent leurs tarifs aux revenus du couple.

En général, on compte entre 750 et 1200 euros l'accouchement, dont 313 euros sont pris en charge par la Sécurité sociale. Renseignez-vous auprès de votre mutuelle, qui couvre certainement le dépassement d'honoraires.