Dispute de couple : comment se réconcilier ?

Avec Catherine Marchi, psychologue et coach.

Quels sont les besoins de chacun au quotidien ? Suis-je encore sur la même longueur d’onde que ma moitié ? Autant de questions qu’il faut se poser lorsque l’on se dispute régulièrement avec son conjoint ou sa conjointe. La psychologue et coach Catherine Marchi nous conseille sur la meilleure façon de renouer après une dispute de couple, pour se réconcilier sans cacher pour autant les problèmes sous le tapis !

Les disputes conjugales, c’est une réalité. Il nous arrive à tous de péter les plombs. L’harmonie à 100 %, l’amour idéal et sans nuage, tout ça, c’est de l’utopie. Penser qu’en ne disant rien, ça s’arrangera tout seul, est un leurre : au lieu d’arranger les choses, plonger la tête dans le sable telle une autruche vexée ne fait qu’envenimer le climat.

Avec le temps, les motifs de discorde continuent de faire leur petit travail de sape en profondeur et réapparaissent encore plus virulents à la moindre étincelle. Les rancœurs s’accumulent, le ressentiment infiltre la relation amoureuse et pollue les moments de bonheur. Pour éviter ça, on s’exprime ! Chacun a le droit de dire clairement et simplement ce qui l’énerve. Si on a du mal à s’imposer, on instaure le système de temps de parole alterné : dix minutes chacun, montre en main, sans oublier un droit de réponse obligatoire !

Attention aux fausses réconciliations qui évitent le problème au lieu de l’affronter. C’est comme un pansement posé sur une plaie non nettoyée. Dessous, ça s’infecte et ça s’étend… Il ne faut pas rêver : parfois, la réconciliation est impossible et mieux vaut en prendre conscience tout de suite plutôt que de s’en apercevoir six mois plus tard. Il ne suffit pas d’un week-end en amoureux à Venise pour se retrouver d’un coup de baguette magique. Parfois le tête-à-tête resserre les liens, parfois il accuse encore la distance. Si l’un accepte tout par peur de perdre l’autre, si l’autre s’incline sans conviction, le clash final est à craindre. Si on veut vraiment régler un problème et retrouver une bonne entente, il faut le vouloir vraiment !

Éclater en sanglots pour attendrir l’adversaire et obtenir une réconciliation en jouant sur les sentiments n’est pas une bonne solution. Sur le moment, l’autre est désarçonné, ému, voire apitoyé par les larmes. Mais passée la première émotion, il peut se mettre à mépriser ce genre de technique. Autre mauvaise tactique, le chantage du type « Si tu arrêtes de passer tes week-ends à bosser, je promets de me mettre au tennis avec toi. » Au mieux, le ou la work-addict s’y tiendra pendant un mois, puis tout recommencera. Au pire, il se fera sermonner par son boss pour ce changement de rythme et vous fera la tête parce que c’est de votre faute… Quant à la fameuse réconciliation sur l’oreiller, mieux vaut l’oublier. Lesrelations sexuelles sur fond de ressentiment n’ont jamais épanoui personne !

Qui a tort, qui a raison ? Quelle est ma part de responsabilité dans ce conflit ? Où est véritablement le problème ? Ce sont les bonnes questions à se poser après une dispute. Pour bien se réconcilier, il faut d’abord comprendre le nœud du conflit, prendre le temps de fouiller, de gratter là où ça fait mal, de faire sortir ce qu’on refuse de s’avouer. Rien de tel qu’un bilan à froid pour amorcer une réconciliation efficace. Avant de passer à l’offensive, on peut coucher ses torts, ses griefs et ses justifications par écrit, c’est un excellent moyen d’introspection.

Une paix équitable et durable implique d’ouvrir ses perspectives, de se mettre à la place de l’autre et de respecter sa personnalité. Si on souhaite qu’une réconciliation porte ses fruits, mieux vaut jouer la franchise. Nos mots ont dépassé notre pensée ? On peut le dire honnêtement : cela permet de faire redescendre la pression.

On se rend compte que nos demandes ne sont jamais suivies d’effets ? Le plus efficace est sans doute d’en changer ou de les adapter à l’être humain qu’on a en face de nous. Inutile de nous gâcher la vie, on n’obligera jamais une personne peu soigneuse à étendre sa serviette de bain mouillée au lieu de la laisser en boule dans la salle de bains… Mais cela ne signifie pas qu’on doit passer en permanence derrière, réaliser toutes les tâches ménagères et porter la charge mentale de l’ensemble de notre couple ! Savoir lâcher prise sur l’accessoire, mais tenir sur l’essentiel, telle est la voie de la sagesse !

Faire le premier pas n’a jamais tué personne. Et pourtant, qui sait combien de réconciliations ont avorté à cause d’un orgueil mal placé ! Pour signer l’armistice, on met son ego dans sa poche et on fait le premier pas. Pourquoi nous ? Tout simplement parce que celui qui hisse le drapeau blanc prend souvent l’avantage sur le boudeur rancunier. Si l’un tente de profiter de la situation pour prendre le pouvoir et faire plier l’autre, la paix de la réconciliation se transforme en reddition. On ne cède donc pas sous la menace, l’intimidation ou la violence.

Pour se réconcilier en toute bienveillance, on s’entraîne à formuler ce qu’on a sur le cœur en évitant le « tu » accusateur. Pour convaincre, on parle de préférence de notre ressenti. Par exemple : « Je suis malheureuse », plutôt que « Tu es un égoïste, tu ne penses qu’à toi ! » Trouver un compromis acceptable pour les deux parties, voilà le secret d’une réconciliation réussie ! On étudie ensemble toutes les solutions possibles et on choisit celle qui ne lèse ni l’un ni l’autre.

Une fois qu’on a enterré la hache de guerre, on se sent soulagé et heureux d’avoir sauvé son amour. Mais le traité de paix signé, les ex-ennemis doivent changer d’attitude et s’engager à respecter l’autre s’ils souhaitent éviter les récidives et les nouvelles brouilles. Si chacun tire les conséquences positives et repart sur de nouvelles bases, c’est gagné. En revanche, si les méga-crises se succèdent, peut-être est-il préférable de suivre une thérapie de couple et de consulter des psychologues spécialisés.

Surtout, si ces disputes comportent une emprise et une violence psychologiques et/ou de la violence physique, vous pouvez échanger avec les organismes suivants, professionnels :

• Le numéro 3919, service spécialisé dans les violences faites aux femmes ;
• L’association du réseau France Victimes, via le numéro 116 006 ;
• Les centres d’information sur les droits des femmes et des familles ;
• Le site Parcours-Victime, qui vous guide à chaque étape.

Chacun saura vous orienter et vous conseiller au mieux selon votre situation.