Conception : comment naît une envie de bébé

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le par Romy Ducoulombier

Pourquoi certaines femmes désirent-elles un enfant plus que tout ? Pourquoi d’autres tombent enceinte sans le vouloir ? Pourquoi enfin parfois, une infertilité inexpliquée anéantit tout projet de maternité ? Le désir d’enfant est un sentiment complexe.

D'où vient le désir d'enfant ?

L’élan du désir d’enfant s’enracine -en partie- dans l’enfance, par mimétisme et à travers les jeux de poupées. Très tôt, la fillette s’identifie à sa mère ou plutôt à la fonction de mère qui passe par la chaleur, la tendresse et le dévouement. Vers 3 ans, les choses changent. La fillette se rapproche de son père, elle désire alors prendre la place de sa mère et avoir comme elle un enfant de son père : c’est l’œdipe. Bien sûr, le petit garçon vit lui aussi tous ces chamboulements psychiques. Le désir d’enfant s’exprime moins chez lui par les poupées, les bébés, que par les voitures de pompiers, les avions… Des objets qu’il associe inconsciemment à la puissance paternelle. Il veut devenir un père comme son père, être son égal et le détrôner en séduisant sa mère. Le désir d’enfant s’endort ensuite pour mieux se réveiller à la puberté, moment où la fille devient féconde. Dès lors, « le changement physiologique va s’accompagner d’une maturation psychique qui, progressivement, va l’amener à la rencontre amoureuse et au désir d’enfanter », explique Myriam Szejer, pédopsychiatre, psychanalyste, à la maternité de l’hôpital Foch, à Suresnes.

Envie de bébé : un désir ambivalent

Pourquoi chez certaines femmes le désir d’enfant s’exprime très tôt alors que d’autres repoussent, refoulent l’idée même de la maternité pendant de longues années, puis se décident juste avant que ce ne soit plus possible ? On pourrait penser qu’envisager une grossesse est une démarche consciente et claire qui commence par l’arrêt délibéré de la contraception. C’est pourtant beaucoup plus complexe. Le désir d’enfant est un sentiment ambivalent lié à l’histoire de chacun, au passé familial, à l’enfant qu’on a été, au lien à la mère, au contexte professionnel. On peut avoir l’impression de désirer un enfant, mais on ne le fait pas car un autre sentiment prend le pas : « Je veux et je ne veux pas à la fois ». Le contexte dans le couple est décisif car le choix de fonder une famille se prend à deux. Pour qu’un enfant naisse, « il faut que le désir de la femme et celui de son compagnon se rencontre au même moment et cette confrontation n’est pas toujours évidente », souligne Myriam Szejer. Il faut également que sur le plan physiologique tout fonctionne.

Ne pas confondre désir de grossesse et désir d’enfant

Certaines femmes, parfois très jeunes, manifestent une envie irrépressible d’enfant. Elles ont envie d’être enceinte sans pour autant désirer un enfant, ou bien elles veulent un enfant pour elle-même, pour colmater une brèche. La conception d’un enfant, lorsqu’elle ne s’articule pas avec le désir de l’autre, peut être une manière de satisfaire un désir purement narcissique. « Ces femmes pensent qu’elles ne seront valables que lorsqu’elles seront mères », explique la psychanalyste. « Le statut social passe par le statut maternel pour des raisons qui sont inscrites dans l’histoire de chacune. » Ce qui ne les empêchera pas d’être de très bonnes mères. Les problèmes de fertilité peuvent également conduire à un besoin obsédant d’enfant. Bien des femmes se désespèrent de ne pas être enceinte alors qu’elles enchaînent les traitements médicaux. Des blocages psychiques qui prennent souvent racine dans la relation mère-fille peuvent expliquer ces échecs répétés. On veut un enfant plus que tout, mais paradoxalement une part inconsciente de nous ne le désire pas, le corps refuse alors la conception. Pour essayer de lever ces verrous inconscients, un travail psychanalytique est souvent nécessaire.

Ce qui fait naître le désir d'enfant

Le désir d'enfant s'inscrit également dans un contexte social. Autour de la trentaine, de nombreuses femmes tombent enceinte et déclenchent le même élan dans leur entourage. À cet âge clé, la plupart des futures mamans ont déjà bien amorcé leur carrière professionnelle et le contexte financier se prête davantage à rêver à un projet de naissance. Avec les années, la question de la maternité devient plus pressante et l'horloge biologique fait entendre sa petite voix quand on sait que la fertilité est la meilleure entre 20 et 35 ans. Le désir d'enfant peut également être motivé par l'envie de donner un petit frère ou une petite soeur à un premier enfant ou bien de créer une famille nombreuse.

Quand renoncer au dernier enfant

Le désir de maternité est intimement lié à l’instinct de reproduction. Comme tout mammifère, nous sommes programmés pour nous reproduire tant que c’est possible. L’enfant naît quand l’instinct reproducteur coïncide avec le désir d’enfant. Pour Myriam Szejer, « une femme est toujours en manque d’enfant. Cela explique pourquoi quand le cadet commence à grandir et qu’elle sent qu’il lui échappe, un nouveau bébé est mis en route », souligne-t-elle. Quelque part, « la décision de ne plus enfanter est vécue comme un renoncement à l’enfant d’après. » Bon nombre de femmes contraintes de subir un IVG à la demande de leur mari vivent très mal cette situation car, au fond d’elles, quelque chose a été profondément violenté. La ménopause, qui représente la fin de la fertilité, est parfois aussi vécue très douloureusement car les femmes sont obligées de renoncer définitivement à l’enfant. Elles perdent le pouvoir de décider.

Pas de désir d'enfant : pourquoi ?

Il arrive bien évidemment que certaines femmes n'éprouvent aucun désir d'enfant. Cela peut être du à des blessures familiales, à l'absence d'une vie de couple épanouissante ou bien un à désir délibéré et totalement assumé. Dans une société qui glorifie la maternité, ce choix peut être parfois dur à assumer psychologiquement. Pourtant, l'absence de désir d'enfant n'empêchera nullement une femme de vivre pleinement sa féminité et de s'engager dans d'autres voies en toute liberté.