Grossesse : le rôle essentiel de l’acide folique

Publié par Anne-Laure Vaineau  |  Mis à jour le par Barbara Benattasse

Aujourd’hui, lorsqu’une femme annonce à son médecin ou à son gynécologue son souhait d’être enceinte, une supplémentation en acide folique (ou vitamine B9) lui est très fréquemment prescrite. Son rôle est capital dans le développement du bébé à venir. On fait le point.

Lorsque l’on a un projet de bébé, le premier réflexe serait de prendre de l’acide folique (vitamine B9), avant même d’arrêter son contraceptif, pour préparer doucement le corps à un début de grossesse.

Désir d’enfant et fertilité : le rôle crucial de l’acide folique avant la grossesse. Pourquoi le prendre ?

Les folates, acide folique ou encore vitamine B9, sont autant de termes qui désignent la même chose : une vitamine ! Elle tire son nom du latin « folium », qui signifie feuille, du fait de sa présence en grande quantité dans la plupart des légumes verts à feuilles (épinards, mâche, cresson…). Si ses bienfaits au moment de la grossesse sont aujourd’hui établis, il semble qu’elle ait aussi des effets protecteurs contre la maladie d’Alzheimer, les maladies cardiovasculaires et même certains cancers.

Le rôle et les bienfaits de l’acide folique pendant la grossesse. À quoi sert-il ?

Les folates jouent un rôle capital chez la femme enceinte durant le premier trimestre de la grossesse. Ils permettent en effet la construction harmonieuse du système nerveux du bébé et de son bon fonctionnement en agissant sur la fermeture du tube neural, un canal embryonnaire à l’origine du système nerveux central. L’anencéphalie et le spina bifida sont les deux principales malformations congénitales qui peuvent survenir si cette étape se passe mal. Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), la prise d’acide folique n’est pas efficace à 100 %, mais réduit le risque de défaut de fermeture du tube neural dans près de deux tiers des cas.

Elle jouerait également un rôle important dans la production du matériel génétique (ADN et ARN) et dans la formation des globules rouges du futur bébé.

Les conséquences d’une carence en vitamine B9

Une carence en vitamine B9 peut aussi avoir d’autres conséquences, comme un risque de fausse couche, d’anémie ou de troubles digestifs pour la maman et de prématurité ou de retard de croissance pour le bébé. D’autres travaux ont établi un lien entre une carence en folates et la détection d’anomalies cardiaques, de fentes labio-palatines (autrefois appelées « bec-de-lièvre ») ou encore de malformations de l’urètre.

Quand prendre de l’acide folique quand on est enceinte ?

Près de la moitié des femmes en âge d’avoir un bébé ne consomment pas assez de vitamine B9. Alors que le rôle des folates est essentiel durant le premier mois de la grossesse, de nombreuses femmes ne savent pas encore qu’elles sont enceintes à ce stade. Or ne débuter l’acide folique qu’une fois la grossesse confirmée est trop tardif pour avoir les effets attendus. C’est pourquoi celui-ci est en général prescrit deux mois avant une grossesse planifiée, c’est-à-dire avant l’arrêt du contraceptif, et au moins jusqu’à la fin du premier mois de grossesse. Elle doit être consommée à hauteur de 0,4 mg d’acide folique par jour.

Toutes les grossesses n’étant pas planifiées, certains spécialistes conseillent à toutes les femmes en âge de procréer de surveiller leur consommation de folates.

L’étude Esteban, menée en 2014-2016, faisait état d’un risque de déficit en folates (taux < 3 ng/ml) de 13,4 % chez les femmes âgées de 18 à 49 ans et en âge de procréer. En revanche, chez les filles de 15 à 17 ans, il était de seulement 0,6 %. Notons que ces taux de folates ont été obtenus chez 532 femmes en âge de procréer non ménopausées et 68 adolescentes.

Jusqu’à quand prendre de l’acide folique durant la grossesse ?

La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande d’avoir une supplémentation en acide folique jusqu’à la 10e semaine de grossesse (12 semaines d’aménorrhée).

Vitamine B9 : une supplémentation plus forte chez certaines femmes

Certaines femmes ont plus de risque de manquer de vitamine B9 que d’autres. C’est avant tout le cas de celles pour qui une anomalie du tube neural (ATN) a déjà été diagnostiquée lors d’une précédente grossesse. Les femmes malnutries ou dont l’alimentation est déséquilibrée sont aussi concernées, ainsi que les femmes en surpoids ou encore celles qui prennent un traitement contre l’épilepsie ou le diabète. Ces dernières nécessitent une surveillance accrue et parfois une supplémentation plus forte en acide folique.

Acide folique naturel : les aliments qui en contiennent

C’est par l’alimentation que se fait l’essentiel de nos réserves en acide folique. Mais celle-ci ne suffit malheureusement pas à en fournir une quantité suffisante pour répondre aux besoins liés à la grossesse. Une supplémentation sous la forme de comprimés est donc indispensable. Néanmoins, celle-ci n’empêche pas d’ajouter à ses menus des aliments riches en acide folique, bien au contraire. Misez d’abord sur les légumes verts (épinards, salades, petits pois, haricots verts, avocats, choux de Bruxelles…), mais aussi sur les graines (pois chiches, lentilles…) et certains fruits (fruits de couleur orange, melon, banane, kiwi…).

Elle est également contenue dans la levure alimentaire ou encore le jaune d’œuf (qui devra impérativement être mangé bien cuit durant la grossesse afin d’éviter d’attraper une infection comme la salmonellose ou la listériose).

Il faudra cependant limiter, voire stopper, la consommation de foies ou d’abats, très riches en folates, mais déconseillés, par mesure de précaution, aux femmes enceintes ou désireuses d’avoir un bébé.

Sachez que la vitamine B9 est sensible à l’air et à la chaleur. Afin de ne pas la laisser s’échapper des aliments, misez sur des cuissons courtes ou consommez-les crus (à condition qu’ils soient bien lavés).

L’acide folique est-il remboursé par la sécurité sociale ?

La Sécurité Sociale rembourse l’acide folique à 65 %. Le reste sera pris en charge par la mutuelle santé.

En vidéo : supplémentation